citrouilles et tête de mort
> |
On connaissait déjà l’imaginaire de la piraterie et des flibustiers, depuis longtemps usé par les marques de rhum, celle des vielles histoires de guerriers et de combattants de la liberté, mais on assimile plus rarement le rhum à la citrouille. Pourquoi me demanderez-vous ? et bien pourquoi pas… Cette formidable idée de réhabilitation des cucurbitacées nous vient d’une firme américaine basé à Beverly Hills (Itsko Imports Inc.) et remonte à 2012 (que le temps passe vite) ; le fait qu’elle soit basée aux USA est peut-être un début de réponse? Sobrement vendu sous le sobriquet « Tête de Citrouille », avec une bouteille en forme de… tête de citrouille (de 75cl), il s’agit d’assemblages de rhums « ultra premium » (la crème de la crème) en provenance de République Dominicaine. Et attention, on nous parle de stocks des années 80, 90 et 2000, et donc pas n’importe quoi (vous pensez bbien). Il y aurait même dans le lot des rhums vieux jusqu’à 20 ans d’âge…de là à dire qu’on nous prend pour des courges, il n’y a qu’un pas. Symbole festif par excellence à travers le monde entier (dixit la marque), il s’agit d’un hommage à la citrouille : « Pumpkin Face Rum honors the spirit of this tradition by filling the bottle with the finest ultra premium rum in the world. » The finest ultra premium rum in the world, de quoi vraiment réhabiliter la citrouille un peu partout dans le monde.
Au menu du jour : Pumpkin Face White
Pumpkin Face White / 40°Commençons avec ‘Tête de Citrouille Blanc’, un rhum blanc qui d’après la communication officielle n’est pas vieilli (ce qui est, rappelons-le, le cas de quasi tous les rhums blancs de mélasse). Un rhum de République Dominicaine, qui pourrait venir tout aussi bien de Barcelo ou de Brugal ou d’ailleurs.
Le rhum est d’apparence plutôt grasse. A l’attaque, c’est doux et sucré, huileux et sec. Toujours cet alcool qui domine et qui est très désagréable… un peu de vanille, et encore un peu plus d’alcool. Aucun intérêt, et je pèse mes mots. On tousserait presque en fin de bouche. Ultra Premium? c’est sûrement beaucoup plus proche de l’alcool de canne (neutre) que du rhum (aromatique), et ça n’a franchement aucun intérêt. Mesuré à 34,5° au lieu de 40 il y a quand même 20,6 g/L de sucre dedans, alors imaginez sans… Note: 30 (histoire de)
Pumpkin Face Reserve / 40°La même base qu’au dessus à priori, mais cette fois vieilli. Combien de temps? comment et où? ça c’est une autre histoire. La com’ étant à la hauteur de la qualité du produit, on apprend que le rhum « a vieilli pendant un certain temps ».
Robe vieil or, légèrement brune et toujours assez huileuse (les jambes sont énormes). En bouche, c’est très doux et huileux (sirupeux?) , toujours sur l’orange (marmelade, zeste), la vanille, le caramel et l’alcool ; du poivre donne un peu de tenue, idem pour le tabac, et ce Pumpkin Reserve prend des allures assumées de Ron. La fin de bouche est courte et sèche, sur l’alcool et les épices, sur la peau d’orange séchée. Ca se rapproche plus d’un ron Barcelo avec ce côté tabac/caramélisé mais en moins écœurant, et ça fera beaucoup mieux que pas mal de ron . Affiché à 40° et mesuré à 38,4°, il n’y a « que » 6,3 g/L de sucre. Note: 70
Pumpkin Face 23 / 40°On rentre dans le dur et dans de la Tête de Citrouille ultra vieille : il paraitrait qu’elle a été distillée (la mélasse, pas la citrouille) en 1980 puis laissée vieillir 23 ans en fût ; ça serait aussi resté 10 ans en cuve inox avant d’être embouteillé, mais personne ne sait si les 23 ans annoncés comprennent ou non le repos en cuve. Ni même si c’est vrai d’ailleurs.
Notre dernier Pumpkin est ambré soutenu tirant sur le bronze ; la citrouille a pris des couleurs au soleil et sa peau est toujours aussi grasse (à l’épreuve du temps diront certains jardiniers). En bouche, c’est une nouvelle fois très doux, huileux et caramélisé : plus structuré que le Reserve, l’alcool est ici quasi inexistant et le rhum est beaucoup plus fondu et semble moins sucré ; toujours assez familier avec ces oranges caramélisées, ces épices grillées et ces notes de tabac, et même de chocolat. Ça passe tout seul et ça montre même un poil de richesse en bouche! La finale n’est pas aussi courte que le Reserve, plus persistante et chaleureuse, sur les épices caramélisées et des fruits séchés. On monte en gamme avec les citrouilles, c’est un fait, et plus c’est vieux meilleur c’est. Le blanc est inexistant, le Reserve montre des promesses que le ’23’ confirmera. Et vous savez quoi ? il y a peine 4 g/L dedans (mesuré à 38,9 pour 40° affichés). Note: 73
Pour rester dans les sensations fortes et dans les choses qui font peur, passons un court instant sur le seul, l’unique, Don Papa (souvenez-vous) . Il s’agit Et dire que certains professionnels (dans le secret depuis le premier jour) l’ont même comparé à la fabrication du rhum agricole…du pur génie! Depuis, Dame Fraude est passé par là, balayant d’une directive les arguments éhontés des pantins habituels et le cours des choses a repris comme si de rien n’était. Combien de consommateurs sacrifiés sur l’autel du consumérisme et entourloupés ? Une nation.
Don Papa 7 / 40°Beaucoup de choses à son compteur: 2,4 grammes de glycérine au litre pour la rondeur, 29 de sucre pour la couleur (et l’accoutumance), 359 milligrammes de Vanilline pour le goût et un tas de petites autres choses (orange, épices,..) ; Pas étonnant qu’il soit passé du statut de rhum à celui de boisson spiritueuse. Reconnaissons-lui tout de même un look plutôt accrocheur. La bouteille goûtée ci-dessous avait encore un 7 sur l’étiquette, mais ça c’était avant.
Vous vous dites que la bouche sera peut-être mieux, aussi bien, ou peut-être pire ? qui sait. le Round Up du rhum, et un énième médicament qui ne guérit rien, et encore moins l’accoutumance du consommateur désenchanté et floué. Note: sans, mais j’ai trouvé mieux…
N’étant pas un amateur de cocktails et préférant de loin la cuisine, j’ai trouvé une idée qui pourrait plaire à ceux qui, comme moi, ne savent (parfois) que faire de leur fond (ou plus) de bouteilles. pour 1 personne : mettez une dizaine de centilitres de Don Papa dans une casserole et portez à ébullition ; laissez s’évaporer l’alcool à feu moyen durant quelques minutes (ou plus selon la consistance souhaitée), et vous obtiendrez un caramel. L’expérience embaume la pièce (même celles de l’étage) d’une odeur assez lourde mais gourmande de Carambar (véridique), ce qui vous vaudra les hourras des enfants, rapidement déçu de ne pouvoir y tremper les doigts. (recette réalisée sans trucage) note importante: ce caramel pourra être réalisé avec d’autres rhums, de préférence sucrés si vous souhaitez une bonne élasticité. A cet effet, un ron Diplomatico Reserva Exclusiva donnera un caramel plus lourd et collant, sûrement idéal pour monter une structure (pièce montée,etc..). NB : la recette ne nécessite rien d’autre que du « rhum » (pas de sucre, il est déjà dedans) et ne marche pas sur tous, loin s’en faut. Vous trouverez une liste de ‘rhums’ éligible à cette prouesse culinaire par ici, ou encore par là (liste non exhaustive).
Et si on s’essayait au registre ‘macabre’, pour finir ?
|
90 et + : rhum exceptionnel et unique, c’est le must du must
|
enfin eu peur le jour d Halloween!
une grand merci 🙂
Bonjour Cyril,
Très bien, cet article ! Un peu d’humour, ça ne fait jamais de mal ! Je vois que l’imagination des maisons de rhum est débordante… Mais quant à la qualité, le spectre est large, je vois ça !
A bientôt !
Euh, justement à propos du blanc. Les 2 ou 3 marques principales
de Rhum « blanc » de mélasse sont viellies en fûts de chêne.
Bonjour Gaël
la grande majorité des blancs de mélasse sont en effet plus ou moins vieillis avant d’être décolorés
Salut Cyril ! Joli coup , tu as trouvé la juste place du Don papa !
c’est à essayer 😉