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Maroni[fique]
Suite à l’article intitulé « les racines du rhum« , je publierai de temps à autre des notes de dégustations d’anciens rhums -malheureusement disparus- dans une section à part entière : Rétro Rhum, que vous retrouverez dans le menu.
Aujourd’hui : le Rhum Maroni…
Mais d‘où viennent ces rhums si vieux qu’on les oublie au fond des caves, si ce n’est des esprits? Il faut chercher, il faut chiner, il faut de la patience mais parfois cela vaut réellement le coup, et toute cette attente est oubliée dès la première goutte, dès les premières effluves, magistralement, tout simplement…
prix : priceless ? Trouver une bouteille de ce rhum est déjà un exploit en soit, alors pouvoir lui donner un prix en est sûrement un autre auquel je ne me risquerai pas.
âge : là aussi, il est difficile de donner un âge à ces rhums d’un ancien temps, une époque qui n’en faisait que très rarement mention sur l’étiquette. Ce Maroni date des années 30/40, importé par Albert Coutou, un négociant basé à Bordeaux (il existe aussi un Grappe Blanche).
La seule référence de ce rhum que j’ai trouvé provient du roman « La Légende » d’un certain Joan de kat qui, je cite, raconte « la vie d’exception d’un gentleman-aventurier des mers, toujours sur la brèche », où à la page 186 il est mentionné: « à notre retour, Henri, qui devait finir le toit, n’a pratiquement rien fait, nous nous y mettons à trois, sur les échafaudages -le rhum Maroni aidant- le travail avance vite. » (…)
Maroni un rhum de maçon ? Le livre fait aussi référence à un cyclone (réva) qui a ravagé Tahiti dans les années 80. Maroni un rhum Tahitien alors ? Ce n’est toujours pas aussi simple et rappelons qu’il s’agit là d’un roman.
Après quelques nouvelles recherches, on découvre que Maroni, et plus précisément Saint-Laurent-du-Maroni, est une commune française située dans le département de la Guyane, fief de la Belle Cabresse. Et puisqu’à l’époque, il était assez courant pour les négociants de rhum de faire mention d’un lieu, il est tout à fait possible que ce soit bel et bien une indication géographique du lieu de production du rhum. Et quand on sait qu’en 1930, il n’y avait pas moins de 17 distilleries implantées en Guyane, c’est une sérieuse piste pour notre rhum…
Une robe ambrée, d’élégants reflets orangers et un disque verdâtre à faire pâlir d’envie les plus vieux rhums, des jambes épaisses digne de dame de joie de l’époque, bien en chair et séduisantes à l’excès. Les larmes qui se forment (car l’amour ne dure pas dans ces maisons-là) sont bien épaisses et ne suffiront pas à effacer le chagrin d’une rencontre éphémère, pas de sentiments garnement, pas de ça ici!
Un profil tellement gourmand et beurré que l’on a envie de croquer à même le verre, en tout cas bien avant que le rhum ne décide à s’exprimer. Est-ce ainsi que l’on respecte les plus nobles et anciens spiritueux? Un peu de tenue, de la rigueur, approfondissons le premier rendez vous… du fruit confit, bien macéré, du raisin surtout mais aussi de la figue, des fruits secs et à coque (amande), puis vient une chaleureuse odeur de pain d’épices, souvenir d’enfance du dimanche, et un coté mentholé rappelant lui aussi ces précieux moments dont souvent seul des odeurs restent, et où l’image semble à jamais floutée.
Un nez chaleureux tout du long, même si quelque peu alcooleux au départ, mais on l’apprivoise assez facilement, avec le temps tout vient à qui sait attendre… Et comme beaucoup de grands rhums, notre nez évolue en s’aérant, et la réglisse arrive, la pâte d’amande.. et ce raisin qui revient, quelle audace ! Accompagné maintenant de cannelle pour un nez qui décidément a beaucoup à raconter…
L’attaque en bouche est très douce et offre assez rapidement du répondant grâce notamment aux épices mais surtout à un boisé réglisse bien noir de toute beauté, très bien fondu et sans excès. Des notes de vieux tabac et quelques fruits secs finissent de vous réchauffer, progressivement mais avec une belle intensité et une maîtrise exemplaire.
On en vient à imaginer ce genre de rhum non dilué…et on se dit que c’est se faire du mal pour rien, que de toute façon on parle déjà de souvenir et que dans quelques minutes, on sera sûrement occupé autre chose, à s’occuper des petits ou à partir en balade, tout sauf à ces moments chargés d’histoire et de poésie, même si la porte reste ouverte.
Le final, car il en faut souvent un, est moyennement long mais restera jusqu’à ce que justement vous passiez à autre chose, de manière à vous rappeler quand même un peu, et même beaucoup, que vous venez de goûter à du grandiose, sans manquer de vous rappeler que c’est peut être la dernière fois d’ailleurs. Monde cruel… On est ici encore une fois sur des notes délicieuses de réglisse et de tabac, légèrement fruité, et le souvenir s’estompe, et la rancune réapparaît une dernière fois…une dernière fois.
Une nouvelle dégustation qui, au-delà de son côté qualitatif certain, fera du mal, car il sera malheureusement -et exceptionnellement- rare de pouvoir tomber sur une bouteille de Maroni, même si certaines caves obscures doivent toujours en cacher derrière plusieurs centimètres de poussières, sur des étagères gardées par des toiles d’araignées centenaires. Alors si au hasard de visites, vous découvrez une bouteille du doux nom de Maroni, empressez-vous de la glisser sous votre veste et partez, et surtout ne vous retournez pas sous peine de voir un nuage de poussière vous poursuivre ; il s’agit d’un gage d’authenticité que même les meilleurs adresses ne pourront vous garantir.
Une publicité d’époque retrouvé sur le web qui mentionne cette fois la provenance…c’est donc un vieux rhum de Martinique. |
Salut cyril,
Je ne comprends pas, ta photo vient de http://www.lespetitscelliers.com, où, si je ne m’abuse, on le trouve à 708€/btl….non ?
Bon, sinon, on a encore 5 jrs pour enchérir sur un prix de départ de 500€ sur ebay
@+ cyril
Salut Cyril
En effet mais cette bouteille peut aussi bien être trouvée à 100€ que 50 ou 800, …
il n’y a pas de règle, juste des hasards, même si étrangement l’annonce sur le site d’enchères vient juste après ma publication.. je ne cautionne biensur pas ce genre de pratique.
Ok. Merci pour la précision…sur e-bay, une mignonnette de ce rhum est en effet partie il y a peu à 2,5€ de mémoire…dommage, j’aurais pu gouter sans trop de risques…
@+ 😉
oui c’est un très bon moyen de gouter à ce genre de rhum sans risque, excepté celui de voir le rhum altéré à cause d’une mauvaise conservation ou d’un niveau d’alcool trop bas dans la bouteille. Mais mettre plus de 200€ dans cette bouteille n’est pas réellement justifié 🙁
Bonjour,
J’ai une bouteille rhum Maroni , quelqu’un peut il me donner une côte
Ps : elle n’est pas à vendre
Merci,
Le…v