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Stock Spirits Group est à l’origine une maison fondée en 1884 en Italie (à Trieste) et encore bien vaillante aujourd’hui: le groupe dispose de 2 énormes sites de production implantés en République Tchèque et en Pologne. Originellement spécialisé dans la distribution de Cognac et de liqueurs dans les années 70, elle est toujours spécialisée dans la production et la commercialisation de spiritueux, son activité s’organisant autour de 5 grandes familles de produits : de la vodka (avec les marques Czysta de Luxe, Stock Prestige, 1906, Zubr, Bozkov,…), des liqueurs aromatisées à base de vodka (Amundsen, Lubelska, Keglevich, Balsam Kresowy, etc.), des liqueurs amères ‘bitter’ (notamment le Fernet Stock) depuis 1927, des brandy/cognac depuis ses débuts (Stock Original, Stock 84, Napoleon Ambassador, etc.), du limoncello (Limoncè), et enfin du rhum avec notamment la marque Bozkov Tuzemsky.
Les rhums goutés ci-dessous sont des rhums d’importation sans doute sortis à partir des années 50, pour répondre à une demande alors grandissante pour les rhums plus ‘exotiques’. L’un en provenance de Jamaïque et l’autre des Antilles.
Les contre-étiquettes nous montrent des similitudes entre d’un côté le rhum ‘Jamaica’ (à gauche ci-dessous) et de l’autre celui des ‘Antilles’ : les deux insistent sur le fait qu’il ne s’agisse pas de rhum ‘fantaisie’ pour sûrement se démarquer des produits d’époque (erstaz de rhum coupé vendu en masse en Italie) et les deux mettent en valeur un rhum d’origine (en plus de citer le rhum jamaïcain). S’agit-il alors du même produit mais embouteillé à des périodes différentes ? La dégustation nous en apprendra peut-être un peu plus, si toutefois le rhum a bien été conservé…
 Stock’s Jamaica Rum / 50°
A priori des années 50/60, proposé ici en bouteille de 70cl à 50°. Il existe aussi des versions plus récentes en bouteilles de 75cl et titrant 40 et 45° (comme montré sur une image plus haut, plus vraisemblablement des années 60/70).
La robe est ambré bruni, tirant sur le bronze et très brillante. L’aspect huileux et les larmes perchées un long moment.
Au nez, c’est relativement sec (chêne) et épicé, mais aussi fruité et quelques minutes suffisent à mettre en avant la douceur et la sucrosité de fruits secs (raisin blond, pruneau). La cannelle rajoute du charme avant de sentir le bois revenir, comme grillé voire brûlé, faisant nettement ressortir de la réglisse. Pas certain que le rhum fasse encore les 50° affichés (ni qu’il soit de Jamaïque), mais il se tient assez bien, renforçant à chaque minute qui passe la présence de la réglisse, tirant sur le bonbon au zan, voire un sirop fruité et collant (grenadine).
L’attaque est mielleuse, sirupeuse et concentrée. De la réglisse en profusion accompagnée de fruits compotés, de tabac et de sucre caramélisé. Les épices tranchent avec le tout ce sucre et le degré permet même d’offrir suffisamment de puissance pour ne pas tomber dans l’excès. L’édulcoration ne fait aucun doute et le rhum prend des allures de sirop réglissé et épicé, mais délivre un chêne grillé qui accroche au palais et offre une belle présence. La fin de bouche est chaleureuse, moyennement longue et très sèche et sans surprise sur le sucre, mais aussi la réglisse. Le verre vide hume la réglisse et les épices (et bien plus tard la grenadine).
Pas grand chose de jamaïcain, mais qui en doutait vraiment? Comme beaucoup de rhums de négociants d’époque, il s’agit certainement d’un assemblage, avec une sauce maison histoire de répondre à une demande allant dans ce sens. Peut-être pas un rhum fantaisie, mais fantaisiste à coup sûr, entre rhum et liqueur au rhum, sauvé par le fort degré et une belle présence des épices. Note: 82
[ mesuré à 45,3° le rhum n’a pas vraiment perdu avec la conservation et laisse penser (au goût) à une édulcoration (ce qui ferait 22g/L de sucre) ]
 Stock Antilles Rum / 45°
Vraisemblablement des années 60/70, ce rhum s’habillera de plusieurs habits ; ici dans sa version à 45°, il en existerait aussi à 40° dans des contenants allant de 70cl à 1 litre. Encore embouteillé lorsque le Groupe Stock était en Italie et sûrement avant de se diversifier intégralement.
La robe est claire et très légèrement ambrée, tirant plus sur le paille, encore plus huileuse et laissant s’échapper d’énormes jambes bien dodues.
Au nez, le rhum est léger et d’abord exotique, sur des fruits à chair blanche : banane, pêche mais aussi de la poire. Simple, léger mais séduisant, avec de la vanille pour un nez plutôt beurré et rond. Le repos apporte une sécheresse boisée (feuille de tabac blond) et des épices, gingembre en tête. Le rhum se concentre ensuite dans une ambiance mielleuse et sucrée (sirop).
L’attaque est huileuse et sucrée, sur les fruits au sirop, la réglisse et les épices (gingembre). C’est très doux et plutôt sirupeux mais une fois encore l’alliance chêne/épice donne de la tenue dans une bouche concentrée qui va crescendo, mais où le sucre domine une fois encore. La fin de bouche est moyennement longue, persistante sur la réglisse, le tabac blond et les épices, toujours dans une ambiance sirupeuse et asséchant.
Bien différent du Jamaica mais toujours sur un profil sucré et sirupeux. Ici aussi le degré (45° mesuré à 43,3 soit +ou- 7g/L) rend plus de service et donne de la tenue au rhum, tout comme les épices plus présentes, mais autres mœurs autre mélange (et sauce). Note: 83
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