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Blague Tot
Voici un rhum riche d’une histoire vieille de plus de 300 ans, un rhum qui aura marqué les esprits des marins de la Royal Navy de 1689 à 1970, année qui marquera la fin d’une habitude pour le moins surprenante : on avait en effet l’habitude durant toute cette période de donner quotidiennement aux marins une ration de rhum sur les navires. En 2010, soit 40 années après la fin de cette coutume, Specialty Drinks (un spécialiste des vieux alcools basé à Londres) a retrouvé les derniers stocks de ce mythique rhum qu’elle décide commercialiser sous le nom de Black Tot, the Last Consignment…
prix : plus de 700€ pour 70cl et 54,3°. La bouteille est blottie dans une luxueuse caisse en bois, comprenant un livret historique (signé Dave Broom) et une tasse pour boire sa ration. 7 000 bouteilles sont en circulation.
âge : inconnu ; nous savons simplement que le rhum de la Royal Navy était un blend (assemblage) de rhums importés des Antilles et principalement des Barbades, du Guyana, de Jamaïque et de Trinidad. La recette précise n’est pas connue car elle a changée à plusieurs reprises durant l’histoire, selon les approvisionnements et d’autres aléas de l’époque. Au 18eme siècle nous savons par exemple que c’est le rhum de l’alambic et ancienne distillerie Port Mourant qui constituait 80% de cet assemblage avec les rhums des Barbades et de Trinidad (d’après le livre Rum: Yesterday & Today de Hugh Barty King et Anton Massel publié en 1983).
Beaucoup de mystère autour de ce rhum et certainement un coup marketing orchestré de main de maitre par ceux qui, un jour, ont retrouvé des stocks qui dormaient depuis 40 ans dans des entrepôts de l’armée britannique ; Entreposés dans des urnes en pierre, chacun proposant un caractère différent, ils ont été ensuite assemblés pour donner ce Last Consignment.
L’histoire nous montre que le rhum servi à l’époque aux marins était un blend qui pouvait changer avec le temps et selon les rhums reçus par l’assembleur : il a donc été décidé d’utiliser une méthode de vieillissement de type Solera afin de garantir un produit au goût constant, pour ne froisser personne et encore moins changer les habitudes de la marine. Une certaine homogénéité était donc assurée par ce système, les plus vieux rhums de la Solera assurant caractère et intensité aromatique aux plus jeunes. Ce Black Tot Last Consignment se veut donc un ersatz du passé, un goût plus ou moins véridique de ce que pouvaient boire les troupes de sa majesté pour se réchauffer et puiser leur force avant -et après- la bataille.
Notre ration présente une couleur acajou tirant sur le rubis intense, puis quelques bulles, preuves d’une viscosité avancée et déjà de larges jambes apparaissent qui dégoulinent sous le joug des armes de nos marins dandy, près à en découdre.
Le nez est boisé et poudré à souhait, du cuir humide et de mélasse bien sombre et amère, du fruité outrageusement mûr et légèrement rance, des épices à réveiller vos ardeurs (gingembre et cannelle), non sans rappeler la touche Port Mourant avec ce boisé humide et imbibé. On s’enfonce dangereusement dans les cales du bateau avant qu’un vent de fraicheur, d’agrumes, ne donne enfin un peu d’espoir, un peu de lumière dans toute cette obscurité. Il faut en profiter car l’accalmie ne dure pas, et c’est maintenant un voile de fumé caramélisé qui vient brouiller votre odorat, et des fruits secs (raisin, pruneaux), à coque (noix), et toujours cette mélasse extrême, bien trop présente pour être agréable. Un nez aussi pesant que l’ambiance qui devait régner alors sur les navires, excessive et brut, cacaotée et poudrée, dure et prête à exploser.
L’attaque est saisissante, presque brutale, et épaisse : du chêne humide, amère, fumé (tabac/cuir), de la réglisse et toujours cette sensation poudrée et mélassée qui vient maintenant coller au palais en attendant d’être saisie par une flamme (ou plus simplement de l’eau) ; l’explosion est imminente et les épices se font plus insistantes (poivre noir, piment) et finissent de réveiller la moindre de vos errances ; il est ardu de garder ce rhum en bouche très longtemps tellement ça vous attaque de l’intérieur. Le temps n’est pas au repos et le message du rhum est plutôt clair : ne pas s’endormir, ne pas baisser sa garde ni la vigilance, et ça marche. On ne rêve pas d’exotisme mais de piraterie, la bouche est austère et résolument noire et boisée. Une sucrosité certaine à l’attaque, cette mélasse encore et sûrement les fruits.
Le final est comme la bouche, toujours dans une dominante sèche, poudrée et boisée : le chêne, le tabac, la réglisse, le cacao amer, le rhum fait son travail très longuement, délivrant même des arômes de fruits noirs sur la fin (cassis), avec toujours cette impression d’en avoir de tapissé sur le palais. Le rhum est bien vivant et continue même à vous hanter… durant un long, très long moment. Même une bonne heure après la dégustation vous avez toujours l’impression d’avoir le rhum en bouche, ou en tout cas son souvenir qui ne semble pas vouloir partir, pour le meilleur, ou pour le pire.
J’ai toujours eu des à priori sur ce rhum et il m’a fallu un certain temps avant de succomber à la tentation, et je ne m’attendais pas honnêtement à du grandiose, et bien m’en a pris… C’est bien un Navy Rum mais on reste dans du classique, certes avec un bel emballage autour et une histoire à faire revivre les livres les plus poussiéreux ; Mais de là à débourser quelques 700€ il ne faut pas pousser, à ce prix là c’est justement l’histoire que vous achetez, une pièce de collection à garder précieusement, mais sûrement pas un excellent rhum de dégustation, aussi honnête soit-il. Sans compter que nous ne savons quasiment rien sur cet assemblage, ses origines exactes, son âge…
La bouche est puissante, mais l’assemblage ne fonctionne pas, trop de mélasse, trop de bois ; peut-être n’auraient-ils pas dû assembler les jarres de rhum entres elles ? On ne le saura malheureusement jamais… Et dire que ce rhum est servi lors de grands événements royaux nous montre -si besoin est- le goût étrange et douteux de nos amis anglais. Note : 76.5
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Wow. Even with your doubts, you make me want to stop messing around and get this rum. I almost bought it in October, but that price tag …
find a sample if you can, it could be enough to start with 😉
I’m greedy, so I want the whole bottle. I’m also generous, so I want the whole bottle to share with my friends 🙂
Pour une fois je trouve ta note et ton commentaire un tout petit peu sévère…
Mais…
Pourtant je l’ai trouvé moi aussi effectivement assez décevant ce Black Tot…
Enfin, il n’est pas mauvais du tout mais pour 700 € on est en droit d’en attendre,
et d’en avoir vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup plus !!!
C’est là que le bas blesse; c’est un (bon ) Navy Rum
mais ce n’est guère plus qu’un Navy Rum.
J’avais oublié qu’il faisait 54,3%, l’alcool est je trouve bien intégré
(et je ne le trouve donc pas vraiment saisissant ou brutal;
presque en demi-teinte) mais c’est ce qui le sauve par rapport
à un O.V.D. à 40% par ailleurs plutôt monolithique et bien trop caramel
(j’en ai bu un lichette juste après) mais finalement je me demande quand même
s’il soutiendrait la comparaison, confronté à un Pusser’s (le 15 ans ou le 54,5%
mais je n’ai plus que du 75%) ou a un Wood’s 100 (sur lequel je n’ai pas encore
réussi à mettre la main)…
Mais bon, ce n’était qu’une première passe sur mon petit sample,
je lui donnerai une seconde chance…
A+ !
oui un bon Navy Rum sauvé par son ‘fort’ degré ; Dilué à 40° je n’ose même pas imaginer le résultat (
peut-êtresurement du niveau d’un OVD avec un coté mélasse/caramel vraiment trop présentJ’aime assez l’O.V.D. moi, pour ce que ça coûte…
Mais le Black Tot à 40%, ce serait la cata !
Mais il faut que je réussise à me trouver une quille de Wood’s
(à chaque fois que j’ai une opportunité la commande groupée tombe à l’eau, hélas)…
A + !