Reimonenq (RN)

>

Reimonenq 2004 & 2009

La distillerie Reimonenq est enfin représentée sur ce site, et il était temps… Et il y beaucoup de choses à dire, à commencer par le fait qu’elle distille un des rhums les plus atypiques des DOM TOM, riche et complexe, et qui à coup sûr fait voyager, même à quelques milliers de km de là… Notes fruitées, végétales, épicées, minérales, c’est un tour à 360° que nous propose cette distillerie, toujours surveillée du coin de l’œil par Léopold… depuis près de 6 décennies, courageusement aidé par ses filles.

Il serait sans doute plus intéressant de commencer par les embouteillages officiels et d’en faire un tour d’horizon, mais en attendant de me les procurer tous, nous commencerons par deux bouteilles sorties par l’embouteilleur italien Rum Nation. C’est lors d’un voyage en Guadeloupe en 2007  que Fabio Rossi décide d’acheter quelques fûts et qu’il commencera à sortir plusieurs millésimes, tous vieillis et embouteillés sur place (vous trouverez la liste complète sur l’excellent site Référence Rhum). Nous nous attarderons aujourd’hui sur deux d’entre eux, sorti en 2014 : un 2004 de 10 ans, et un 2009 de 5 ans, tous deux embouteillés à 40°.

Pour ce qui est de la distillerie en elle-même, signalons que la distillation s’effectue à l’aide d’une double colonne unique en son genre à quatre fonctions, réalisée par Léopold lui-même avec l’expertise de l’ingénieur Pierre-Olivier Cogat : une colonne créole équipée de plateaux à clapets couplée à une colonne de dégazage.

 


 

 

Inimitable Reimonenq

Aucune idée des prix ni de la manière de se procurer ces deux rhums (et des autres sorties de Rum Nation), je n’ai eu que des samples à ce jour, et cherche encore le moyen de m’en procurer. Sûrement réservé au marché des cavistes italiens?

âge : 5 ans pour ce rhum, distillé en 2009 et vieilli intégralement sur place à la distillerie Reimonenq. Il a été embouteillé en 2014 à 40°.

 

Ce Reimonenq 2009 présente une couleur vieil or, qui tire vers le verdâtre, très classe et précieuse, survolée d’un disque toujours rassurant.

Au nez, c’est du Reimonenq dans toute sa splendeur, avec un nez très aromatique et reconnaissable à la première effluve, une vraie personnalité.
On est dans la démesure, avec plein de notes végétales, fruitées, minérales et épicées, un tour de force aromatique, riche et complexe. Des fruits exotiques passés (banane) et vanillés, de la confiture de lait, des zestes d’agrumes, des pruneaux et des cerises confites, une odeur de fumé tantôt caramélisée, tantôt chocolatée, très gourmande et caressée par une rose fraîchement éclose.

Ajoutez à cela des notes végétales rafraîchissantes (herbes aromatiques, réglisse fraîche) qui vous séduisent et vous font voyager n’importe où, pourvu qu’il y est du soleil. Un nez plein de gourmandise, un nez luxuriant et enchanteur.

Les épices (cannelle, girofle, anis) sont fondues dans cet ensemble qui collerait presque aux narines et qui vous pique légèrement. Le repos, lui, vous submerge de fruits rouges (fraises), de grenadine, et chaque minute d’attente apportera son lot de surprise : le nez évolue et passe d’un arôme à un autre avec une extrême facilité, avec toujours cette impression de fondue, de nectar concentré, tantôt léger comme parfum tantôt gourmand comme une tarte aux fruits caramélisés.

L’attaque est grasse et huileuse, sur la douceur, le sucre, sur les fruits confits, les notes de rose, de la vanille, de la réglisse. Une sorte de liqueur mais sans la lourdeur : la canne fraîche et toutes les notes végétales veillent au grain et soutiennent la bouche, en l’empêchant de tomber dans la facilité. On a l’impression de boire une sorte de sève, de mixture d’herbes, caramélisée et épicée, boisée, mentholée, pour toujours un peu plus de structure. Une bouche qui perpétue le voyage évoqué plus tôt, dans une richesse luxuriante.

La fin est longue et persistante et toujours très riche : anis, menthe, cannelle, des notes plus poussées de chêne et des épices qui donnent du tonus ; le rhum est jeune après tout, on l’aurait presque oublié… ça revient sur le confit (fruits noirs, pruneaux, cerise), et on est toujours sur le sucré avec une note florale de rose en fin de bouche, très agréable.

Le verre vide ne jure que par le fruit rouge… fraise, grenade, sous forme de bonbon. Abandonnés à leur sort jusqu’au lendemain, ils seront toujours dans le verre, avec une  odeur de bonbon aux fraises et à la framboise.

Une fois de plus un tour de force de Reimonenq. Nous sommes sur un rhum de 5 petites années et pourtant on jurerait un rhum du double, tellement il offre une palette aromatique riche et concentrée, du nez jusqu’en bouche…et tout ça avec 40 petits degrés. Que demander plus ? Assurément que ça dure, et encore longtemps, avec la même sincérité et personnalité. Reimonenq est unique dans le monde du rhum agricole, certains adoreront et d’autres détesteront, mais il ne laissera jamais indifférent.
Note : 82

 


 

version mature

âge : 10 ans pour ce rhum, distillé en 2004, vieilli 10 années à la distillerie Reimonenq et embouteillé à 40°.

 

La couleur de ce millésime est plus soutenue, plutôt acajou. Le rhum est aussi plus gras et imposant, avec  toujours ce disque en surface ; 10 ans ce n’est pas rien, et ça se voit…

Le nez est encore plus sur le confit, mais moins exubérant que le rhum précédent, plus maitrisé et complexe. Tout est fondu avec le chêne (fumé, braisé?) ; la magie dans le fût a opéré et ça se sent! Les années ont délivré les arômes emprisonnés dans le bois, et les ont mélangé dans un rhum qui jouit déjà d’une richesse aromatique certaine. le chêne a la très belle idée de mettre de l’ordre, d’organiser et de ‘mater’ les arômes les plus fougueux.

Des notes végétales et fraîches (herbes vertes) subliment le nez, la réglisse (zan) semble calmer les ardeurs d’éventuels fruits fous. Le nez est plus piquant et vif, plus tannique et épicé (menthe, cannelle, girofle, poivre), mais toujours bien maitrisé. Le repos apporte même des notes d’hydrocarbure (quand je vous dit qu’il a tout ce rhum).

La bouche est une nouvelle fois grasse et sirupeuse, plus tonique que le rhum précédent. Sur le confit (sucré), les épices (chaudes) mélangées à un boisé qui devient fumé (tabac) et même tourbé ; les épices font un peu plus parler d’elles, plus poivrées maintenant, et même pimentées. Et toujours ces herbes fraîche, la menthe, la réglisse et de l’iode pour une bouche très complète, et complexe.

Une fois plus, c’est long et des notes de goudron et de tabacs mènent le bal jusqu’à la dernière goutte ; belle persistance sur le zan pour un goût qui reste très longtemps en bouche, impressionnant. Les tanins sont sûrement un peu trop présents, mais atténués par une fraîcheur mentholée et le fruit confit qui reviennent et seront vos amis pour la vie (en tout cas jusqu’à la nouvelle dégustation).

Un rhum intense et d’une richesse impressionnante, à qui les années ont donné plus de structure, plus de tenu. Ce boisé fumé et les notes de tabacs se mélangent très bien aux fruits confits, qui reviennent tout de même au bout du compte, tenaces et gourmands ; avec encore et toujours ce panaché de notes végétales, qui délivrent à chaque dégustation, un moment unique. Note : 86

90 et + : rhum exceptionnel et unique, c’est le must du must
entre 85 et 89 : rhum très recommandé, avec ce petit quelque chose qui fait la différence
entre 80 et 84 : rhum recommandable
75-79 POINTS : au-dessus de la moyenne
70-74 POINTS : dans la moyenne basse
moins de 70 : pas très bon

 

Comments
15 Responses to “Reimonenq (RN)”
  1. Cherbo dit :

    Bonjour, ces rhums me tentent bien mais je ne trouve aucune info sur un quelconque distributeur…. Je suis néanmoins tombé sur plusieurs sites qui vendent un rhum reimonenq 9ans cuvée prestige. Savez vous si cette cuvée tient la comparaison avec les deux que vous faites la description plus haut?

    0
    • cyril dit :

      Bonjour
      Pour moi cette cuvée tient la comparaison et donne un très bon aperçu du caractère des rhums Reimonenq 🙂

      0
      • Julien dit :

        Bonjour Cyril,

        j’ai pu goûter la cuvée prestige 9 ans hier, qui m’a- vraiment plu mais le côté poivré/pimenté très marqué m’a surpris… Est-ce un dénominateur commun à tous les rhums Reimonenq selon toi ?
        Et… est-ce ‘naturel’ pour être autant présent selon toi?

        0
        • cyril dit :

          Salut Julien
          oui c’est bien un marqueur commun à Reimonenq, et si tu aimes bien tu aimera sans doute tout le reste…
          il y a un secret bien gardé derrière, sans savoir quoi, mais en tout cas avec du sucre, et des fois beaucoup

          0
  2. cherbo dit :

    Bonjour et merci pour votre réponse!!
    je suis un amateur débutant et votre blog m’aide pas mal à comprendre un peu mieux ce vaste monde du rhum.
    Comme beaucoup j’y suis rentré « grâce » à quelques rhum un peu flatteurs (je comprends mieux pourquoi depuis votre article sur le sucre dans le rhum) mais j’aspire à plus de caractère!!!!
    Mon budget étant plus que limité, cette cuvée prestige reste assez abordable pour moi.
    Mon plus grand « malheur » est d’avoir goûté il y a quelques semaines au fameux UF30E…(mon caviste est très très très généreux!!!!) et après ce genre d’expérience c’est très frustrant de ne pas avoir plusieurs centaines d’euros à dépenser pour acheter du rhum !!
    merci pour votre blog!!

    0
    • cyril dit :

      merci de lire ce blog alors, même si les notes de dégustations reflètent avant tout des gouts personnels.

      Des gouts qui évoluent avec le temps et c’est tant mieux, on devient plus exigeant et on va de découvertes en découvertes. la frustration avec.. car certaines bouteilles deviennent inaccessibles et c’est bien dommage :/

      0
  3. Cyril dit :

    Merci cyril….un nouveau domaine à explorer donc….
    @cherbo
    Si tu prends goût aux bruts de fut, t’es mal barré !! 😉
    Et l’UF30e, si ton caviste en a et que tu aimes ça, tu ne devrais pas hésiter, il me semble que ça devient un produit très rare….perso, je me suis fait une petite réserve de qques bouteilles en Italie en prévision des jours difficiles 😉

    0
    • cherbo dit :

      En Italie… je vais peut être changer mes projets de vacances…c’est où en italie? ;))

      Mon caviste ne vend pas d’uf30e mais il s’en ai procuré une pour lui, pour en faire déguster ses collègues, amis et clients!

      0
      • Cyril dit :

        @cherbo
        Pr tes prochaines vacances : Velier est à Gênes 😉
        Et, bien souvent, le rhum est moins cher en Italie qu’en France (en tous les cas, c’est ce que j’ai constaté pour chacune de mes recherches….).

        0
  4. Ruminsky Van Drunkenberg dit :

    Well, these have been on my to-buy list for some time…but your words have made me want to go get some right now 🙂

    0
  5. Cyril dit :

    cyril, il me semble avoir vu tes 2 bouteilles….ben, en Italie ! 😉
    Le 2004, à 61,79€
    http://www.arcadiadistillerie.it/rum,-rhum-e-ron/reimonenq-2004-14-vieux-cl-70.html
    Le 2009, à 47,73€
    http://www.arcadiadistillerie.it/rum,-rhum-e-ron/reimonenq-2009-14-agricole-cl-70.html
    @+

    0
  6. Francesco dit :

    Le prix de ces bouteilles est:
    2009 €. 50/55
    2004 €. 65/70

    0
Leave A Comment