Liberation 2015 lmdw

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La sortie d’un Liberation est toujours attendue et synonyme de plaisir: que ce soit le tout premier (2010) ou bien les suivants (les 2012 et 2015) et même les blancs, il n’y a rien à jeter et ça relève de la prouesse. On ne reviendra pas sur la genèse du projet ni sur les personnalités hautes en couleurs de Gianni Capovilla ou Luca Gargano, mais sur le dernier rhum rhum libéré à l’occasion du 60ème anniversaire de LMDW.

Une première car issu d’un fût unique spécialement sélectionné par les propriétaire des lieux, et l’occasion de voir si les différences sont notables avec les deux autres Liberation 2015 et plus particulièrement la version ‘intégrale’ embouteillée à 58,4°. Rappelons au passage que ces deux là sont issus d’un assemblage de rhums de 6 ans et donc issus de fûts différents assemblés.

Le packaging ne change pas, excepté une vignette « 60 ans » sur la carrosserie rutilante de la bouteille, et une contre-étiquette qui mentionne la sélection anniversaire (et collée sur l’ancienne étiquette).

[merci à Thib pour les photos]

 

 

 

 

Liberation 2015 LMDW / 60,6°

288 bouteilles issues d’un fût unique (singe cask), ce Liberation est embouteillé au degré naturel (ou ‘version intégrale’ comme se plaisent à joliment rappeler d’autres embouteillages de Liberation). La dégustation se fera en solo, avant de faire une comparaison avec l’embouteillage classique à 58,4°.


Un Liberation toujours aussi classieux dans le verre, habillé d’une robe vieil or cuivrée, gourmande et automnale. Il pleure à chaude larme, sûrement trop soucieux d’avoir quitté sa futaille précipitamment.

Et comme tout Liberation qui se respecte, il ne propose pas de nez mais un bouquet d’arômes plus ou moins affûtées par le temps. Celui du passé d’abord, riche d’une empreinte vinique et rugueuse, tanné par des années entières à cuire sous un climat de plomb et à tenter de fuir les anges. A celui de sa jeunesse, indissociable souvenir végétal et floral, emprisonnant des générations entières d’auréoles pour ensorceler celui qui, le premier, ouvrira sa prison de verre. Celui d’une vie passée à concentrer un fruité avec passion, en compotant ses pensées jusqu’à fondre et fusionner dans un fluide complexe et soyeux, accentuant le passage à l’âge adulte et l’éclosion d’une jeune femme raffinée et élégante au parfum enivrant.

Et plus elle grandit et plus elle devient raffinée, cristallise ses attributs jusqu’à gagner en profondeur ; elle gagne du bonnet et en maturité, prend de l’assurance au fur et à mesure que nous perdons pied. La peau d’orange est assumée et soyeuse, elle invite à la contemplation et chatouille les sens. L’abricot, soyeux et charnu (certains diront moelleux) nous invite dans un jardin d’Eden où la forêt a laissé place à un champ de cannes fièrement dressées vers un ciel grenadine. Une balade onirique qui astique les sens et qui vous ferait, même, oublier d’y mettre la langue. Un amour de rhum platonique qui demande néanmoins libération, alors libérons.

Le baiser est avenant et habillé d’un rouge fruité et coquet à l’élan acidulée, à vous marquer la joue au fer rouge (ou au chêne grillé). Caractérielle et racée, la libération est juteuse, mais n’en n’oublie pas de jeter des épices, du bois et des idées poivre et sel,  faisant monter l’écume jusqu’à la commissure de lèvres pompées de leur sève. Ses ongles rouges vous transpercent l’épiderme et seul un miel viendra apaiser le feu, redonner de l’esprit à la ferveur des agrumes et de passion sous fond de pivoine et de notes fatiguées. Trop pressé de consommer, les politesses ne sont plus de mise mais grillées, déjà rendu dingues de vouloir le goût d’un parfum depuis bien longtemps désiré. La vigne est toujours élancée, le raisin pressé tout comme l’envie d’en découdre à nouveau, rapidement, pour à son tour agripper cette peau d’orange et d’en faire saigner le temps.

 

Un Libération qui vous libérera jusqu’à la lie, sur fond de séduction et de bestialité. Vous en voulez? vous en aurez. Note: 88

 

 


comparaison des deux Liberation 2015 version intégrale…

La version 60 ans LMDW propose une facette plus bestiale et personnelle du rhum, assurément plus authentique, plus élancé et plus tout au final : plus forte et puissante, au nez comme en bouche ; Ma préférence ira néanmoins à la bouche de version intégrale à 58,4, plus riche et séduisante en bouche, mais aussi mieux équilibrée, plus fondante et ensoleillée. La version LMDW ne démérite pas pour autant, mais propose un Liberation plus gaillard et puissant, plus épicé et boisé se terminant sur une note iodée. La belle ou la bête ? le choix est vôtre…

Une parenté indéniable mais plus de personnalité pour la version LMDW, fille unique libéré en 2015 et qui sera vite mariée. Comme si la consanguinité du rhum avait été brisée.

90 et + : rhum exceptionnel et unique, c’est le must du must
entre 85 et 89 : rhum très recommandé, avec ce petit quelque chose qui fait la différence
entre 80 et 84 : rhum recommandable
75-79 POINTS : au-dessus de la moyenne
70-74 POINTS : dans la moyenne basse
moins de 70 : pas très bon
Comments
4 Responses to “Liberation 2015 lmdw”
  1. Max dit :

    Article très intéressant
    Le représentant « rhum » chez Velier m’avait expliqué que ce rhum était le même que le Libération 2015, embouteillé grosso modo un an plus tard, un genre de Libération 2016 en somme.

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  2. Nico dit :

    Bonjour, je suis rédacteur en chef du magazine « Union ». Pourrais-je partager votre article dans notre prochaine publication ? 😀 😀

    Jolie note en tout cas pour ce Libération non censuré, merci 😉

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