Bielle 2003

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Bielle2003Bielle & Charmante

Enfin une note sur un rhum de chez Bielle… Il était plus que temps au vu de la qualité constante de cette distillerie. Même si nous avons déjà parlé des rhums ‘Libération’ et de la distillerie RhumRhum (association de Velier, Capovilla et Bielle), qui est localisée à même les locaux de Bielle. Voyage à Marie-Galante en compagnie d’un rhum millésimé, et brut de fût s’il vous plait…

 

prix : de 65 à 90€ pour donner une fourchette de prix assez large, 70cl et un degré naturel de 53,1° pour la bouteille dégustée. Il est à noter que le degré peut sensiblement varier selon le lot d’embouteillage.

âge : 8 ans, distillé en 2003 et mis à vieillir en fût de chêne pour être embouteillé en 2011 au degré naturel et sans filtration, un rhum authentique donc.

 

Voici une distillerie qui malgré un passé lointain qui remonte au XVIIIe siècle n’a commencé à faire du rhum qu’à partir des années 1900 (début XXe). Sa production sera ensuite stoppée au sortir de la seconde guerre mondiale, et jusqu’à ce que Dominique Thierry, propriétaire actuelle de la distillerie, ne décide de ressusciter les lieux pour produire à nouveau du rhum dans les années 70. Nous reviendrons sur de plus vieux millésimes une prochaine fois mais place à ce rhum de 2003.

 

Le nez est gourmand et gonflé d’exotisme, de canne à sucre, de fruits confits, d’ananas et de banane avec une douceur assumée qui rappelle un bouquet ampli d’une odeur séduisante et pénétrante. Réminiscence de pain d’épices pour une gourmandise qui se fait maintenant plus chaleureuse. Très belle maîtrise, et une justesse impressionnante digne des plus grands rhums.

Le genre de rhum qui vous fait oublier toutes les déceptions du monde, comme porteur d’espoir et d’amour. Et quelle richesse… de l’orange, de la réglisse, de l’anis, un coté fumé aussi. Et que j’adore ce nez qui se caramélise, qui se cristallise avec l’aération : c’est toujours aussi gourmand, séduisant, les fruits exotiques se font rôtis, les épices légérement grillées, et un poivre tout juste torréfié.

Et toute cette volupté, maintenant transcendée par la vanille, et saisie par la fraicheur d’un zeste de citron vert jalousement réchauffé dans le creux d’une main humide. Un nez à faire fondre les neiges éternelles des plus hauts sommets. Plus qu’un rhum, un poème.

Le genre d’expérience déjà vécue et qui souvent se concrétise par une bouche assez puissante et poivrée. Ici les plus de 50° passent merveilleusement bien, à la limite de l’indécence tant l’alcool est bien intégré, tout en légèreté pour mieux piquer au vif ?

L’attaque est huileuse, riche et tellement concentrée : de la réglisse inonde la bouche, des agrumes, de l’orange en tête et les épices qui reviennent, évoquant un pain d’épices aux oranges, les nonnettes de notre enfance ; puis du gingembre, du poivre et cette canne à sucre, partie intégrante de la bouche mature et gonflée, opulente. Comme pour le nez, nous avons ici le droit à une justesse aromatique exemplaire et une concentration exquise sublimée par le degré naturel du rhum.

La sortie de ce rhum se fait tout en longueur, toujours sur cette réglisse, les agrumes et la canne à sucre. Sans fausse note apparente avec un beau retour des épices et plus particulièrement sur une note légèrement poivrée et chaude. C’est simple on a qu’une seule envie, se resservir et poursuivre la dégustation pour lui trouver un défaut.

 

Voilà le genre de rhum qui devrait donner des idées aux autres distilleries et leur servir d’exemple, les faire réfléchir sur le brut de fût et tout ce que le rhum a à y gagner. Alors oui, il faut un produit d’une qualité irréprochable et miser sur une mise en bouteille moindre au niveau des quantités, mais un peu d’audace serait la bienvenue. Mettre ses rhums à nu est sûrement une tâche délicate pour beaucoup…

Telle une madeleine de Proust, ce rhum évoque une partie de l’enfance de chacun. De la simplicité à l’état le plus pur et le plus noble, réalisé avec une justesse impressionnante. Bravo Bielle et merci pour cette excellence si souvent au rendez-vous. Et un rapport qualité/prix excellent, que dire de plus ? Note : 87.5

 

pour vous (et m’y) retrouver, concernant les notes:
90 et + : rhum exceptionnel et unique, c’est le must du must
entre 85 et 89 : rhum très recommandé, avec ce petit quelque chose qui fait la différence
entre 80 et 84 : rhum recommandable
75-79 POINTS : au-dessus de la moyenne
70-74 POINTS : dans la moyenne basse
moins de 70 : pas très bon

 

Comments
11 Responses to “Bielle 2003”
  1. Merci une fois de plus pour cette très belle dégustation 🙂

    Voilà un rhum que j’aime également beaucoup, j’ai fini ma bouteille il y quelques temps et en ai racheté une depuis (toujours fermée). Et bien je dois dire qu’à la lecture de ton article, j’ai presque eu l’impression de le déguster moi-même, tant tes observations sont justes, précises et bien formulées !

    0
  2. Cyril dit :

    Ben mince !! Je m’étais mis, il y a quelques mois, dans ma liste d’achat (Père Noël, si tu lis ce blog…) pile-poil cette cuvée !! Mais j’avais prévu, avant, le Karukéra DM (Père Noël….ouhou….). Mais à la lecture de ce test, maintenant, j’hésite !!!! Tu privilégierais lequel si tu ne pouvais en prendre qu’un ??? C’est malin de m’avoir mis le doute !! 😉
    Merci cyril 😉
    @+

    0
  3. Cyril dit :

    Le Bielle est de côté chez A’rhum 😉 C’était leur dernière bouteille…Passerai récupérer ça à Noël 🙂

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  4. J’apprécie aussi beaucoup ce Bielle 2003.
    J’ai toujours crû que c’était un 6 ans d’âge seulement et non 8…
    C’est du moins ce qui est inscrit… Sur mon ticket de caisse…
    C’est une version également à 53,1 mais attention cyril,
    quand tu dis que le degré dépend du fût… A ma connaissance
    ce sont des lots, qui certes ont l’air de ne pas être très important puisqu’apparemment le degré varie effectivement souvent, m’a dit mon caviste…
    Quant à la fourchette de prix de cette bouteille, c’est assez désappointant
    de trouver cette quille à 59,00 € chez un caviste à Paris… 2 ou 3 mois après
    l’avoir payée 88 € et des brouettes chez son spécialiste où elle est toujours
    à ce prix… Un peu agaçant même…
    Bon, comme ce n’est pas le même degré, pas le même batch,
    c’est une raison de plus d’en acheter une seconde pour comparer
    et pour faire une bonne moyenne à 73,50 € la bouteille… 🙂

    A+ !

    4
    • cyril dit :

      Salut L’Affreux
      pour l’âge c’est l’info qui vient de Bielle selon l’année et le degré, et il s’agirait bien d’un 8 ans (cf le fichier pdf que je viens de t’envoyer par mail). Et oui ce sont bien des batch, je viens de changer l’info pour que ce soit plus précis et compréhensible, merci.

      pour ce qui est du prix… :'(

      0
  5. Maël dit :

    Bonjour,

    Merci pour ces notes de dégustation. Je me permets de vous demander si vous avez dégusté et si c’est le cas quel est votre ressenti pour le Bielle 2007 (qui remplace le 2003 si j’ai bien compris).

    Merci d’avance.

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    • cyril dit :

      Bonsoir Maël
      merci pour la lecture.
      Je n’ai pas encore gouté le 2007 mais ça ne saurait tarder ; ça viendra surement au même moment qu’un entretien avec Bielle.

      0
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