Du nouveau chez Velier

La boutique éphémère Velier Pure Single Rum -qui a fermé ses portes le 20 mai après quelques jours de prolongation- était aussi l’occasion de déguster les nouveautés à venir de chez Velier. Une nouvelle sélection de 4 rhums Demerara que Luca Gargano avait déjà évoqué dans notre interview. Parmi eux 2 rhums légers (light) et 2 assemblages (blend) historiques car réalisés avant vieillissement. Petite dégustation croisée de quelques samples…

[les dates d’embouteillages correspondent à celles des échantillons, il se peut donc qu’elle soient différentes lors de la mise sur le marché des rhums dans le courant de l’année]

Diamond & Versailles 1996
SVSG 1996/2013 (57,9°) 2 fûts

Distillé en 1996 et embouteillé en 2013 à 57° , il s’agit d’un blend (assemblage) de rhums en provenance de Diamond (<S>) et de son alambic à colonnes en métal (Metal Coffey Still), et de Versailles (VSG) et de son célèbre alambic à repasse (pot still) en bois. Un blend historique et expérimental car réalisé avant le vieillissement et directement dans le fût.

Un superbe nez complexe et fumé (tabac), des fruits confits (abricot), du caramel et de la réglisse, assez lourd et épais mais qui à l’aération s’ouvre sur des notes beaucoup plus douces et fruitées, sur de l’exotisme et des épices fondues. Un nez complexe et qui devient gourmand à en saliver… presque beurré, et avec toujours ce voile fumé en toile de fond.

L’entrée en bouche est douce et plutôt onctueuse (concentré comme la plupart des rhums Demerara de Velier, riche de leur vieillissement tropical), sur le fruité d’abord pour poursuivre sur ce fumé qui prend de plus en plus de place, bientôt mélangé aux épices (+réglisse). Le fumé qui a des allures de feuille de tabac mène la danse et laisse une légère amertume en bouche, sur un final long et chaleureux, bien équilibré. Le verre vide est un parfum léger et rond qui donne l’envie d’y retourner derechef.

C’est la première fois que je retrouve cette touche de fumé dans un rhum Demerara, l’effet Versailles? J’aime beaucoup le duo fruité/fumé qui fonctionne très bien et le rhum aura à coup sûr une bonne place sur mon étagère.

 Diamond &Port Mourant 1995
<SV>PM 1995/2013 (62,1°) 2 fûts

Distillé en 95 et embouteillé 18 ans plus tard au taux de 62,1°, il s’agit d’une autre expérimentation de DDL, un autre assemblage avant vieillissement: Diamond (<SV>) et ses colonnes en métal, et Port Mourant (PM) et son double alambic à repasse en bois plusieurs fois centenaire. Voyons voir si nous retrouvons ce côté fumé ou bien même autre chose…

Le nez est encore plus concentré que l’assemblage Diamond/Versailles et on retrouve ce fumé toujours aussi plaisant, même si il est beaucoup plus discret et surtout caché derrières des arômes grillés empyreumatiques beaucoup plus nombreux: fruits secs grillés, mocca/café, et ce boisé humide si chère aux rhums Port Mourant, véritable marque de fabrique. Moins de légèreté que son petit frère le nez est plus puissant et l’alcool plus présent. Laissons lui un peu de repos…

Le temps passe et le rhum ne semble pas s’ouvrir, au contraire il se renforce et semble concentrer les arômes précédemment cités pour ne faire qu’un. L’alcool est toujours assez présent et de petits relents sucrés semblent laisser penser à un peu d’exotisme et de fruits, mais si peu.

L’attaque est une nouvelle fois concentré et onctueuse, puissante et épicés mais moins ‘douloureuse’ que semblait laisser penser le nez. Ça monte en puissance assez rapidement sur les épices et le boisé pour un final très long et explosif. Ça chauffe et nul doute que ce rhum plaira d’avantage aux amateurs de Whisky et aux habitués des alcools puissants, même si celui-ci reste très intéressant.

Uitvlugt 1997
ULR 1997/2013 (59,7°) 5 fûts

ULR pour Uitvlugt Light Rum. Nous quittons le monde des assemblages pour un rhum dit ‘léger’ qui provient de l’alambic Savalle, un alambic à 4 colonnes qui peut sortir selon les besoins et les envies des rhums aux styles différents plus ou moins riches (citons Albion, Blairmont ou encore Skeldon). Ce rhum de 16 ans a été fait en 1997 et titre 59,7°

Voilà un nez qui en impose non sans rappeler un Enmore 95, lourd et très aromatique. Le fort degré est plutôt bien intégré même s’il est de mise d’y aller avec précaution. Appeler ça un rhum ‘léger’ est pour le moins surprenant et déroutant et j’ai du mal à cet instant à imaginer s’il ne l’était pas. C’est lourd et gourmand à la fois, avec des fruits caramélisés (abricot, banane), de la pâte d’amande, de la réglisse et des épices fondues (pain d’épices), résineux mais séduisant, complétement à mon goût….

En bouche c’est épais et puissant, sur les fruits confits mais aussi des agrumes, une bonne dose d’épices encore et de la réglisse ; le final est moyennement long mais propose une persistance intéressante sur les épices, peut être le côté light du rhum ?

Un nez top mais un final qui laisse peut être un peu sur la faim (tout est relatif et le final reste bien au dessus de beaucoup d’autres rhums plus classiques).

Uitvlugt 1996
MODIFIED GS 1996/2013 (57,2°) 4 fûts

MOD GS pour « MODified GS », soit un autre rhum expérimental en provenance de Uitvlugt et l’alambic Savalle mais c’est fois ‘coupé’ à 15% ; on devrait donc peut être avoir un rhum vraiment light (léger).

Le nez est en effet beaucoup plus léger que la version ULR ci-dessus, mais tout en restant très aromatique avec un degré qui passe lui aussi assez bien. On est sur la même palette aromatique qui semble propre à l’alambic Savalle qui décidément me plait beaucoup .

On est toujours sur des notes empyreumatiques, grillées et même brulées, presque animales, des fruits confits, caramélisés à l’excès. Exubérant ! Pas mal de café aussi pour un peu plus de chaleur, des fruits secs et une touche florale qui semble transformer le rhum de temps à autre, virevoltant entre lourdeur et légèreté.

L’attaque est douce et beaucoup plus facile, sur les mêmes notes avec de la réglisse en plus, pour un final long et savoureux qui s’installe très longuement. Plus complexe et léger que le ULR.

Pour conclure sur cette petite dégustation croisée, nous pouvons déjà dire que les 4 prochains rhums de Velier sont très complémentaires et que chaque amateur y trouvera son compte.

D’un côté il y a deux assemblages: un beaucoup plus facile (SVSG) que l’autre, plus puissant (SV/PM).
Et de l’autre deux rhums ‘légers’ : Un qui sera peut être plus réservé aux initiés (ULR) et le MOD GS beaucoup plus accessible et vraiment léger pour le coup, au final bluffant.

Il y en a pour tout le monde, beau boulot de sélection pour cette sortie attendue par beaucoup avec patience. Il est à noter que nous devrions pouvoir nous les procurer avant le Whisky Live, et même surement dès cet été…