Étonnamment Jeune
Le Domaine de Courcelles fut une distillerie fondée dans les années 30, puis fermée en 1964 avant d’être déplacée (fûts et alambic) à la distillerie Sainte-Marthe qui continua à distiller avec l’alambic de Courcelles pendant 8 ans… avant de fermer à son tour en 1972. C’est justement l’année de la dernière distillation et de la bouteille que nous allons déguster aujourd’hui ; Il s’agit d’un embouteillage proposé par le négociant italien Velier.
prix : 120€ pour une bouteille de ce rhum hors d’âge, 70cl et 42°.
âge : Distillé en janvier 1972, élevé en fûts de 220 litres et mis en embouteille en novembre 2003. Nous avons donc là un rhum de 31 ans d’âge. Il s’agit d’un rhum de sucrerie (mélasse) et non agricole.
L’histoire raconte que les fûts de cette illustre distillerie furent longtemps oubliés avant d’être rachetés par un négociant en 1998, puis entreposés à Marie-Galante où ils furent transférés dans des foudres pour éviter l’évaporation.
Aujourd’hui il existe de nombreux embouteillages -et versions- de ce rhum: L’Italien Velier le propose en 42° et 54°, les Suisses de chez Rhumhouse en bouteilles de 50cl à 47 et 58°. Il existe même un millésime de 1948 sorti par un négociant français (Claude Marsolle & Cie) et commercialisé en 1973 ; un rhum qui atteint aujourd’hui plus de 1600€ la bouteille (42°), rareté oblige. Il est à noter qu’il existe même une version rhum blanc.
Le rhum présente une très belle couleur dorée tirant vers un léger ambré. Une très fine couronne se forme sur les parois et laisse tout de suite place à de nombreuses et épaisses larmes, qui à peine en phase descendante laissent place à de nouvelles, comme si à cet instant on pouvait déjà voir double.
Le nez est surprenant et très vivant pour un rhum hors d’âge, jusqu’à devenir déstabilisant au premier abord. Un nez fruité et minéral où se côtoient des fruits verts qui progressivement s’ouvrent sur une odeur gourmande de banane cuite, sur de la crème de marrons, mais aussi sur des notes terreuses et de sous bois humide, rafraichis par une brise anisée.
Un nez très complexe et très intéressant à analyser tellement il est complet et changeant. il évolue sur différents registres et la dégustation est très agréable. Le repos semble une nouvelle fois le transformer vers des contrées plus épicées (épices plutôt douces, cannelle) et végétales fraiches (céleri, fenouil).
L’attaque est douce et moelleuse, et comme pour le nez nous sommes dans un registre tout autant végétal (herbacé) et fruité (fruits secs (bananes séchés) et fruits cuits), mais rapidement le rhum devient plus puissant et nous submerge d’épices (muscade, cannelle) et de boisé réglissé et riche en tanins ; ça devient rapidement amer, rendant l’ensemble assez robuste et loin des classiques plus doux et aériens. Une bouche pleine de caractère qui fait parler le temps de stockage du rhum au contact du bois, une bouche qui laisse penser que nous avons peut-être passé là la limite, ou en tout cas que nous n’en sommes pas loin, et même si cela donne de la tenue au rhum.
Le final est moyennement long mais le rhum reste en bouche un long moment. On est toujours sur le registre des épices et sur l’amertume des tanins très présents et bien ancrés. Même si la sortie est moins amère que prévu et délivre paradoxalement un côté soyeux qui fait passer la pilule.
Un rhum caractériel ! ne lui dites pas que son nez est charmant il vous le fera payer aussi vite qu’il entrera en bouche. Un nez plutôt jeune mais une bouche qui fait parler l’âge (et la poudre) et un final dominé par la dureté des tanins délivrés par le fût. Ce contraste fait quand même son petit effet et tout ce passe de manière plutôt élégante. On est forcément surpris mais plutôt très agréablement pour ma part. De quoi se demander ce que valent les autres embouteillages, si ce boisé est encore plus présent sur les versions plus fortes… ou pas. Quelqu’un a t-il des retours à nous faire partager ? Note : 79
|
Bonjour,
(Domaine de Courcelles 1972 – 54.3%)
Je confirme tes impressions de rhum très sur le bois avec des notes flirtant avec des alcool de fleur et des épices sèches. La final est moyennement longue avec une agréable présence d’amende d’amer en bouche.
Mon nez m’est un peu inutile actuellement …
Pour la petite histoire: acheté en 2011 via « lacompagniedurhum.com ». L’embouteilleur est référencé « Kitrad SARL – Baie-Mahault », donc avant que Velier s’en mèle. L’étiquette est la même que le 42% (voir http://www.finespirits.fr/domaine-de-courcelle-1972.html où la photo est bien celle de ce 54.3% … alors que la bouteille est annoncée 42%).
(Domaine de Courcelles 1972)
« Vieux Rhum de Sucrerie distillé en Janvier 1972.
Elevé en fût de 220 litres,
mis en bouteille en Juin 2011 »
Merci pour le lien Ouki, j’ai vu cette bouteille chez le caviste Christian de Montaguere et la ressemblance m’a troublée
Bonjour,
J’ai retrouvé chez mon beau-frère une bouteille de « Domaine de Courcelles 1973 » : il s’agit en fait d’une autre version de ce rhum (1972), mais faussement estampillée 1973 (puisque mis en fût en 1973) et titrant 42%.
L’embouteilleur est toujours « Kitrad », une petite société Guadeloupéenne dont l’activité déclarée est le commerce de gros de boissons.
Sur l’étiquette on peut lire au recto:
« Vieux rhum de sucrerie distillé en Janvier 1972
Elevé en fût de 220 litres,
mis en bouteille en Février 2007 »
La dégustation rejoint la tienne : rhum particulièrement doux à l’attaque, beaucoup plus que sa version à 54.3% embouteillée en 2011.
… donc une date d’embouteillage de plus pour une version de plus.
😉
Merci pour les infos
Ça doit donc être un très bon filon pour les embouteilleurs…