un rhum et des ron

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Petite session sous le signe du Ron avec toujours le secret espoir de trouver une perle. Direction la Colombie avec la marque Medellin, puis le Paraguay avec le ron Fortin, et enfin en bonus le ‘dernier’ rhum de chez Négrita (pour ses similitudes avec le style, et aussi parce que je ne savais pas où le mettre). Mes excuses pour l’image en page d’accueil, qui colle à l’ambiance un peu courge de ces derniers jours (mais vous aurez quand même échappé à pire).

 

 

Ron Medellin 8 / 37,5°

Un rhum colombien donc, ‘Extra Anejo’, en provenance de la « distillerie » Antioquia. D’après la marque, leur rhum fait partie « des très rares rhums à avoir vieilli naturellement, lui garantissant pureté et qualité » ; comprenne qui pourra, mais espérons que par pureté, ils ne veulent pas dire « alcool de canne distillé à outrance ».

 

La robe de ce rhum est ambrée, d’une séduisante couleur caramel, et d’aspect très gras. Le côté caramel ne s’arrête d’ailleurs pas à la couleur puisque le nez en laisse échapper pas mal, dans un profil gourmand et pâtissier. C’est très vanillé, plutôt sec et assez sucré ; en cherchant sur le net, on apprend que de la vanille est utilisée durant la production, mais nous ne savons pas sous quelle forme, et s’il s’agit de vanilline (et au final, il s’agit plus d’un rhum arrangé/aromatisé). Le nez est assez piquant et vif, incisif, chose plutôt étonnante vu le faible degré d’embouteillage. Ça sent beaucoup l’alcool et le rhum évolue sur des notes sèches: fruits secs (banane, noix).

En bouche, l’attaque est très douce et légère, sur un chêne vanillé et épicé (cannelle), caramélisé, et de l’orange. Une bouche assez astringente au final, sèche, très courte et sans écho, principalement sur des notes d’alcool. C’est assez surprenant de sentir autant l’alcool sur un produit proposé à 37,5°, mais cela provient sûrement du distillat d’origine qui doit être très léger.

Un nez caramélisé et vanillé mais ce n’est pas suffisant pour cacher les odeurs d’alcool et la faiblesse aromatique du distillat. C’est la même chose en bouche avec une finale très sèche et pas toujours plaisante qui reste longuement. Note: 64

 

 


Ron Medellin 12 / 37,5°

Le même mais cette fois avec un 12 sur l’étiquette, et toujours à 37,5 petits degrés.

 

La robe est ambrée et tire sur le bronze, grasse et avec des jambes toujours très épaisses. Au nez, c’est tout aussi léger que le 8, sec et une nouvelle fois très marqué par l’alcool qui assèche. On est tout de même plus sur les fruits secs, de la noisette grillée et des épices. Toujours pas très complexe au nez, et avec les classiques caramel et vanille.

La bouche est légèrement huileuse, moelleuse même ; sucrée sur les fruits caramélisés et vanillés, et sèche sur l’alcool et le bois. On est dans un registre plus concentré que le 8, mais qui semble pour le coup aussi plus trafiqué : moelleux mais encore sec et incisif malgré le petit degré. L’alcool ressort nettement en fin de bouche, et le rhum disparait rapidement, comme s’il s’évaporait.

Plus gourmand que son petit frère le Medellin 8, avec une bouche très moelleuse, mais tout aussi simple, sucré, vanillé et caramélisé. Un rhum passe partout mais sans réel potentiel de dégustation, avec un alcool présent du début à la fin. Note: 61

 



Fortin 3 / 40°

Nous voici maintenant au Paraguay avec le ron Fortin. Le site de la marque nous en apprend un peu plus que Medellin, et on y voit même leur installation pointant vers le ciel, mais on ne sait toujours pas comment est distillé le rhum.

 

Le rhum est ambré, doré, brillant et laisse apparaitre d’énormes jambes. Au nez, c’est frais et fruité, sur de l’exotisme rompu, sur des agrumes passés, de la poire et de la pomme acidulée (granny smith). Il y a aussi des herbes et un petit côté terreux qui donne à ce Ron de l’intérêt. Un Ron qui se démarque des trop habituels marqueurs du genre (caramel, vanille).

En bouche, c’est doux, sucré et très mielleux: on est sur des fruits caramélisés (banane), la vanille, mais toujours avec cette fraîcheur qui casse les codes. Plutôt bien équilibré (en tout cas bien plus que les rhums précédents), le rhum continue dans cette ambiance sucrée et gourmande, mais très collante. Un rhum dessert, très doucereux et facile. La fin de bouche est sèche, sur des notes d’alcool et de fruits séchés (banane) et toujours cette vanille qui apparait à cet instant assez chimique (vanilline?).

Retrouver autant ce côté mielleux collant et sucré sur un rhum qui affiche un petit 3 ans n’inspire guère confiance; pire, il interroge et ne laisse que peu de place aux doutes et à son côté traficoté. Et puisqu’il n’apparait pas sucré via le test au Anton Paar, il est à parier qu’il y a bien d’autres choses derrière celui-ci, sinon comment atteindre un tel résultat après 3 ans ?… Note: 65

 


Fortin 8 / 40°

Le même mais avec un autre chiffre sur l’étiquette. Et toujours ce « anejo en cubas de roble », mais sans vraiment savoir si cubas signifie que le vieillissement se passe en cuve ou en fût. Mais à en juger par leur site, il s’agirait vraisemblablement de cuve.

Couleur ambrée et robe grasse, jambes toujours bien dodues. Au nez, c’est très léger et doux, sur des notes de caramel et de vanille, de banane. Un rhum timide sans complexité mais qui laisse déjà présager une bouche mielleuse et sucrée.

Bingo, la bouche est mielleuse, caramélisée, mais aussi avec de la réglisse, des fruits secs et des épices. Nous retrouvons un côté mentholé (liqueur) qui donne un peu de peps et évite de tomber dans l’écœurement symptomatique. La fin de bouche est sèche, courte, une nouvelle fois sur le caramel et…alcooleuse.

Un rhum une nouvelle fois très (très) mielleux, voire même collant en bouche, et donc assez rapidement écœurant. L’alcool tranche un peu, mais assèche considérablement la bouche, jusqu’à faire littéralement disparaitre le ‘rhum’. Note: 66

 

 

Fortin propose des rhums beaucoup plus mielleux que Medellin et donc plus rapidement lassant (pour ne pas dire écœurant), mais qui apparaissent assez (trop) faibles pour être vraiment appréciés en dégustation pure. Ça tourne beaucoup autour d’arômes de caramel et de vanille qui apparaissent plus ou moins naturels, avec ce point commun de proposer un alcool sur présent et très asséchant. Avis aux amateurs du genre.

 

 


Negrita Top Series 2000-2006 / 38°

Voici un « assemblage des 50 meilleurs fûts sélectionnés pendant la période 2000/2006 par les maîtres de chais, limité à 24 200 bouteilles ». De biens belles promesses sur le papier, mais quelques interrogations tout de même: pourquoi abaissé l’assemblage à un si faible degré s’il s’agit des meilleurs fûts? Et pourquoi y ajouter du sucre (mesuré entre 4 et 7gr/L) ?

Jouer sur une sélection du meilleur de ‘Negrita’ mériterait sûrement un alcool au moins à 40°, et surtout sans ajout afin de respecter ces 50 fûts d’exception, et leur identité. Et peut-on réellement qualifier de ‘limitée’ une production de 24 200 bouteilles ? Le consommateur appréciera une nouvelle fois la communication. Vous ne voulez quand même pas savoir l’âge aussi ? Pour 20€, on s’en passera aussi.

 

La couleur de ce rhum est ambré oranger, et propose une robe huileuse aux jambes surdimensionnées, très épaisses et collantes.

Au nez, c’est très léger et caramélisé à l’excès, vanillé aussi, avec l’impression d’être au dessus d’un Ron (d’où sa place dans le line-up). L’ambiance est légèrement piquante, astringente et ma fois très beurrée : malgré le petit 38° l’alcool est présent et par conséquent pas très bien intégré à l’ensemble. On est sur l’abricot sec, c’est simple et assez sucré, et tout est caché derrière un caramel sur présent.

La bouche est très légère, huileuse, sur le caramel et la vanille, le sucre candy, les fruits secs et un boisé piquant, sur l’amertume. Une bouche qui rappelle une nouvelle fois un Ron, sur la réglisse et le caramel, la vanille. Sommes-nous sérieusement devant un rhum agricole ? à mon sens, pas du tout. Les épices et la réglisse donnent un peu de tonus et cassent le sucre, mais l’amertume reste jusqu’en fin de bouche, qui est courte et assez expéditive, sèche (alcool), sur les épices principalement.

Un rhum aux allures de Ron et sans grande complexité, plutôt très plat et sans relief. La fin de bouche est expéditive . Négrita nous aura habitué à mieux, et ce n’est sans doute pas avec ce genre de produit qu’ils gagneront en popularité. Note: 58

 

90 et + : rhum exceptionnel et unique, c’est le must du must
entre 85 et 89 : rhum très recommandé, avec ce petit quelque chose qui fait la différence
entre 80 et 84 : rhum recommandable
75-79 POINTS : au-dessus de la moyenne
70-74 POINTS : dans la moyenne basse
moins de 70 : pas très bon
Comments
7 Responses to “un rhum et des ron”
  1. Nicolas dit :

    Bonjour,

    « le secret espoir de trouver une perle »

    Apparemment, c’était trop ambitieux 🙂

    PS : Des bouteilles à 40€, et avec ce qu’elles semblent contenir à l’intérieur, j’aimerai bien connaitre leurs marges !!!

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  2. Cyril dit :

    Slt cyril,
    Perso, quitte à « subir » une ambiance »courge », j’aime autant la 2ème option comme illustration…. 🙂
    Bon, sinon, avant de lire les résultats de tes dégustations, je te trouvais bien optimiste, je sais que c’est bientôt l’heure de faire semblant de croire au Père Nöel, mais qd même… ;-p
    En tous les cas, merci de t’être sacrifié et de nous avoir évité de gouter à ces trucs (qui s’en sortent pourtant bien en illustrations…).
    @+

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    • cyril dit :

      c’est toujours intéressant de gouter aux ron au final, car beaucoup en vendent comme des produits complexes et « super premium », mais au final quand on met en parallèle la méthode de fabrication (et le % de sorti du distillat) et le produit fini, on comprend bien mieux les limites.

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  3. Cyril dit :

    Le résultat qui m’a le + étonné est celui du Negrita, pensant qu’ils « respecteraient » un minimum leur marque/image….comme quoi….

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    • cyril dit :

      pareil. ce rhum est sûrement réservé à un marché qui aime les alcools « légers »? parce que sortir un rhum au degré aussi faible en jouant sur le côté « sélection des meilleurs fûts » (qui plus est avec du sucre) ne fait que peu de sens au final.

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  4. Nate dit :

    Intéressant de lire ces reviews sur le ron Medellín. J’ai séjourné 3 mois à Medellín cet été. Effectivement leur rhum, que ce soit le 3, le 8 ou le 12 ans d’âge, n’est pas incroyable. D’ailleurs, ils le boivent avec du coca, même le 12 ans. Cependant, ils avaient sortis une édition 30 ans d’âge collector que j’étais curieux d’essayer. Je ne l’avais finalement pas achetée mais je suis toujours en quête d’un review sur celle-ci hihi.

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    • cyril dit :

      Bonjour Nate et merci pour ton message
      j’ose à peine imaginer le prix de cette édition collector, et même son rapport qualité/prix, mais à l’occasion… 🙂

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