Berry Bros Demerara 1975
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Un Royal rhum
Berry Brothers & Rudd est le plus ancien marchand de vins et de spiritueux du Royaume-Uni, qui œuvre depuis 1698, rien que ça… Au cours des dernières décennies est lancée la série Berry Own Selection qui propose de nombreux rhums de différentes origines, dont certaines très vieilles et rares bouteilles, comme ce rhum Demerara de 1975. Aucun colorant ni aucune transformation ici, de l’authentique (juste un taux d’alcool standardisé à 46°) vieilli au frais dans des entrepôts anglais.
prix : 150€ pour 70cl d’histoire, le tout à un taux de 46° ; le prix est assez identique aux autres rhums du même âge disponibles chez d’autres embouteilleurs (Cadenhead Green Label 1975, Bristol Classic Port Mourant 1980). âge : ce rhum est âgé d’un exceptionnel 32 ans. D’abord distillé au Guyana en 1975 à l’aide du célèbre alambic Port Mourant (un double alambic à repasse en bois) il sera embouteillé en 2007 dans les entrepôts de Berry Bros en Angleterre à un taux de 46%. Le temps de vieillissement en Angleterre (et donc sous un climat continental) n’est pas connu exactement. Une bouteille au look somme toute classique pour un rhum d’exception. Sachant que Berry Bros est le fournisseur officiel de la famille royale d’Angleterre, on comprend mieux ce classicisme, c’est sobre et efficace, sans artifice et on aime ça ! On imagine alors qu’on paye surtout le liquide et non un packaging surfait. Intéressons nous un instant à l’alambic utilisé, puisqu’il représente à lui seul l’identité du rhum, sa marque aromatique par excellence. On le retrouve indiqué sur trop peut de bouteilles (majoritairement sur celles proposées par ces embouteilleurs indépendants, dont Berry Bros, Velier, Samaroli, Cadenhead,..) c’est pourtant un élément clé qui permet de plus de pouvoir comparer deux rhums entre eux. Celui utilisé ici est l’alambic Port Mourant, un double alambic en bois unique au monde, qui a la particularité de donner un rhum lourd, qui sert notamment à la fabrication des Navy Rum et autres Dark Rum. (on le retrouve aussi dans les rhums El Dorado). Un gout et une odeur bien reconnaissable. Mais passons aux choses sérieuses… Le rhum présente une couleur imposante ambré très foncée tirant presque vers le rouge. Le disque verdâtre en surface nous rappelle -si besoin était- les longues années passées dans le fût. Après une légère agitation du verre la robe laisse apparaitre d’énormes jambes tout autour du verre qui semblent tisser un réseau de veines surdimensionnées, comme si le rhum voulait tout de suite en imposer et montrer au simple dégustateur que je suis qu’il est bien vivant ; mais cette démonstration de force s’estompe progressivement pour laisser place à un ballet de goutte à goutte qui tombe amoureusement vers le fond, marquant une trêve bien méritée, et signe du début des festivités… Il se dégage de ce rhum une odeur à la fois chaleureuse et élégante, mais aussi intense, qui s’ouvre pleinement après quelques minutes de repos. On reconnait d’emblée la marque de fabrique de l’alambic Port Morant : une odeur de cire caoutchouteuse, de vernis ou encore de peinture fraîche où se mêlent épices, mélasse et réglisse (anis), avec cette odeur boisée assez spécifique, marqué et ancienne, une odeur rappelant ces vieux meubles prisonniers des maisons de nos ancêtres. On se sent bien au dessus de ce verre, plus on patiente et plus il nous parle de son passé, plus il nous dévoile de son histoire et de ses tourments, est le moins que l’on puisse dire est qu’il très démonstratif! Il dévoile même un arôme animale, si caractéristique de certains vieux vins rouges : du musc, de la viande crue, du cuir… On ne peut que rester humble devant autant de sagesse, et on ne peut que se sentir en confiance, comme réconforté. C’est donc déjà conquis et avec une certaine confiance que le rhum arrive en bouche, tout aussi chaleureux que le nez, avec un petit côté nerveux tout de même, une pointe de piquant mais tout juste assez douce pour ne pas nous sortir de notre rêverie. Du chêne à profusion (tanins), des fruits secs (surtout du raisin), une certaine amertume apportée par de l’orange, et une liste impressionnante d’épices (dont la cannelle et la muscade, et un côté salé/poivré) et une pointe de réglisse. Tout est merveilleusement mélangé, mais sans tomber dans la facilité, chaleureux et intense à la fois. La sortie est très longue et épicée, avec un boisé toujours aussi présent et fort mais très bien équilibré. Le raisin refait une apparition salvatrice avant de laisser un gout apaisant en bouche, ponctué par une touche de sucre brun légèrement brûlé. La conversation prend fin sur ces belles notes et appelle déjà au verre suivant, seule solution pour poursuivre les (d)ébats déjà entamés.
Très belle bouteille que nous propose ici Berry Bros ! Les arômes sont chaleureux et intenses et nous rappellent sans nul doute une maturité exemplaire. Des rhums de cet âge il en existe à l’identique chez d’autres embouteilleurs, citons comme exemple celui de Bristol Classic (Port Mourant 1980) ou encore le Cadenhead Green Label 1975, mais s’il en fallait un seul, s’il fallait se faire plaisir sur une bouteille (car ce n’est pas donné), alors le Berry Bros serait le choix ultime. Et pour ce luxe vous pourrez même poursuivre le rêve un long moment le nez au dessus du verre vide, succès garanti. Note : 85 |
pour vous (et m’y) retrouver, concernant les notes:90 et + : rhum exceptionnel et unique, c’est le must du must
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Definitely a high quality rum and a fine example for very good Demerara.
I like it too. 🙂
Thanks for the review!
u’re welcome Marco 😀
Belle revue 🙂
J’ai toujours une bouteille de Port Mourant 93 qui vient du même alambic si j’ai bien compris….
Du coup pour comparer je prendrais bien une bouteille de celui ci. Ou peut on en commander ?
Merci
Bonsoir Gautier et merci
certains cavistes spécialisés doivent encore le proposer (sur Paris), sinon via internet (sites d’enchères, etc..). Et si vous parlez du Port Mourant 93 de chez Velier la comparaison reste possible mais difficile : le rhum de chez Velier a vieillit 13 ans sous les tropiques et se trouve donc etre assez concentré en plus d’etre brut de fut (65°), alors que celui de Berry Bros a passer la plupart de son temps en Europe avant d’être dilué avec de l’eau pour atteindre un ‘petit’ 46°, le rendant beaucoup plus accessible au palais
Merci pour votre réponse.
Il est différent du Port Mourant, raison de plus pour essayer de le gouter 🙂
Je me mets en recherche…
J’ai bien peur de n’être pas encore mûr pour ce genre de rhums (et mon portefeuille non plus ;)). Je progresse en matière de rhums vieux mais la présence prédominante de tanins et/ou de boisé n’est pas vraiment ma tasse de thé. J’ai d’ailleurs le même problème avec les vins rouges trop forts en tanins.
De ceux que j’ai goûté, mes rhums préférés restent l’El Dorado 15 ans d’âge (en attendant de pouvoir goûter le 21 ans) et le Nelson’s Blood de Pusser’s Navy rum (15 ans d’âge également).
il passe très bien et reste assez accessible (comparé aux monstres de chez Velier 😉 ), et il a quelques traits de similitude avec les rhums de Pussers forcément, mais c’est vrai avec des tanins bien présents…
Great review of a great rum. Glad you managed to find yourself a bottle, and enjoyed it.
Ou peut on se procurer cette pepite svp ?
Bonjour François
sur le net la bouteille est encore trouvable sur des sites étrangers mais néanmoins sérieux. Pour ce qui est de la France ce sera plus difficile voir impossible…
Pouvez vous me donner le nom de quelques sites etrangers serieux ou je peux commander ?
Merci d avance
le site italien oldwhisky.net par exemple
Merci beaucoup 🙂
Bonjour,
Existe t-il une version Velier ?
Bonjour
Du même rhum je ne pense pas mais Velier propose de nombreux rhums Demerara, dont un Port Morant 1974 et 1975. En brut de fût
Intéressant !
Silver Seal propose aussi un Port Mourant de 75, un peu plus vieux (37 ans) et je crois qu’ils ont 2 fûts mais ça tourne plutôt autour de 50°.
Le prix est sensiblement différent (600€!), le packaging très sympa (voire too much) et j’ai pu lire un retour dithyrambique sur un site italien… Du coup je me demandais si tu l’as aussi goûté/comparé?
Salut Julien
hasard ou non , je l’ai gouté il y 3 jours, en compagnie d’un Gordon Mac Phail 1974 et du velier PM 1974. Une note suivra prochainement 😉
Les prix de Silver Seal restent élevés de manière générale (d’autant plus quand on voit le manque de sérieux dans les informations qui sont parfois erronées sur leurs embouteillages) ; mais je dois dire que ce PM 75 (celui à 51,1°) est monstrueux… Très différent de ce Berry Bros, et tellement concentré.