Foursquare 2006’s

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Petite balade barbadienne aujourd’hui, entre climat continental et tropical, entre brouillasse et chaleur écrasante avec à coup sûr un petit souvenir de vos vacances. On sort la boule de cristal et le jeu de tarot avec des rhums de chez Foursquare, et plus particulièrement des rhums de 2006. Et en cerise sur le gâteau le Triptruc sortit tout dernièrement (dans lequel il y aussi… du 2006).

A noter que pour les deux sorties de Velier (comme pour le reste d’ailleurs), il devient quasi impossible de goûter avant d’acheter, et pire, il ne faut pas (plus) perdre une seconde et acheter dès que possible…et quand c’est possible. De quoi prolonger l’ouverture des dites quilles par de nombreux acquéreurs qui verront plus là l’occasion de placer quelques euros plutôt que de déguster un spiritueux. Déjà sold out avant d’arriver sur les étagères ? pas tout à fait à en juger par la folie (et le flop) qui a touché le Foursquare 2006 : soi disant en rupture en quelques heures/jours (une rupture savamment et crassement orchestrée par des petits malins), il s’est retrouvé presto sur des sites de ventes aux enchères avec déjà une belle plus value, pour quelques mois plus tard revenir à la normale, à son prix de vente d’origine… L’amateur est lésé, le système prend l’eau et la soif de découverte s’étanche. Mais elle revient, mais jusque quand ?

 

 

 

 

 

Transcontinental Barbados Foursquare / 57°

Millésime 2006, embouteillé en 2016 par LMDW pour sa gamme de rhums Transcontinental. Comme nous l’apprend l’étiquette, le rhum a passé 69% de son temps à vieillir en Europe.


Couleur ambrée vieil or, robe huileuse et nonchalante pour ce Transcontinental.
Au nez, le rhum est sec, finement boisé et vanillé ; l’alcool est assez présent en début de dégustation et nécessitera du temps pour s’effacer. Arrivent des épices, du gingembre et quelques cousins plus incisifs et pimentés. L’alcool semble bloquer pas mal de choses, ne laissant transparaitre qu’un boisé sec et vanillé, des épices et des notes captieuses et la fraîcheur de zeste d’agrume (citron). Avec plus de repos on trouve enfin quelques fruits avec notamment de la banane verte et de la pomme, du chocolat, mais toujours avec cet alcool qui reste assez présent.

En bouche, l’attaque est chaude, vive et mielleuse. Le nez commençait à provoquer un certain ennui que la bouche efface dès les premières gouttes. C’est même résineux, toujours boisé et épicé, capiteux, réglissé (anis) et chaleureux à souhait ; Un rhum caractériel où l’alcool domine encore une fois, sur fond de tannins et d’amertume (herbes), mais un rhum qui se fait aussi frais et tonique en imprégnant le palais. L’exotisme est beaucoup moins présent qu’à l’accoutumée (mais aide tout de même la bouche). Et pour cause, c’est plutôt le fût (et l’alcool) qui cause ici. La fin de bouche est longue et toujours aussi imposante, épicé et tannique, sèche (alcool), avant de remarquer un peu d’exotisme avant la sortie.

Un Foursquare caractériel qui fait parler le degré ; on est déjà à 57° mais ça semble beaucoup plus important, moins bien équilibré que la moyenne, avec une prédominance de notes capiteuses, épicées (piment) et boisées. Note: 81

 

 


 

 

Foursquare MBFS Millésime 2006-2017  / 62,8°

Le même qu’au dessus mais un poil plus âgé, et aussi plus fort, et cette fois proposé par le site de vente en ligne Excellence Rhum (à qui nous piquons souvent des photos de bouteilles via google image :p).

 

La robe est toujours d’un léger ambré, très épurée et brillante, et plus huileuse que le rhum du dessus.
Au nez, le profil est beaucoup moins agressif que le TCR, moins alcooleuse aussi et plus gourmande! La vanille s’accommode de fruits secs en tout genre (raisin blond, banane, coco, agrume) qui dégagent un joli parfum ; tout fonctionne en équilibre, ni trop boisé ni trop épicé, avec ce qui faut de fruit et de fraîcheur. Un rhum simple mais efficace à l’alcool bien intégré.

En bouche, l’attaque est résineuse, hyper onctueuse et concentrée sur un mélange agrume/fruits compotés du soleil (abricot, orange) qui devient rapidement envoûtante : les épices, poivrées, appuient sur le curseur du plaisir, et l’acidité sucrée des agrumes fait saliver et décuple les sens. Chocolat et coco cassent le feu dans une bouche résolument gourmande et puissante, capiteuse, et les agrumes vous rafraîchissent la bouche dans une générosité sans pareil. La finale est longue, sèche et puissante (alcool) et finement boisée/vanillée, avant de voir revenir notre fidèle abricot ; l’alcool chauffe un poil trop et c’est dommage car s’il n’y en avait pas autant ce serait sans doute sublime, mais c’est assez récurant chez Foursquare.

Voilà un rhum qui propose un très beau voyage à 360°, avec une bouche résineuse et explosive, peut-être un poil trop sur l’alcool mais bien exécutée de bout en bout. Et à la fois tellement différent d’autres millésimes, comme par exemple le 98 (Compagnie Des Indes à 60°) qui est sur un profil nettement plus grillé (coco grillée à gogo), comme si ce 2006 proposait une version plus light de Foursquare (avec du coup plus d’alcool et de notes sèches). Note: 84

 

 


 

 

Foursquare 2006 Velier / 62°

Un rhum distillé en 2006 et élevé pendant 10 longues années (7 ans en anciens fûts de bourbon, 3 ans en fût de Cognac) sous le climat de la Barbade. Un rhum Single Blended comme on les aime, issu d’un nouveau partenariat entre Richard Seale de Foursqaure et Luca Gargano de Velier.

 

Couleur ambré soutenu tirant sur le bronze et une robe très étincelante et huileuse, aux jambes xxl.
Passé des premières notes d’acétone qui s’estompent plus ou moins rapidement et un alcool toujours présent, le nez s’avère concentré et résolument gourmand. Mais pas la gourmandise vulgaire ou industrielle, celle plus classieuse qui n’en fait pas trop et qui a surtout la bonne idée de ne pas écœurer et d’inviter à la contemplation. Le genre de pâtisserie à manger à la cuillère et à qui le temps réussit grandement, et mieux, qui vous récompensera de votre patience : coco grillée, raisins, boisé fondu et caramélisé, menthe fraîche avec un sac d’épices grillées qui donnent la tenue indispensable à toute bonne chose de bouche. Les 62° restent néanmoins assez présents et semblent bloquer le nez ici et là.

Ce rhum est fin et élégant, et le vieillissement en fût de Cognac n’y est sûrement pas pour rien. Un rhum aux notes grillées, empyreumatiques, équilibré et charmeur, sur lequel on resterait un long moment.

En bouche, c’est une nouvelle fois très riche et épais, à coller un peu partout pour une sensation très agréable. Merci le degré naturel, merci le vieillissement tropical, et une preuve une nouvelle fois irréfutable de la différence et de l’impact du vieillissement tropical comparé au continental (on y reviendra via un article). Un cas d’école mais un poil trop alcooleux pour moi. On retrouve les notes torréfiées toujours délivrées à juste dose, la coco grillée, de la réglisse noire, des épices grillées et fondues, et une présence monstrueusement plaisante et gourmande (et iodée) ; un bonbon pour l’esprit, élégant et fin. La fin de bouche est longue comme la queue de bison futé en plein mois d’août, épicée chocolatée, réglissée.

Un rhum très riche et onctueux, et une énième preuve de l’intérêt du vieillissement tropical. L’alcool est néanmoins un peu trop présent pour que l’expérience soit parfaite. Pour ceux qui ont les bourses endolories par dame spéculation, le 2004 reste un achat de confiance. Note: 86

 

 


 

Foursquare Triptych / 56°

Après le succès de Fourquare 2006, Foursquare Triptych est la deuxième expression élaborée par les deux célèbres spécialistes du rhum Richard Seal et Luca Gargano. Cet assemblage de trois cuvées distillées en 2004, 2005 et 2006 a vieilli dans trois types de fûts différents dont des fûts de Bourbon, de Madère et de chêne neuf américain.

 

La robe est ambré soutenu, cuivré vieil or et très brillante. Un disque gras en surface réconforte l’œil et les larmes qui s’en détachent sont d’une belle épaisseur.
Au nez, le rhum délivre d’abord une certaine astringence (du piquant au nez), des notes sèches de cuivre, d’acétone et de fruits secs (raisin et figue), à noyaux (prune), presque viniques. Le boisé est relativement frais (taille de crayon, à la Enmore version ligh), anisé et finement vanillé. Plus sérieux qu’à l’habitude, moins gourmand aussi, on sort du classicisme habituel des rhums de chez Foursaure, comme si les arômes étaient recouverts d’une couche de vernis, la noix remplaçant la coco (présente et toujours grillée mais plus timide), l’exotisme s’effaçant au profit d’une touche plus minérale (terre, iode) et de réminiscences de nos vergers (prune, cerise) et de vins de pays. Le fût de Madère imprègne sa présence et conduit le nez, et c’est très séduisant au final.

En bouche, l’attaque est résineuse et très riche, mélangeant harmonieusement (et chaudement) réglisse, chaudes épices (poivre gris) et notes iodées ; elle va crescendo et monte puissance, mais une puissance maîtrisée, avec une fois encore une impression rugueuse et râpeuse (fût de Madère), des notes empyreumatiques, du chêne grillé, des fruits (orange, abricot, coco, ananas) et des épices. Le rhum va jusqu’à vous saisir la bouche toute entière, délivrant ici des notes de réglisse, là de la coco grillé et plus loin du poivre et du gingembre confit. La fin de bouche est plutôt longue, sèche et chaleureuse, sur fond de chêne grillé, d’épices et de tarte à l’abricot.

Un nez beaucoup moins Coco qu’un Foursquare 2006, plus sérieux et complexe, plus équilibré aussi avec moins d’alcool en bouche , mais aussi moins écœurant à la longue, et rendu très séduisant par une aura vinique classieuse. Si vous aimez Foursquare et les finish qui apporte ce côté assez marqué par le Madère, ce rhum est sans doute fait pour vous. Note: 87.5

 

 

 


 

 

Foursquare Criterion / 56°

Ok on sort du principe de la dégustation de millésime 2006, mais on reste dans le fût de Madère… Il s’agit d’un rhum âgé de 10 ans, nouvel assemblage de pot still et de colonne qui a d’abord vieilli 3 ans en fûts de Bourbon avant de passer 7 autres années en fûts de Madère. Il sera embouteillé à 56% et sera limité à 2000 bouteilles pour l’Europe (+ 2000 autres réservées aux États-Unis en 75cl).

 

D’un vieil or cuivré, la robe du Criterion est brillante et huileuse à souhait.
Au nez, passé un léger solvant on retrouve notre fidèle coco grillée qui arrive rapidement, véritable marque de fabrique de Foursquare. On retrouve la trame de la maison, et on est clairement plus sur un Foursquare 2004 que 2006. C’est riche et complexe, cuivré, résolument fruité et classieux : sur le raisin, qui s’accommode très bien de la coco et d’exotisme, sur fond de chêne imprégné de notes vineuses et d’épices grillées (cannelle, 4 épices). Le fût de Madère apporte clairement de la profondeur, de la structure à l’ensemble, et ferait même passer son petit frère de 2004 pour plus puéril qu’il n’est. Ça sert très bien le côté beurré du nez (caramel mou), et le résultat est ultra plaisant, sérieux et gourmand.

L’attaque est douce et chaude, et devient rapidement huileuse, presque résineuse même. Sur le zeste et un côté salé/acide qui fait saliver ; le raisin est de la partie forcément, tout comme le chêne, grillé et épicé (poêlé ?), le caramel et la cannelle (girofle, muscade). Le raisin est noir tirant sur le fruit rouge, accompagné de banane et de chocolat. La fin de bouche est longue et empyreumatique, fidèle à la dégustation et savoureuse de bout en bout, sèche et réglissée.

Plus gourmand que le Triptych, plus toasté et comme plus fumé/noir, mais sûrement plus facile aussi, même si moins ‘cérébral’… La bouteille n’est pas habillée de noire donc elle pourra moins plaire, alors qu’elle le devrait tout autant, voire même plus (surtout au vu de la différence de prix). Note: 86

 

 

 

90 et + : rhum exceptionnel et unique, c’est le must du must
entre 85 et 89 : rhum très recommandé, avec ce petit quelque chose qui fait la différence
entre 80 et 84 : rhum recommandable
75-79 POINTS : au-dessus de la moyenne
70-74 POINTS : dans la moyenne basse
moins de 70 : pas très bon
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