New Grove

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Derrière la marque mauricienne New Grove que l’on a vu arriver il y a quelques années dans le monde du rhum, il y a un géant de l’industrie du sucre, et plus largement une machine de guerre: New Grove est en effet la marque de la distillerie Grays qui appartient au groupe Terra, pionnier de l’industrie de la distillation sur l’île Maurice. Grays Limited ne propose du rhum que depuis 2005, son activité étant essentiellement tournée vers la production d’alcool de canne à sucre: un alcool neutre destiné à l’industrie agro-alimentaire, pharmaceutique et qui leur sert aussi à produire la vodka KGB. Grays est aussi à l’origine de la marque Lazy Dodo, une boisson à base de rhum censée répondre à cette demande de masse pour les rhums édulcorés et sucrés et qui tranche fatalement avec la marque New Grove et le reste de la production de l’île (à part le ‘rhum’ Emperor).

( photo de Gaëtan Dumoulin provenant d’un article publié sur le site Référence Rhum, dont certaines données alimentent ce présent article).

 

 


 

New Grove | côté historique

New Grove est la marque de rhum de la distillerie Grays située sur l’île Maurice, produite depuis 2005. L’histoire familiale remonte à 1838, année durant laquelle les frères Harel décident de fonder une société afin de développer la production de sucre de canne dans le nord de l’île Maurice. Quasiment un siècle plus tard, en 1932, ils rachètent la distillerie OK and Co Ltd qu’ils rebaptisent Grays Distilling.

Malgré la production très récente de rhum, son background historique lui permet de jouir de l’image -dans les faits- de plus ancienne distillerie de l’île. L’histoire qui nous intéresse plus particulièrement ici (qui a trait au rhum et à sa production) commence alors à partir de 2005, ce qui n’empêchera pas New Grove de sortir quelques années plus tard un rhum « solera » qui affiche sur sa carafe un vieillissement de 25 ans (‘aged 25 years’, assemblage de 8 à 25 ans et donc vraisemblablement d’au moins un rhum de..1990), ainsi qu’un premier rhum vieux millésimé 2004.

 

distillerie Grays | côté production

Grays peut compter sur un domaine de 16 000 hectares de canne à sucre pour en tirer sa propre mélasse qui sera filtrée puis mise à fermenter durant 32 heures pour un vin titrant de 8,5% à 9% alc/vol. La distillerie possède une seule colonne à distiller (composée de 20 plateaux d’épuisement et 15 plateaux de rectification) qui servira jusqu’en 2013 à a fois à la production d’alcool neutre (alcool de canne) et à celle de rhum. A partir de cette date, Grays installera une nouvelle colonne qu’ils coupleront à la première (reliée à la nouvelle grâce à des vannes et un procédé de tuyauterie visibles ici avec  quelques plateaux), d’où le distillat sortira à 94%.

Pour son vieillissement, Grays utilise un panel de fûts très variés dont les contenances varient de 30 à 400 litres (30, 170, 225, 275, 300, 350 et 400 litres), et dont la moitié sont  neufs.

 

 

 

New Grove Oak Aged Rum / 40°

Un rhum ambré vieilli en fût de chêne qui, selon sa communication officielle, est « élaboré à partir d’une recette familiale vieille d’environ 200 ans » ; Rappelons que la distillerie Grays ne produit du rhum que depuis 2005 et de l’alcool neutre depuis ces fameux 200 ans, attention donc à l’abus de marketing.

 

Robe ambrée assez claire aux reflets dorés et aux jambes baveuses.
Au nez, la première sensation est assez boisée et sèche, sur des fruits avec des raisins blonds caramélisés, de la banane séchée et une odeur assez imposante de goyave qui prend progressivement tout l’espace : du pomelos aussi, pour un profil de plus en plus exotique. Un peu de cannelle, de gingembre, de vanille et de caramel participent à une ambiance chaleureuse et gourmande, tout en séduction, presque charnelle.

En bouche, l’attaque est très douce, à la fois fraîche et fruitée avec toujours ce raisin et les fruits exotiques cités plus haut (banane, goyave) chaudement épicés (gingembre, clou de girofle). La bouche se fait plus épicée sur un poivre gris, et la fin de bouche est moyennement longue ; d’abord sur la réglisse, chaude avec un brin de fraicheur, elle se termine en dévoilant une nouvelle fois un exotisme assumé et fier.

Un rhum ambré qui fait son effet, facile et plutôt efficace, qui est bien meilleur que certains rhums à sauce que l’on voit débarquer de Maurice et qui n’ont aucune âme (à part peut-être celle d’un diabétique). Note : 79

 

 

 


 

 

New Grove 5 ans / 40°

Issu d’une double maturation en fûts de chêne français du Limousin et de Porto, ce rhum traditionnel (de mélasse) est âgé de 5 ans.

 

La robe de ce 5 ans est ambrée vieil or, assez grasse dans l’ensemble.
Au nez, le rhum est sec et délivre d’abord beaucoup de fruits à chair blanche très mature (pomme, poire), de coing, mélangés à des agrumes confits ; cela donne une odeur distinctive mixant fruits du verger et exotisme avec un boisé braisé, et quelque chose de métallique, comme oxydé. Le repos apporte des notes torréfiées (chocolat), du caramel, de la vanille et le côté porto apporte une note lourde et gourmande mais qui tranche encore un peu plus avec un nez qui semble comme instable.

La bouche est chaude et huileuse, sur toutes ces notes et toujours sans grand équilibre, avec en plus des petits fruits rouges acidulés accompagnés de notes poivrées et d’un boisé fumant. Le rhum fait preuve de puissance pour 40° mais sans savoir où aller, avec un mélange de notes sucrées, acides et fumées qui ne fonctionnent pas de concert. La fin de bouche est très sèche, entre tanins et épices grillées, sur l’alcool.


Est-ce la double maturation et l’effet Porto, en tout cas on ne sait pas vraiment où veut aller ce rhum, avec des sensations qui ne semblent pas très homogènes dans l’ensemble. Note : 72

 

 

 

 


 

 

New Grove 8 ans / 40°

Vieilli en fût de chêne du Limousin durant 8 ans.


Robe ambrée cuivrée, huileuse et brillante.
Au nez, on a un rhum beaucoup plus mature et complexe que le 5 ans, plus posé aussi. Des notes d’agrumes et de fruits exotiques largement mûris (mangue, abricot et peau de pêche) se mélangent harmonieusement avec un boisé assez fin et classieux (fumé) ; l’exotisme prend un peu plus de place, opulent et âcre, et le chêne se fait poudreux, le rhum devient capiteux. Citron et pêche semblent jouer les stars avec une nouvelle fois un nez atypique, mais qui fonctionne bien.

En bouche, l’attaque est douce et légèrement huileuse, très portée sur la pêche (et la papaye), à se demander si ce goût est vraiment naturel ; très surprenant, comme chimique et assez sec, sur une attaque très bonbon exotique, puis épicée (muscade, poivre gris) et boisée, acidulée (agrumes, orange, citron), caramélisée et vanillée. Ça va crescendo, jusqu’à une fin de bouche moyenne, assez sèche sur la muscade et le chêne, tannique.

Beaucoup mieux que le 5 ans, plus complexe et toujours avec ce triptyque boisé/acidulé/fruité qui marche bien mieux ici, mais on aimerait plus de degré, de concentration pour que ça explose en bouche. Bien meilleur que son petit frère. Note: 81

 

 

 

 


 

New Grove 2004 / 49,9°

Le premier millésime sorti de la distillerie Grays (qui produit du rhum, rappelons-le, depuis 2005. comprenne qui pourra). La bouteille nous renseigne sur la référence du fût, le type de bois utilisé (chêne du limousin), le numéro de la bouteille, mais rien sur la date ou même l’année d’embouteillage. Dommage car l’information semble plutôt essentielle.

 

Robe cuivrée tirant sur le bronze orangé, les jambes sont gourmandes pour un rhum qui apparait huileux (bulles, disque).
Au nez, c’est très exotique, d’abord dans un style bonbon Arlequin avec de l’abricot juteux, de la pêche jaune et des agrumes (mandarine, orange et citron), des épices à gâteaux (cannelle, gingembre). Un boisé frais et humide apparait au nez dans un ensemble complexe et plutôt riche, opulent et âcre avec une acidité prononcée qui vient d’un exotisme très mûr proche du pourrissement, surtout du citron. Avec le repos, on trouve de la cerise griotte, des petits fruits rouges acides pour un rhum au nez aigre et sucré (caramélisé).

Un rhum qui ne plaira sans doute pas à tout le monde au nez mais qui reste très intéressant car distinct, et qui saura séduire avec le temps. Le repos lui apporte beaucoup d’assurance avec des notes plus caramélisées et torréfiées (tabac, caramel).

En bouche, l’attaque est huileuse et concentrée: elle se fait sur un mélange de notes boisées très classieuses et d’acidité sucrée avec une nouvelle fois les agrumes et des fruits à chair jaune (abricot, pêche, goyave) qui jouent un beau rôle et se mélangent harmonieusement au boisé précieux. Le degré apporte une belle puissance et présence, les épices sont aussi très présentes mais toujours en bonne osmose: clou de girofle, cannelle, muscade. Une bouche pleine qui donne l’impression de croquer dans des fruits juteux et muris à point (sucrés mais du bon sucre). La fin de bouche est longue et tout aussi séduisante, charnue et charnelle : pêche, abricot et mangue sur l’extrême fin, poivre et muscade, avec des notes empyreumatiques. Très belle persistance sur les fruits du soleil, avec une mangue qui semble vouloir ressortir, plus sèche.

Un très beau rhum millésimé, un rhum que l’on mâche, que l’on croque et que l’on apprécie de bout en bout, dans une richesse rafraîchissante. Le même avec plus de maturité devrait être exquis,  mais on est ici bien au-delà de la gamme classique (ambré, 5 et 8 ans) avec un premier très bon rhum qui sort du lot. Note: 84

 

 


 

New Grove 2005 / 54,9°

Issu du fût #80 et titrant 54,9°, ce rhum sélectionné par The Nectar aurait été embouteillé en 2014. Il existe à priori plusieurs embouteillages différents de ce millésime, dont au moins un second commandé par une chaine d’hôtels de luxe et mis en bouteille en 2014 et donc âgé de 9 ans (en fût de cognac et 3 mois en fût de Moscatel).

Robe cuivrée très brillante, rassurante et classieuse, les jambes sont semi épaisses et pleine de charme.
Au nez, on a moins d’exotisme que le 2004 et plus d’âcreté, de concentration et de maturité. Plus d’épices aussi, pour un rhum plus sec d’apparence, et plus riche et concentré, moins porté sur la gourmandise de l’abricot de la pêche ou d’agrumes. C’est plus sobre, noir et certes moins expressif sur la jeunesse du fruit, son exubérance, et plus renfermé mais avec classe et sérieux. Le degré supplémentaire en impose et on s’attend déjà à une bouche concentrée et même rugueuse. On sent un boisé mélangé aux notes d’agrumes rendant un côté légèrement humide au chêne, aigre, avec des notes plus torréfiées qui finissent par arriver (café, tabac) et qui magnifie l’ensemble. Plus sérieux que son petit frère, un rhum cérébral.

En bouche, l’attaque est huileuse et très concentrée, avec un boisé aigre, des agrumes (zestes), de la réglisse et des notes torréfiées imposantes et chaleureuses qui s’accrochent au palais. C’est puissant, épicé, mais avec suffisamment de fruits matures et sucrés pour rester très agréable et surtout équilibré. La fin de bouche est très longue, sèche épicée et sucrée (agrumes) et même fraîche (zeste). On en redemande très rapidement, c’est plutôt un bon signe. Puissant.

Un rhum différent, plus cérébral et tout en puissance et maturité, mais sans oublier un bon équilibre et suffisant de complexité pour ne pas s’ennuyer. Peut-être un alcool un peu trop présent sur ce millésime (très agrume et râpeux/rugueux). Note: 86

 

 

 


 

New Grove 2007 LMDW / 60°

Un rhum distillé en 2007 et embouteillé à son degré naturel pour LMDW à 400 bouteilles. Single Cask (fût unique) #42.

 

La robe de ce 2007 est vieil or, très huileuse, et les larmes qui se forment sur le contour semblent tomber une à une dans un ballet perpétuel. imposant.
Au nez, on retrouve cet exotisme mature et opulent avec nos fidèles agrumes, mais aussi l’abricot et la mangue, de la papaye, toujours en bout de vie avec une présence acidulée, âcre et mature, mais assez sucrée pour passer merveilleusement bien ; délicatement caramélisé et vanillé.  Le nez est très riche et les 60° passent sans encombre, même si le fort degré retient pas mal, ne laissant échapper que quelques notes de fumé (tabac blond) et de vanille, de cannelle. C’est classe, fin et tout en retenu (principalement à cause de l’alcool) mais ça promet aussi une bouche explosive… Le repos ouvrira le nez sur un exotisme exacerbé pour notre plus grand plaisir. Un nez très riche et tout en maîtrise.

En bouche, l’attaque est puissante ; satinée et très présente, elle explose en bouche, collant chaque arôme au palais. Avec en tête, les fruits exotiques juteux, de la pêche et de l’abricot, une salve sucrée acidulée très gourmande et imprégnante, du boisé contenu et des épices tranchantes et de la réglisse. Tout se développe harmonieusement et intensément en bouche et avec un certain plaisir, malgré un alcool plutôt présent. La fin de bouche est longue et se poursuit sur la douceur des fruits exotiques et la vanille, pour finir sur des tanins chaleureux et maîtrisés.

Un trait d’eau fera ressortir le côté boisé fumé qui prendra d’abord la place de l’exotisme au nez, avant que celui-ci ne revienne au galop, jouant un cache-cache constant. En bouche, le rhum est toujours très agréable, encore plus gourmand et toujours sur le fruit exotique. Ça lui réussit beaucoup en tout cas, et c’est  toujours bon signe.

60° certes, mais quelle présence! Le rhum est puissant, le nez et l’attaque sont exquis, décapants ; manque peut-être une finale plus explosive, et encore. Note: 87


 


 

 

New Grove Royal Blend / 45,6°°

Issu de l’assemblage de trois millésimes de New Grove (2005, 2006, 2007) vieillis en fûts de chêne français puis affinés en fûts d’acacia, de châtaignier et de porto. Cet assemblage contiendrait aussi -miracle du temps une nouvelle fois-  un New Grove de 1969 (sic).

 

Robe bronze, huileuse, nombreuses jambes de belles dimensions.
Au nez, c’est sucré et fruité, plutôt sur un profil gourmand et très doux, comme velouté et surfait. On attend de la concentration, de la richesse comme sur les millésimes de New Grove (et on est en droit de l’espérer) et on tombe sur un rhum très basique, où effectivement on sent que le but est de flatter l’auditoire, avec l’incidence du fût de Porto qui est très très présent avec ce coté sirop/sucré/gourmand, presque collant ; cela tend à montrer tout ce que ça peut casser sur un assemblage : la spontanéité, la concentration, la singularité du rhum de base et ses caractéristiques organoleptiques. C’est fruité (sur le confit, abricot survitaminé), vanillé, caramélisé, c’est très rond et mielleux (miel et cire) avec des épices chaudes et faciles (cannelle, gingembre) et tellement loin de ce qui me plait chez New Grove que la déception est imminente (et immense). Alors oui c’est doux, sûrement agréable, mais sans personnalité.

La bouche est légèrement huileuse, sucrée, acidulée, boisée et on retrouve un peu plus de personnalité (et même de concentration), mais ce n’est pas franchement très équilibré. On retrouve des fruits exotiques matures (mangue, ananas), des agrumes qui apportent de la présence (de l’acidité sucrée), du miel et ce côté rond/gourmand qui englobe les arômes dans une viscosité pas très agréable (mais facile) qui assèche la bouche. La fin de bouche est moyenne, encore un peu plus sèche, avec au-delà des arômes précédents du tabac et des épices (cannelle). Un rhum qu’on dirait sucré, avec une fin de bouche cassée.

bof bof bof, il y avait sûrement mieux à faire (et à sélectionner) pour fêter un anniversaire, mais heureusement il y a eu d’autres embouteillages beaucoup mieux faits et singuliers, pour ne pas dire authentiques et avec une forte identité. Trop simple et facile, on dirait que la personnalité de New Grove est complétement noyée dans la masse et les affinages. Préférez un 2004 ou encore mieux un 2005, vous ne le regretterez pas au moins. Note: 75

 

 


 

 

New Grove Solera 25 / 40°

« Développé à partir d’une vieille recette famille, ce rhum a vieilli au moins 25 ans » ou encore « assemblage d’eaux-de-vies âgées entre 8 et 25 ans ». La communication ne semble pas au point pour cette cuvée « limitée » à 2000 bouteilles (« seulement »). Bien sûr, il est impossible à la distillerie Grays et la marque New Grove d’avoir produit des rhums de 25 ans d’âge dans la mesure où la distillerie ne produit du rhum que depuis 2005 (à en croire son histoire en tout cas). C’est tout le secret du terme marketing ultime qu’est la « solera » : faire passer un rhum pour plus vieux qu’il ne l’est. La carafe affiche tout de même un « vieilli 25 ans ». Mais de quelle origine, ça c’est une autre histoire que malheureusement la distillerie ne souhaite pas partager.

En tout cas, sans grande surprise le rhum contient du sucre : affiché à 40°, il a été mesuré à 36,74 soit quasiment 13 g/L.

 

La couleur est d’un ambré soutenu tirant sur l’acajou, gras aux jambes XXL qui ne prennent pas leur temps pour chuter (25 ans , vraiment?), scotchées sur le verre.
Au nez, c’est gourmand et sucré, sur un tabac réglissé auquel on aurait mélangé de la mélasse, un peu de cuir, et pas mal de caramel… Dans ce côté dark et ténébreux (car sucré), on reconnait quelques fruits (nos fameux agrumes, grâce au côté aigre que l’on imagine tout juste) mais ce n’est pas évident puisqu’ils sont un « peu » dénaturés par une sucrosité excessive, rendant le nez très indifférent, mais aussi très impersonnel et sans réelle complexité. De la vanille ? Un nez qui tient plus de la liqueur que du rhum. On y voit pas grand chose et ça n’annonce rien de bon pour la bouche.

En bouche justement, c’est gras et mielleux et l’édulcoration ne fait aucun doute (pas moins qu’un El Dorado 25) ; sur une réglisse sucrée (plus proche du rouleau de zan d’ailleurs), ça se répand sur le palais, avec du cuir, des épices mais toujours sucrés et donc sans âme malgré des épices qui cherchent à s’exprimer, à s’extirper ; plus le rhum reste en bouche et plus il développe une certaine épaisseur, à devenir écœurant. Vous vous doutez de la fin de bouche, cassée par ce que vous imaginez, sèche et sucrée, mélasse et cuir?

Du gâchis, peut être pour essayer de plaire au plus grand nombre, mais du gâchis quand même. Quand on commence par goûter aux millésimes et que l’on arrive à ça, on se demande vraiment ce qui peut passer par la tête des distilleries. On ne peut pas cacher la déception de voir Grays tomber dans ce jeu de dupe de proposer un rhum traficoté qui n’est pas anodin ni ne participe à une saine concurrence entre producteurs et confrères. Note: 69 (parce qu’ils ont dû prendre un minimum de plaisir à se lancer dans pareille aventure).

 

 

Il est très étonnant mais toujours intéressant (et aussi  un peu déroutant) de voir l’écart qualitatif qu’il peut y avoir entre un simple rhum ambré, les premiers rhums vieux et des millésimes d’un même producteur, et le soi-disant rhum ‘super premium’ (Solera 25) censé montrer la quintessence d’une maison. Un pied de nez énorme, où on passe du ravissement au désenchantement, et où l’on passe de rhums singuliers et identitaires à un rhum noyé dans un malaise saccharin,  sans âme ni caractère.

Au final, c’est à se demander si une distillerie peut vraiment se contenter -et se concentrer- de faire un bon rhum en cherchant à développer (et partager) une identité qui lui est propre, et qui reflète son distillat? au lieu de lourdement vouloir copier toutes ses marques qui s’éloignent chaque jour un peu plus du rhum pour proposer des ersatz de liqueurs. C’est à perdre espoir… et cela va clairement contre l’idée de faire un produit soit disant authentique et de « qualité », car au fond si un produit est bon il se vendra, et New Grove sait faire du bon rhum.

 

90 et + : rhum exceptionnel et unique, c’est le must du must
entre 85 et 89 : rhum très recommandé, avec ce petit quelque chose qui fait la différence
entre 80 et 84 : rhum recommandable
75-79 POINTS : au-dessus de la moyenne
70-74 POINTS : dans la moyenne basse
moins de 70 : pas très bon
Comments
2 Responses to “New Grove”
  1. Le Glaude dit :

    Bonsoir cyril,

    Je me permets une petite remarque (car tu n’abordes pas le prix de ces rhums) : le solera 25, qui est le moins bien noté, est aussi le plus cher! Environ le double du prix du single cask 2007 (le mieux noté), ce qui est un comble…
    La technique de la « solera » est une technique de vinification qui n’est pas applicable au rhum, à mon humble avis, sauf à faire prendre aux plus « candides » des vessies pour des lanternes…
    Le message aux novices du rhum qui veulent goûter de vrais bons produits, à la lecture de cette chronique, est donc le suivant : « solera » = arnaque presque à coup sûr, ne vous laissez pas abuser, on trouve de vraies pépites pour beaucoup moins cher que ça…

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    • cyril dit :

      Salut Le Glaude
      comme dans la grande majorité des rhums édulcorés (essentiellement de mélasse), plus c’est haut de gamme et plus c’est sucré oui… la Solera dans le rhum est une sorte adaptation qui laisse pas mal de possibilités en effet. De là à dire que Solera = Arnaque, il n’y a qu’un pas 😉

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