Foursquare 2013

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Nouveau projet de Luca Gargano, Habitation Velier part en croisade contre les idées reçues avec un but très précis : celui de permettre au monde entier de différencier une distillation artisanale d’une distillation industrielle. Pour montrer, qu’à partir d’une bonne matière première, d’une distillation traditionnelle, et sans ajout, il est possible de sortir un rhum d’une excellente qualité, et à la typicité bien marquée.

Et qu’il s’agisse de rhum blanc ou vieilli, ses sélections personnelles -qu’il est le seul à réellement faire sur place- mettent systématiquement à l’honneur un alambic, et un savoir-faire : chaque étiquette reprend le graphique de l’alambic et son nom, la distillerie (identifiée par un code couleur, repris aussi sur le bouchon), et le lot d’informations que l’on peut attendre du Monsieur : dates de distillation et d’embouteillage, part des anges, et bien sur le tout embouteillé au degré naturel, sans colorant ni ajout ; A noter la présence de la mention ‘Sugar Free’, qui aura la merveilleuse idée d’apporter un peu de fraîcheur, dans un monde du rhum sucré à outrance. Et avec ce pari fou, à chaque nouvelle sortie, de proposer quelque chose de différent, et de faire découvrir une distillerie sous un autre angle, en toute humilité, et authenticité.

 

 

 

Habitation Velier Foursquare 2013 / 64°

Née d’une rencontre entre Luca Gargano et Richard Seale, cette sélection est unique à plusieurs égards : d’abord parce qu’elle officialise la rencontre de deux puristes, de deux des plus grands défenseurs du rhum. Et ensuite, parce qu’il s’agit du premier Pure Single Rum (un rhum uniquement issu d’alambic à repasse) embouteillé par Foursquare (qui n’a toujours juré que par les assemblages).

âge : distillé à partir de mélasse locale (Barbade) en 2013 puis embouteillé en 2015, après 2 ans de vieillissement dans des fûts de Cognac déjà utilisés pour faire vieillir du rhum. le rhum est présenté sans dilution (brut de fût) en bouteille de 70cl et à 8000 exemplaires.

 

Ce Pure Single Rum, qui n’a que deux petites années au compteur, montre parfaitement que la qualité n’attend pas le nombre des années, et que le choix des fûts reste fondamental. Unique en son genre, le rhum a vieilli dans de très vieux fûts de Cognac de la maison Moët Hennessy, mais pas n’importe lesquels : ceux précédemment utilisés pour produire la marque 10 Cane, un rhum blanc premium (et pur jus), lancé il y a quelques années par le groupe LVMH (et précédemment produit à Trinidad et Tobago). Les fûts ont ainsi servi de récipient idéal, pour une maturation optimale, où complexité et finesse excellent. Le rhum devrait être distribué courant avril à quelques 8000 exemplaires.

 

Le rhum propose une robe ambrée, très claire, tirant sur le paille, aux allures de vin jaune couronné d’un chemin de larmes lascives .
Au nez c’est très doux, sur une ambiance jamaïcaine anesthésiée, sèche et beurrée à la fois, avec son lot de fruits à coque. Avec cette impression, non loin d’être étrange, d’être devant un Cognac. Et pour cause, les fûts et leur passé font ici office de catalyseur aromatique, et renforce cette impression de douceur, cette légèreté extrême.

D’une finesse intense et profonde, le boisé est poudreux et précieusement vanillé, sur la poudre de cacao ; le repos fera ressortir l’exotisme le plus fardé des caves de Cognac, qui se mélange habilement dans une ambiance tantôt gourmande, tantôt humide (avec justement une certaine odeur de cave, humide et terreuse). On en oublierait même les 64°, on en oublierait même qu’il s’agit de rhum…

Pour du 2 ans d’âge c’est un tour de force, et seul Neisson arrive à délivrer autant (et même bien plus) de finesse dans son boisé. Bien sûr, ce n’est pas d’une extrême complexité, et on ne peut décemment pas en demander autant pour un rhum aussi jeune ; mais si on devait retranscrire sa complexité à sa jeunesse, il en serait alors un des meilleurs ambassadeurs. On croirait l’incidence du bois dramatiquement absente, mais c’est un tour de passe-passe, car elle est bien là, sublimée dans sa forme la plus noble, la plus fine, et délicate. Les 64 watts ne bronchent même pas, estomaqués par autant de maîtrise.

En bouche, c’est doux à la manière d’un cognac, avant de sentir l’alcool frapper à la porte. Le boisé ressort cette fois-ci, mais toujours finement, sous la forme de feuilles de tabac blond séchées, de bâton de réglisse, légèrement amère ; arrivent les fruits à coques, et des notes empyreumatiques, torréfiées, mais aussi iodées, presque marines. Ajoutez-y de la poudre de chêne brûlé, de l’amande, des fruits secs.

La bouche est très douce pour 64°, et généreuse dans sa simplicité, sans fioriture. La fin de bouche est très longue, sur l’amande (noyau), la poudre de chêne et une pointe d’amertume iodée, avec comme une sorte de tabac blond marin, séché mais rendu expressément humide par la houle d’un bateau à la dérive. Le verre vide fait parler la poudre (de cacao).

 

Un rhum très intéressent et gustativement plaisant, qui montre clairement -et plutôt efficacement- que la sélection des fûts est primordiale. Qu’avec les bons fûts un rhum peut ne pas être outrageusement boisé et même très fin, tout en restant très jeune. Cela impliquera foncièrement de la patience, en plus de bons fûts, et le talent du producteur, mais le résultat mérite une attention toute particulière. Note: 84

90 et + : rhum exceptionnel et unique, c’est le must du must
entre 85 et 89 : rhum très recommandé, avec ce petit quelque chose qui fait la différence
entre 80 et 84 : rhum recommandable
75-79 POINTS : au-dessus de la moyenne
70-74 POINTS : dans la moyenne basse
moins de 70 : pas très bon

 

Comments
8 Responses to “Foursquare 2013”
  1. Cyril dit :

    Salut cyril, merci pour cette mise en lumière sur ce nouveau projet, aux lignes de conduites claires et « pures ». Ca fait du bien !!
    J’ai hâte de découvrir d’autres sélections et espère en trouver des un peu plus âgées et basées sur de l’agricole (goût personnel, bien sûr).
    A bientôt 😉

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    • cyril dit :

      Salut Cyril et merci.
      Il a un Jamaïcain de Worthy Park de 10 ans de dispo (vieillissement tropical), et un Hampden à venir dans l’année, en plus d’un rhum de Mount Gay. Pour le rhum agricole, espérons aussi 😉

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  2. Cyril dit :

    Merci 😉 Je vais suivre ça de près….

    En attendant, tu as dû lire ce petit article qui leur est consacré…
    http://whiskyleaks.fr/habitation-velier-prix-de-transparence/

    @+

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  3. Cyril dit :

    Oui. Excellent article ds lequel ils parlent de ton excellent article sur les dérives du rhum :-p
    Je vais augmenter les doses de rhum, moi, ça va bien finir par me rendre excellent ds qquechose aussi !! Y a pas de raison que ça marche qu’avec les autres !!
    😉

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  4. Sylvain dit :

    Merci Cyril pour tes impressions sur ce rhum. C’est vrai qu’il est atypique et surtout riche pour un rhum si jeune.
    Impatient d’avoir ton avis sur le Fosyths WP 2005 Jamaica.

    Ca fait aussi plaisir de te voir revenir sur tes rhums un peu plus facilement accessibles 🙂

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