Neisson 2004

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Orgie gustative

 

Le dernier WhiskyLive aura eu la merveilleuse idée de faire sortir du lot un nouveau rhum de chez Neisson : le single cask 2004. Cette fois âgé de 11 ans, il est la preuve vivante que les rhums de cette distillerie se suivent, et se ressemblent, au moins au niveau qualitatif.

 

prix : 165€, 70cl et 45,4° pour ce nouveau Single Cask de Neisson (498 bouteilles), embouteillé pour LMDW.

âge : 11 ans. Mis en vieillissement le 31 décembre 2004 et mis en bouteille le 29 juillet 2015.

 

Voici donc une version vieillie plus longtemps (4 ans de plus), après le millésime 2004 sorti en 2011 (42,7°). Toujours vieilli en fûts de bourbon (Buffalo Trace), avec un rhum provenant du pur jus de cannes particulièrement chargées en sucre (suite à une année sèche). Voyons voir ce que cela aura apporté de plus au rhum…

 

La robe est d’un ambré soutenu, tirant vers le cuivre, lumineuse et avec une élégance fidèle à la marque.

Le nez est merveilleusement fin et gonflé à la fois, léger mais prêt à céder sur l’instant, tout juste attaché à un boisé cristallin, d’une finesse ne dépassant pas le micron. Une ligne de vie, si mince et pourtant si importante, et imposante! Le genre de nez qui vous couvre d’entrée le cœur de joie, de couleurs, et de saveurs ensoleillées.

Les quelques années de plus ont liquéfié tous les arômes pour ne faire qu’un, dans une harmonie souveraine et conquérante. Alors certes, on n’a pas autant de notes empyreumatiques que sur des fabuleux millésimes comme le 2003 ou le 2005, mais ce serait trop simple que de cantonner Neisson à une seule palette, à un seul éventail aromatique. On est ici résolument sur un nez aux notes capiteuses, ‘zestueux’ (citron vert),  un nez ample et fruité (abricot, papaye), gourmand et gonflé, avec une bonne dose de coco grillée, de chocolat, de curry… On ferme les yeux, et apparaissent pêches et citrons confits, de la vanille et un peu plus de notes chocolatées.

C’est un rhum féminin et envoûtant, le genre à jouer du charme et à gagner à tous les coups, pourvu qu’on lui résiste un peu (et je m’y efforce, croyez moi). Et ce boisé, d’une finesse insolente, et d’une complexité abyssale, se mélange harmonieusement aux épices, et nous rappelle une nouvelle fois tout le talent de Neisson, qui au delà de ne plus être à prouver, a la tache ardue de ne pas décevoir.

L’attaque est onctueuse, que dis-je, crémeuse, et vous électrise les papilles en une fraction de secondes. Il vous accroche et vous embrasse fougueusement et jalousement ; une dernière étreinte, vive et tumultueuse au fond d’un verre de rhum, qui l’aurait cru? Le liquide, rendu épais sous des ébats désarticulés, libère un torrent gustatif débordant d’exotisme et d’épices, enlacé d’agrumes, et décharge une fraicheur mentholée salutaire.

Ce rhum est une caresse au palais, il est charnel, il vous flatte d’agrumes légèrement acidulés et toujours confits, d’un boisé ferme et d’épices torréfiées pour un nouveau voyage, toujours à la bonne latitude, entre terre et mer, et en oubliant surtout pas de toucher les cieux. Le chocolat est là aussi, fidèle parmi les fidèles. C’est simple : équilibre, complexité, tout y est.

La fin de bouche, triomphale et lumineuse, relâche la pression accumulée jusque là, dans une paresse captivante et désirable, foisonnante d’arômes et de notes exotiques, plantureuses et épicées, dans un râle paralysant de satisfaction béate, d’absolu.

 

Ce rhum est une nouvelle preuve de perfection, et sa bouche, si riche et magnifique, charnelle, lascive, lubrique…elle vous fait voyager loin, très loin, et le souvenir qu’elle laisse, est immortel, indélébile. Moi qui avait été séduit -mais sur ma faim- avec le premier 2004, je dois avouer être totalement sous le charme de ce rhum de 11 ans. 2003, 2004, 2005, un trio de millésimes assurément gagnant. On dit que sous toute douceur charnelle un peu profonde, il y a la permanence d’un danger, surement celui de trouver encore mieux… Note: 93

Concernant le nombre de bouteilles de ce millésime: il y a eu 3 barriques d’embouteillées:
1 pour LMDW, 1 pour Velier, et 1 pour Neisson (vendue uniquement en Martinique). Seule la barrique LMDW est vendue sur la Métropole. Chaque barrique a été numérotée de 1 à 498  pas une de plus pas une de moins !

 

Comments
10 Responses to “Neisson 2004”
  1. Bambanne dit :

    Je ne sais jamais si pour le voyage et l’envie, je dois te dire merci ou te maudire.
    Mais le merci l’emporte !
    Encore une note lue avec la salive et une impression de vide dans la bouche…

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  2. Cyril dit :

    Merci pour cette nouvelle dégustation, fort intéressante…. 😉
    …et bon courage pour les suivantes ! ;-p
    Et si tu n’es pas sage, on va te donner un Don Papa à déguster !! ;-p

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  3. cyril dit :

    Bonjour,
    Je viens de goûter au neisson xo 3 millénaire.

    Avec un assemble des millésimes 2002 et 2004 à égalité dans cette cuvé et un élevage de 10 années et demi selon le site neisson.

    De quel cuvée viennent ces 2 milesimes?

    Si quelqu’un a des informations je suis preneur.

    Merci pour toutes ces dégustation!

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  4. Cyril dit :

    Salut cyril,
    Dégusté avant hier soir…un rhum (allez, n’hésitons pas) exceptionnel… Une grande finesse, un parfum suave et féminin….et quelle harmonie….toutes les saveurs fondues en une sans qu’aucune (mais ce n’est pas un problème à mes yeux) ne prenne le dessus…et tout cela dans la douceur…un rhum qui plairait à nombre de femmes…

    Je vais le regretter lorsqu’il sera fini, celui-là….

    Mais qu’attendent-ils pour faire un parfum pour femme qui aurait ces saveurs ??? (oui, bon, je risquerais de me mettre à boire le parfum de ma compagne, c’est sûr….).

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    • cyril dit :

      Salut Cyril, merci pour ton retour 🙂
      Quelques gouttes suffisent pour que son charme opère, sans aucun retour possible.
      un parfum? c’est à devenir cannibale ton idée

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  5. jonas dit :

    Je viens d’ouvrir une bouteille, c’est une énorme claque! Une merveille, ce rhum est ultra ciselé, d’une immense finesse sans rien sacrifier à l’intensité. Merci pour la note de dégustation, sans ton avis dithyrambique je n’aurais pas osé m’offrir cette bouteille.

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