Caroni 1982

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Qui va sano va piano…

Pas de Caroni 10 Days mais une session douce et progressive des Caronis de chez Velier, avec pour idée de prendre les millésimes dans l’ordre, du plus ancien au plus récent. Nous nous attaquerons donc ici aux 1982 (qui sont tout de même au nombre de 5) pour ouvrir cette nouvelle année, que nous vous souhaitons belle et vigoureuse.

 

 

 

 

Caroni 1982-2005 / 59,2°

un Caroni High Proof light issu d’un stock de 8 fûts ( 1 227 bouteilles).



Superbe robe acajou tirant sur le cuivré, très brillante, reluisante avec un disque huileux en surface ; jambes épaisses et gourmandes sont au rendez-vous de ce premier Caroni de la session.
Au nez, goudronné et épicé, mais aussi confituré (pruneaux) avec une grosse part sur la mélasse ; un Caroni noir de chez noir sur un profil goudron réglissé mêlé à de chaudes épices (girofle, muscade) ; souvenirs de tarte aux noix et chocolat avec le repos, ainsi que du bois. Avec encore plus de repos un beau et gourmand  caramel mou (bonbon).

En bouche, l’attaque est vive et puissante, collante, sur le bitume, la mélasse et la réglisse, les épices et du fruit confit (noir, pruneau) ; ça chauffe et ça réchauffe, dans un bel équilibre et sans concession ; ça glisse et ça colle, avec un côté gourmand assumé (et sucré). La fin de bouche est moyennement longue, sèche sur des notes de chêne et d’épices (muscade, girofle), de réglisse et de café. Grosse et longue persistance sur la réglisse.

Ne vous méprenez pas sur le terme ‘light’, ce Caroni fait parler la poudre et les épices sur un profil sombre et puissant, mais son profil gras et gourmand (et sucré/mélassé) le fait passer très facilement. Des petits airs de Albion. Note: 87

 

 

 


 

Caroni 1982-2005 / 62°

Un Caroni High Proof Heavy cette fois, toujours issu d’un stock de 8 fûts pour 1 360 bouteilles produite. Fini le rhum léger de chez Caroni (doux euphémisme), voici le ‘lourd’ de la bande.

 

On baisse en intensité avec la robe, plus légère, sur un ambré sombre et magnifiquement huileux.
Au nez c’est nettement plus fruité et moins sombre que le light… Exit le profil noir et réglissé, bienvenue à l’exotisme (banane, mangue, coco) ; c’est gourmand et pâtissier à souhait (vanille, beurre, caramel), sec (chêne) et cuivré. Exotique et franc? De l’amande et de la vanille se pointent, un peu plus de coco (séché) et avec elles l’idée d’un light plutôt qu’un heavy. En tout cas au nez. Avec le repos: du chocolat.

En bouche c’est une toute autre histoire, et le mot heavy revient en lettres majuscules ; gras et puissant, le rhum assomme le palais de notes pétrolifères fruitées (goudron m’entends-tu, que veux tu, où vas tu), d’épices chaudes comme la braise, d’olive et sûrement d’un tas d’autres petites choses salées et marines, et une très belle fraicheur mentholée. On sent passer les 62°, mais ils passent assez bien au final, jusqu’à la fin de bouche interminable, goudronneuse et saline, fraîche (menthe) et fruité.

Un nez assez léger dans le genre Caroni, plus exotique qu’à l’accoutumé, mais une bouche beaucoup plus lourde et chargée des traceurs ‘habituels’ de la distillerie. Un rhum plein et expressif, et un duo gagnant. Et au final beaucoup moins lourd que celui du dessus. Note: 89

 

 


 

Caroni 1982-2005 / 77,3°

On rentre dans le dur avec un Caroni Full Proof, issu d’un fût unique qui donnera 122 petites bouteilles, et un impressionnant 77,3°.

La robe est ambré soutenue (xxl) tirant sur le cuivre, brillante et nonchalante.
Au nez, nous ne remercierons pas l’alcool qui bloque ici pas mal de choses, se permettant même de couper la parole à cet autre millésime de l’année 1982. Pas simple de passer au travers, même si on découvre une flopée de notes grillées. Avec encore -beaucoup- de repos, quelque chose de frais, mentholé, et un végétal lourd. Pas très Caroni. Avec plus de repos encore, de la mélasse et du clou de girofle. Le nez semble se diriger vers le 82 light, sombre et noir, sur la mélasse grillée.

En bouche, (sans eau), c’est comme vous l’imaginez très puissant, un peu à l’image du 82 heavy: noir de chez noir, mélasse, réglisse, notes grillées et brûlées, mais avec beaucoup plus d’alcool, forcément. Et aussi avec cet aspect lourd et collant, imprégnant, qui facilite grandement la bouche en la rendant plus tenable et même agréable au final (sisi). La fin de bouche est résolument sèche, pas aussi longue qu’espérée pour une tel bête, mais là quand même, mentholée.

Avec un trait d’eau (en mode dilution barbare) : le rhum s’ouvre sur un profil légèrement goudronneux et reconnaissable, il suffisait donc de gratter en surface… du fruit exotique mâture et de la fraîcheur (agrumes, zestes), pour un nez transformé et devenu cette fois agréable. La bouche ‘diluée’ mélange goudron, fruit sucré et notes salines, fraicheur et acidité. Le rhum garde toute sa richesse jusqu’à une finale persistante et sèche, sur un chêne bitumeux.

Un Caroni qui fait tousser, proposé brut, naturel, sans artifice, nu et authentique, mais qui reste difficilement domptable en l’état. L’eau lui fera le plus grand bien, même si la dilution maison n’est sans doute pas l’affaire du siècle… Mais pour les amateurs de rhum brut de fût, c’est à essayer au moins une fois. Note: 86

 

 


 

Ci-dessous 2 autres millésimes 1982 qui sortiront l’année suivante, en 2006. Deux Full Proof (brut de fût) âgés de 24 printemps…

 

Caroni 1982-2006 / 55,2°

Un Caroni Fullproof LIGHT, issu d’un stock de 3 fûts (820 bouteilles). Exit le heavy proof, Luca Gargano sait maintenant qu’il faut laisser Caroni s’exprimer à plein degré.


La robe est acajou, bronze profond presque rougeâtre, et une nouvelle fois lumineuse. Regarder les robes des Caroni est déjà un voyage en soit….
Au nez, voilà un Caroni lourd sur la classique mélasse grillée, fruitée et sucrée, séduisante et gourmande, chocolatée. Le nez semble déjà coller et annonce une bouche résineuse, puissante et sucrée: se développe de la noix de coco grillée et le nez devient de plus en plus pâtissier. Un très beau nez plein de gourmandise, et de promesses…

La bouche est résineuse et superbement grasse, avec toujours cette mélasse sucrée et exotique (coco grillée), gourmande à souhait ; le rhum va crescendo et part vers un boisé franc (mais maîtrisé) et des épices chaudes comme la braise, mais toujours sur fond de mélasse et de caramel brûlé, de zan, dans une atmosphère exquise et doucereuse. Ça coule de source, c’est bon et sans prise de tête, équilibré et complexe, bandant. Et aussi avec de la fraicheur (eucalyptus, menthol).

Que c’est bon… , un Caroni jouissif. La fin de bouche est assez longue et chaude, encore gourmande et au bon souvenir du nez et de la bouche. Très complet. Très (très) agréable.

Un superbe Caroni et un superbe millésime 1982, peut-être même le meilleur du lot ? le prochain nous le dira. Note: 90

 

 


 

 

Caroni 1982-2006 / 58,3°

Un Caroni Heavy issu d’un stock de 15 fûts (4600 bouteilles).
Quelques degrés de plus pour ce nouveau fullproof de 1982 de 24 ans.


La couleur dans le même ordre d’idée que le rhum précédent, superbe, bronzé et brillante.
Au nez, fichtre que c’est beau ! que c’est gourmand, exotique, boursouflé à faire cracher du suc, à faire flancher les détracteurs de Caroni et à les rallier derechef à la cause pétrolifère. Un parfum au nez, digne de très vieux agricole… ce qui peut certes sembler antinomique pour un Caroni, mais essayez un peu et voyez par vous même. Il y a ici bien plus de fruits confits que de notes d’hydrocarbures, de finesse que de gros bras, de dentelle que de cuir. Toujours avec un brun de fraîcheur, celui qui vous mouille légèrement les yeux, avant de vous replonger dans un rouge à lèvre sang, fruité et acidulé pour un baiser charnu et captivant. Sublime.

En bouche, le baiser du nez laisse place aux ongles vernis de la belle dans un rouge encore plus flamboyant, maintenant plantés dans un dos fiévreux qui ne méritait pas tant ; Après un moment de tendresse et de plénitude, elle fait donc parler les sens, enflamme vos membres et fait trembler châteaux et palais. Et au lieu de vous laisser vous consumer sur place elle prend un malin plaisir à éteindre son feu d’un souffle glacial et mentholé.

Superbe Caroni qui ne ressemble à aucun autre. Époustouflant, gourmand, parfumé, exquis, et cette fraîcheur en bouche… Note: 94

 

 

 

90 et + : rhum exceptionnel et unique, c’est le must du must
entre 85 et 89 : rhum très recommandé, avec ce petit quelque chose qui fait la différence
entre 80 et 84 : rhum recommandable
75-79 POINTS : au-dessus de la moyenne
70-74 POINTS : dans la moyenne basse
moins de 70 : pas très bon
Comments
6 Responses to “Caroni 1982”
  1. Jean-Paul dit :

    Quel plaisir de te lire Cyril!
    Et quel plaisir de partager ton avis sur ce 82 58,3!

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  2. Jean dit :

    Bonjour! J’ai récemment mis la main sur le caroni 1994-2017. Sur la bouteille il est indiqué que c’est le caroni qui a bénéficié du plus long temps de vieillissement sous climat tropical. Pourtant il existe des caroni 24 ans, voir plus. Cela signifie t’il que ceux là ont été ramenés en Europe avant l’âge de 23 ans pour finir leur vieillissement sous nos latitudes?

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    • cyril dit :

      Bonsoir Jean,
      De quelle marque s’agit-il ? Ou plutôt de quel embouteilleur ? Il s’agit sans doute du ‘plus long temps de vieillissement tropical’ de cette marque, car il existe en effet des Caroni ayant vieilli bcp plus longtemps sous les tropiques

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      • Jean dit :

        Il s’agit de Velier, c’est ça qui m’intrigue

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        • cyril dit :

          s’il s’agit de la bouteille jaune (ou orange) qui mentionne 23 ans, il est indiqué sur ma bouteille « this release contains the oldest caroni aged 100% in a tropcial/equatorial climate ». Ce qui est exact si on le comprend comme « plus vieux rhum Caorni vieillit dans ces 2 climats » (Trinidad et Guyana)

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