Montebello

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Fondée en 1930 (distillerie Carrère) puis fermée en 60, la distillerie manquera de peu de se transformer en cinéma, avant d’être finalement rachetée en 1968 par Jean Marsolle qui lui redonnera un second souffle ; Aujourd’hui, Montebello est connue pour proposer une différence notable dans le paysage rhumier, en produisant des assemblages de rhum pur jus et de rhum de mélasse (de sucrerie). En 1983, elle stocke pour la première fois 120 000 litres ce blend à 50°. S’en suivront une gamme de très nombreux rhums (3, 4, 6, 8, 10, 11, 12, 14,..) parmi lesquels les premiers millésimes de Guadeloupe.

crédits photos bouteilles : ExcellenceRhum.com

 


 

 

Montebello 3 ans / 42°

3 ans mais un peu plus, puisque ce rhum a été élaboré « grâce au mélange subtil et minutieux du 3 ans d’âge (70%), du 8 ans d’âge (20%) et du 12 ans d’âge (10%) « .

 

La robe est paille, huileuse et les larmes sont épaisses pour un aussi jeune rhum.
Au nez, le rhum apparait fruité et sec, mais assez riche et concentré. Sur les fruits secs (prune, raisin) et un exotisme rompu (pourri et excessif) et des touches de tabac blond. Le fruité exotique berce le nez et donne le ton, avec des agrumes et toujours ce tabac. Typique et expressif, il se défend très bien pour un 3 ans.

L’attaque est huileuse et relativement concentrée, sur une canne sèche, des herbes vertes et amères, du tabac blond et un boisé sec ; les fruits séchés font leur apparition, amenant un peu de douceur et de rondeur, et des épices poivrées durcissent la bouche. La finale est moyennement longue et sèche, sur le tabac et les épices.

 

Une belle entrée en matière, simple mais déjà suffisamment riche pour donner l’envie d’en découvrir plus ; le 6 ans par exemple. Note: 76

 

 


 

Montebello 6 ans / 42°

6 ans de vieillissement en fûts de chêne américain de 180 litres ayant contenu du bourbon. Il existe un rhum intermédiaire de 4 ans chez Montebello.

 

La robe est excessivement brillante, d’un ambré soutenu, et grasse visuellement. Un disque en surface laisse imaginer plus de maturité que le 3 ans, pour une toute autre dimension.
Au nez, le rhum est plus confit, plus complexe et très agréable : du fruit confit, macéré (raisins, pruneaux), de la réglisse et des notes torréfiées et chaudes. Beaucoup plus lourd que le 3 ans et assez marqué, noir, avec un poil de goudron, de cuir, de tabac, et des fruits exotiques matures. Un rhum sombre mais bonbon et assez gourmand (sur l’orange). Très belle présence pour un rhum aromatique sur lequel on resterait de très longues minutes. Très sympa.

L’attaque est d’abord assez douce mais devient grasse et chaude, avec des notes d’hydrocarbure, d’olive, de sel et d’anis. Fondant en bouche, presque collant, le rhum évolue dans une belle concentration et sur un profil phénolique et gourmand (fruits confits). La fin de bouche est longue, et la persistance des notes précédemment trouvées perdure longuement, sur des notes d’anis, d’épices (poivre gris) et sur une fraîcheur mentholée.

Un rhum très bien réalisé, très plaisant de bout en bout, concentré lourd et presque résineux en bouche. Sûrement la plus belle expression en rhum vieux de chez Montebello. Rapport qualité/prix très bon. Note: 85

 


 

Montebello 8 ans / 42°

+ 2 ans pour un compte d’âge de 8 ans cette fois ci. Le rhum sera t-il à la hauteur du 6 ans ?

 

Couleur or, robe grasse et jambes du même acabit.
Le nez est chaleureux et sur un registre végétal chaud: sur la canne mâture, des agrumes gorgées de soleil et putréfiés, de la vanille, et un boisé tirant sur le tabac blond. Les fruits exotiques prennent un peu plus de place avec le repos, en plus d’un côté chocolaté loin d’être désagréable.

La bouche est chaleureuse et huileuse, concentrée sur les fruits vanillés, de la menthe et un boisé sec mais classieux. Belle présence en bouche, épicée et toujours fruité et agréable. On est dans un registre moins noir que le 6 ans, plus léger et fruité, mais tout aussi agréable, et assez complémentaire. La fin de bouche est longue et rafraîchissante, sur un fruité gourmand et un goût mentholé.

 

Un rhum une nouvelle fois assez concentré et très agréable en bouche, complémentaire du 6 ans, sur un profil plus fruité et moins noir. Note: 81

 


 

Montebello 11 ans / 42°

Mis en vieillissement en 1995 puis soutiré en 2006.

 

Le rhum offre une robe légèrement ambrée, huileuse et brillante.
Au nez, c’est assez sec, sur les fruits séchés, un boisé délicat et des épices chaudes. Léger et plus simple que les rhums précédents, plus classique dirons-nous, l’alcool est légèrement piquant au nez, les agrumes se démarquent sous forme de zestes (confits).

En bouche, le rhum est une nouvelle fois concentré. Très belle présence pour un 42° qui en fait plus (et c’est tant mieux). La bouche est sucrée, anisée et iodée, dans un ensemble fondu, chaud et épicé. La fin de bouche est moyennement longue, sèche sur un goût légèrement fumé (tabac?) et encore fruité (exotique).

 

Un autre rhum, un autre âge, et toujours une belle surprise, marquée par la richesse aromatique et une belle longueur. Note: 83

 

 

 


 

Montebello 1999 single cask / 40°

12 ans au compteur, issu d’un fût unique (combien au total ? mystère) et embouteillé à un petit 40°. Réalisé spécialement par Grégory Marsolle, nouveau Maître de chai de la Maison.

 

Robe ambrée, huileuse et bien brillante, tirant sur l’oranger.
Au nez, c’est fruité, sur le confit de l’exotisme, sur des fruits à chair blanche, de la poire notamment, et du tabac. Le rhum apparait rond et gourmand, légèrement anisé et sur le sucre brun.

En bouche, c’est moelleux, concentré sur des notes mélangeant fruits confits et fumé (tabac), plutôt noires et toujours dans un ensemble fondant et fondu, épais en bouche mais sans écœurement, mais assez sucré. Ça collerait presque au palais (mielleux), c’est chaleureux et gourmand, pour une fin de bouche relativement courte et expéditive. Ça commençait pourtant bien, mais la fin de bouche semble presque inexistante. Est-ce l’ajout de sucre ? peut-être bien, en tout cas c’est dommage d’avoir laissé un tel rhum à un petit 40°, là où les autres sont à minima à 42… c’est à se demander pourquoi.

Un rhum qui commence bien, mais qui finit trop timidement voire incognito. Sortir tous les rhums de sa gamme à 42° et sortir ce single cask à 40 est un mystère total. Ce nouveau maitre de chais aurait-il la dent plus sucrée que le précédent? Ou est-ce pour coller à une certaine demande? En tout cas le résultat n’est pas à la hauteur des espérances ; ça manque de caractère et d’identité. Note: 77

 

 


 

Montebello 14 ans / 50,6°

Un rhum « Grande Réserve Spéciale » qui marque l’arrivée d’une nouvelle bouteille chez Montebello, carrée et imposante ; Il s’agit d’un rhum millésimé (2000) de 14 ans, issu de fûts uniques, et embouteillé ici à 50,6°. Edition « limitée » de 1250 exemplaires.

Robe ambré, grasse, aux jambes ultra-épaisses.
Au nez, le rhum est assez simple et même plat, à se demander où sont passés la concentration et les 50,6°. Du fruité comme ‘confit’, mais qui semble mélangé à un boisé passé (humide) et amer, et du tabac. Le nez est assez étrange, ni très équilibré ni complexe, avec cette impression d’acidité qui persiste. Le rhum, malgré son âge avancé et surtout son degré, semble bien plat et bien trop assagi.

La bouche est très amère et acide, avec une sensation pas très agréable en bouche. Mal équilibré et plutôt axée sur ce côté acide et sucré, âcre. Le boisé est brûlé, avec des notes de cuir et de rhum loupé. Ça évolue sur le sucre, et le rhum apparait littéralement noyé mais l’amertume persiste néanmoins. La fin de bouche est ultra courte et même inexistante, la faute au sucre sûrement. La mesure de ce rhum peut être trouvé ici même, et donne la réponse à la dégustation…

Pourquoi gâcher autant un rhum? le degré annoncé est inexistant, et le sucre et l’acidité noient tout intérêt au produit. Les plus jeunes rhums de la distillerie sont bien mieux travaillés (et en plus beaucoup moins cher). Parfois il vaut sûrement mieux ne rien sortir que sortir ce genre de rhum. Note: 67

 


 

Montebello 1982 / 42°

Un Hors d’âge, cuvée prestige, en carafe, mais à l’âge malheureusement inconnu.

 

Robe acajou pour ce millésime 1982, tirant sur le cuivre, brillant et très classieux. Les larmes sont épaisses et laissent présager un rhum à la maturité certaine.
Au nez, on retrouve des agrumes rompus, confits même, avec une odeur pesante d’exotisme, et un boisé sec, des légumes (artichaut, choux fleur) vapeur, du tabac. Pas le rhum le plus complexe qui soit, ni le mieux équilibré, mais différent. Pesant avec le repos, lourd et ‘vapeur’.

L’attaque est huileuse, chaleureuse, sur un boisé au relents de tabac, assez amère et acide, soutenue par les épices, mais sans grosse complexité. Les fruits ne sont pas très présents, surtout un boisé assez humide et toujours amer, légèrement acide, et du tabac. Çà manque de quelque chose pour rêver, et la fin de bouche ne changera pas beaucoup plus les choses, moyenne et assez rapide, et assez simple. Montebello nous a habitué à mieux, du plus complexe, mais comme quoi les plus vieux millésimes ne sont pas forcément les meilleurs. La fin de bouche se finit sur des notes sèches de tabac et de boisé mais sans relief ni persistance aromatique.

Montebello peut mieux faire, beaucoup mieux même, mais l’année et la carafe auront raison de beaucoup de monde. Note: 80

 

 

La dégustation croisée de différents rhums de chez Montebello a montré un style bien à part, et loin des standards de la Martinique par exemple. Des rhums riches, très goutés et intéressants ; Le 6 ans apparait comme l’exemple parfait de ce que peut réaliser la distillerie. Les dernières sorties déçoivent par contre énormément ; surtout le dernier en date, le 14 ans qui semble défier les lois de la logique, que ce soit au niveau prix ou qualité avec une acidité désagréable malgré la dose de sucre ajouté… Espérons que Montebello aille de l’avant sans oublier ses racines, en proposant de nouveau de très bons rhums.

90 et + : rhum exceptionnel et unique, c’est le must du must
entre 85 et 89 : rhum très recommandé, avec ce petit quelque chose qui fait la différence
entre 80 et 84 : rhum recommandable
75-79 POINTS : au-dessus de la moyenne
70-74 POINTS : dans la moyenne basse
moins de 70 : pas très bon
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