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Le goût d’Antan
Voici la suite de notre voyage au pays des rhums de négoce, avec 3 nouveaux prétendants, ou plutôt 2, puisque le troisième est en fait une crème de rhum vieux.
Rhum Baguerra
« Rhum Naturel » Baguerra, qui porte la mention D (pour digestif) ; selon l’étiquette : un rhum qui « se recommande aux consommateurs par sa pureté et la finesse de son arôme ». Mis en bouteilles à l’importation par A. Clauzure (basé à Cognac). A noter qu’il existe aussi un rhum BAGHEERA, mais qui n’a rien à voir avec celui-ci.
Une couleur acajou tirant sur le cuivré, huileux avec des jambes très épaisses et gourmandes. Le disque à la surface réconforte et laisse imaginer un rhum assez vieux. Au nez c’est très fruité, sur la compotée de fruits (mangue, abricot, banane), de la vanille et du massepain, et des épices très douces (cannelle, gingembre), de la noisette. Un nez chaleureux qui devient réglissé avec le repos. Le genre de rhum qui n’a rien perdu malgré le temps passé enfermé (au moins au nez). En bouche, c’est très doux et légèrement huileux, sur les fruits secs (raisins, pruneaux) et les épices (cannelle), avant de voir débarquer un boisé (réglisse) qui s’installera progressivement. La Fin de bouche est assez simple, courte, et reste sur ce boisé, conquérant et épicé (cannelle), chaud et en douceur.
Un nez très sympa et une bouche en demi-teinte mais avec du potentiel ; pas si mal comparé aux autres mignonnettes qui souvent ont du mal à passer le nez. Note: 78
Rhum J.B. Girard
Un gros gabarit (10cl) et quelques informations intéressantes sur l’étiquette : ‘hors concours membre du jury / expo universelle de paris 1900.’ Le rhum est vendu par le négociant Lucas & Madar, « vendeur de spiritueux en gros », notamment spécialisé dans le rhum & le cognac. 40°
Belle couleur bronze, cacaotée et brillante, pour un rhum qui se pare de nombreuses jambes dégoulinantes. Au nez, beaucoup de pêche, de l’abricot, le tout rôti et légèrement caramélisé. Du zan arrive en force, du curry, pour un nez fruité et empyreumatique, aux épices grillées. Un côté médicinal aussi, de baume. En bouche c’est très concentré, gras, surtout pour un petit 40°. On retrouve les fruits rôtis (abricots, pêches, melon) et les notes grillées (épice, chêne), et le zan. La fin de bouche est longue et persistante, sur le zan et les fruits gorgés de sucre qui vous accompagneront un long moment.
Un rhum qui malgré le niveau dans la mini à garder de sa splendeur. Riche et plutôt bien équilibré, il est très agréable et reste longuement en bouche. Note: 83
Crème de Vieux Rhum
Voici une « Liqueur Extra Supérieure » titrant 29°, proposée jadis par Ernest Lasserre & Co (Bordeaux), un négociant-exportateur qui sortira quelques rhums (dont le rhum Moko), pricipalement dans les années 30. Même genre de bouteille élancée que pour le Baguerra, il s’agit d’une crème de rhum vieux. bouchon en liège.
Couleur acajou brillante, reflets orangers, et des jambes et des larmes énormes, un minimum pour une liqueur… Au nez, beaucoup de réglisse, et même pas grand chose d’autre à vrai dire, excepté des épices grillées. En bouche, c’est très gras et sucré, toujours sur cette réglisse, et plus particulièrement sur le zan en rouleau, fondu et sucré, qui semble tapisser tout l’intérieur de la bouche, vous rappelant au bon souvenir cette sucrerie intergénérationnelle. Ça va en s’intensifiant jusqu’à rester très longtemps en bouche. Une madeleine de Proust.
De la réglisse (zan) du début à la fin, et beaucoup sucre : une liqueur au zan avec sûrement un peu de rhum, mais si peu. Pas de note car ce n’est pas un rhum, mais un flashback assez sympathique.
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