Un océan de rhums
Voici une nouvelle gamme de rhums lancée par Santiago Bronchales, le maître assembleur de Ocean’s Rum. Une aventure qui se concrétise après des années de dur labeur et de recherches de perfection. Écouter ce Monsieur parler de son travail est une bénédiction et prouve que des hommes passionnés sont souvent à l’origine du rhum que nous retrouvons dans nos verres, et il est toujours bon de le rappeler.
3 gammes sont actuellement proposées par Ocean’s Rum : 3 assemblages de 7 ans (dont celui dégusté ici) aux caractères bien différents ; des rhums en éditions limitées sous le nom ‘Origen’, et enfin une sélection ‘Triple S’ : Single cask, vintage & origin (comprenez un seul fût, un seul millésime, une seule origine).
prix : entre 35 et 40€, 70cl et un classique 40°. Pas encore distribué en France mais on le trouve facilement chez nos voisins européens.
âge : il s’agit d’un assemblage de rhums de Jamaïque, de Dominique Républicaine et d’Espagne de 7 ans ; le tout affiné 2 ans dans des fûts de différentes origines et espèce + une année de repos avant embouteillage (afin de marier le tout).
Nous avons là un assemblage qui selon l’étiquette va nous apporter un goût profond et complexe, et pour cause : les rhums de Jamaïque (qui proviennent des distilleries Hampden, New Yarmouth, Clarendon et Long Pod) sont en majorité issus de pot still et donc surchargés arômatiquement. Le rhum de Dominique Républicaine lui provient de chez Pedro Oliver et devrait apporter un moelleux digne de n’importe quel rhum solera. Le rhum espagnol, issu de la distillerie Ocean apportera une certaine jeunesse/fougue.
Ce dernier rhum -100% espagnol- provient d’une petite production de la distillerie Aldea (située à La Palma, dans îles Canaries) qui cultive sa canne à sucre directement sur place. Le processus de vieillissement et d’affinage se passe quant à lui dans le cœur de la valée d’Alava dans le Pays Basque.
Une fois dans le verre le rhum présente une couleur ébène assez profonde et imposante, avec d’étincelants reflets orangers. Le rhum est d’aspect lourd et huileux, et de nombreuses et épaisses jambes se forment.
Le nez rappelle d’abord un rhum jamaïcain et toute sa complexité aromatique (pot still), avant de s’éclipser et de nous faire voyager dans des contrées beaucoup plus fruitées et moelleuses. Des fruits confits et bien mûres (orange et fruits rouges), caramélisés et vanillés, laissant même échapper une odeur surprenante de grenadine, de fraise, de framboise. Puis le rhum dévoile des épices et un boisé tout juste fumé et délicatement réglissé et fondu, mais sans jamais perdre ses senteurs de fruits rouges décidément peu communes et pour le moins intrigantes! Un nez résolument chaleureux, épais et complexe. Le fait que le rhum soit passé par différents fûts (de différentes origines et espèces) et à des degrés différents de toastage n’est pas étranger à l’affaire!
L’attaque en bouche est douce et moelleuse, et même liquoreuse, sur les fruits caramélisés et les épices douces avant de laisser place à un déluge de réglisse. C’est chaud et costaud, et toute cette réglisse, rappelant d’ailleurs plus le zan de notre enfance, est vraiment très présente. Les épices sont grillées et caramélisées, et la vanille toujours au rendez-vous. Une nouvelle fois on retrouve le résultat de l’affinage et du toastage des fûts dans un ensemble fondu.
Le final est moyennement long et toujours sur ces mêmes notes de zan et d’épices ; le rhum vous réchauffe et offre une belle persistance, et se termine par un gout fruité qui rappelle une nouvelle fois les fruits rouges. Les épices réapparaissent en fin de bouche avec une note légèrement poivrée.
je ne suis pas un grand fan d’assemblages de rhums de différentes origines, mais il faut dire que l’on retrouve ici les caractéristiques de chaque rhum, ou plutôt de chaque pays producteur, et le mariage est plutôt réussi. L’affinage dans des fûts différents apportent de la rondeur supplémentaire et sûrement ce goût si particulier de fruits rouges sucrés. On se dit qu’il doit y avoir un sacré travail derrière ce genre de rhum, et surtout beaucoup de temps passé à trouver le « bon » équilibre. Si vous aimez les rhums ‘sucrés’ et faciles d’accès, vous aimerez forcément les rhums Ocean. Et les amateurs de mixologie trouveront peut être là une bonne base de cocktail pour de nouvelles créations, profondes et singulières… Note : 74.5
|
Pfff, tu veux me faire perdre ma chemise, je ne sais plus où donner du portefeuille 🙁 !
Ce rhum est très intriguant et tu as su piquer ma curiosité. Ocean’s Rum n’est pas au RhumFest, c’est bien dommage …
J’ai une bouteille à la maison qui ne demande qu’à se vider ! (il faut bien faire de la place)
il était trop tard pour la réservation, mais peut etre l’année prochaine pour le rhumfest ?
Hello Cyril,
Bon, comme convenu, je me suis « attaqué » à ce rhum ce soir … La seule véritable surprise à la dégustation, en comparaison de tes propres notes de dégustation, concerne la robe : Tu parles d’une couleur ébène profonde alors que je vois une robe cuivrée, moins foncée et rouge que celle de mon Pusser’s Navy Rum de référence par exemple.
Par contre j’ai bien retrouvée la chaleur du nez que tu as évoquée, les fruits caramélisés et le moelleux. Je n’ai pas su identifier son origine jamaïcaine et pas plus les fruits rouges mais ça ne me surprend pas parce que mon nez n’est ni très fin, ni très éduqué.
Je te rejoins également sur l’attaque en bouche, douce et moelleuse, un peu moins sur le côté liquoreux, mais j’imagine que tout est relatif : Comparé au Don Papa, ce rhum est un monstre de brutalité, comparé au Damoiseau XO, je veux bien lui reconnaître un côté moelleux.
Plus sérieusement j’aime beaucoup l’entrée en bouche de ce rhum : Vraiment moelleuse sans tomber dans le côté « bonbec » d’un Don Papa ou même, plus subtile, d’un Arcane Extraroma. La force de l’alcool est bien présente, mais sans brutalité, les fruits caramélisés et la vanille sont là eux aussi, bien équilibrés, sans saturation du caramel. Je ne retrouve pas vraiment non plus les fruits rouges, mais je ne fais pas plus confiance à mon palais qu’à mon nez. Par contre ce que je retrouve sans problème c’est le zan en arrière-goût, vraiment très surprenant.
La réglisse reste très présente en note finale.
En conclusion je trouve ce rhum très agréable et très équilibré. Je pense qu’il est une bonne passerelle pour des novices, comme moi, qui souhaiteraient évoluer de rhums faciles d’accès comme le Zacapa « 23 ans » ou le Diplomatico Reserva Exclusiva vers des rhums plus « sérieux » et charpentés. Je pourrais lui faire le reproche d’être un peu trop léger, de ne pas tout à fait suffisamment saturer mon palais, mais c’est également ce qui fait son charme. A noter que ceux qui n’apprécient pas les rhums trop boisés (ce qui est mon cas) y trouveront leur compte. C’est pour moi une belle découverte et je te remercie vraiment, Cyril, de me l’avoir fait découvrir. Je n’ai plus qu’à me trouver un dealer 😉
Merci de partager tes impressions avec autant de details. Je l’ai re goûté dernièrement et il passe mieux sur glace pour ma part, le côté caramelisé apporté par les différents brulages des fûts peut écoeurer à force. Mais il passe bien et le prix est correct, ne reste qu’à le trouver… 😉