Chamarel 2009, 2010, 2011

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Nous nous sommes déjà arrêtés l’année passée sur Chamarel (ici même) et 3 de leurs rhums dont un succulent Single Barrel 2008 qui commémorait la toute première récolte de la distillerie ; nous revenons aujourd’hui sur sa « suite », un millésime 2009, toujours âgé de 6 ans et embouteillé à 45°.

L’occasion de goûter deux autres rhums de la même maison, mais cette fois embouteillés pour le 70ème anniversaire de Velier. Sélectionnés en août 2017 par Luca Gargano et Olivier Couacaud (directeur de Chamarel), c’est la première fois qu’un rhum de chez Chamarel est embouteillé et proposé au degré naturel (la réglementation mauricienne interdit d’embouteiller un rhum à plus de 50% d’alcool).

 

 

 

 

Chamarel Blend 2010-2014 / 56,5°

Un « vatted single rhum » élaboré à partir de pur jus de canne en provenance de la rhumerie Chamarel. Cet assemblage de rhums  distillés en 2010 et en 2014 (fûts #181 et #182) a vieilli sous un climat tropical avant d’être mis en bouteille (à 1 173 exemplaires) en 2017 à l’occasion des 70 ans de la Maison de Négoce Velier.


La robe est ambré tirant sur le vieil or, huileuse et brillante.
Au nez, c’est sucré et végétal, sur un foin enveloppé de miel et de vanille, sur une sorte d’hybride entre fourrage et canne à sucre. Le résultat est doucereux, mielleux, entre exotisme (agrumes, fruits verts) et herbes fraiches, mais où la quiétude l’emporte dans un métissage intéressant et rafraichissant. Les épices (cannelle) apportent tenue et sérieux, et l’exotisme persiste et signe un nez assez gourmand et ‘épais’. Une belle promesse pour la bouche.

En bouche, l’attaque est grasse et concentrée comme jamais, explosive. Végétal et fruité copulent pour accoucherd’un rhum à la fois gourmand et végétal, épicé (poivré) et vanillé. Ce n’est sans doute pas le rhum le plus complexe de l’année, mais on y passe un bon moment sans prise de tête et la concentration lui donne une autre dimension. La bouche devient un peu plus boisée et poivrée et se termine de manière assez sèche, persistant sur des notes empyreumatiques.

 

Un rhum pâtissier, beurré et concentré qui intéressera beaucoup les amateurs de Chamarel. Pour les autres, ce sera l’occasion de découvrir cette maison sans passer par la case « embouteillages officiels et souvent trop dilués ». Note: 85

 

 


 

 

Chamarel 2009 / 45°

Sa double distillation en alambic à repasse, son élevage en fûts neufs de chêne français (ex-Cognac), son embouteillage en 2015 en nombre limité de 700  bouteilles confèrent à ce 6 ans d’âge un profil déjà singulier.. Un second batch a été embouteillé du même millésime.

 

La couleur est ambrée tirant sur le cuivre, profondément huileuse et gourmande : elle laisse même apparaître de belles et épaisse jambes.
Au nez, ce single barrel 2009 est très riche et propose d’entrée une très belle concentration, gourmande, chaude et humide, envoûtante et cacaotée ; il déclenche un plaisir labial et péniblement dissimulable: les fruits séchés sont mielleux et saupoudrés de bouillantes épices et de vanille endimanchée ; c’est beau et agricole, sec et vibrant avec un chêne juvénile et une aura végétale évidente et palpable (herbes sèches), des fruits à coques. Un rhum qui propose un beau voyage et une complexité assumée.

La bouche est légèrement huileuse et assez vive, vibrante. C’est cette fois le bois (incisif) et les épices qui dominent dans un ensemble plutôt sec et monolithique ; pas mal de tanins qui dessèchent progressivement le palais, tout juste visité par quelques fruits secs vanillés qui rattrapent et apportent un certain équilibre. La sortie est moyennement longue, toujours sèche, puis plus douce et épicée.

Un autre Singe Barrel et un autre profil. Le nez est envoûtant et superbement agréable, mais la bouche est en deçà et fera beaucoup parler le bois, jeune et pimpant. Le 2008 reste nettement plus complexe, riche et explosif. Note : 84

 

 


 

 

Chamarel 2011 Warren Khong (Edition 70 ans Velier) / 55,5°

Ce pure single rhum est issu de l’assemblage de 2 fûts (#i27 et #i28). Ces rhums ont vieilli 6 ans sous un climat tropical dans d’anciens fûts de chêne français ayant contenu jadis du cognac. Une édition limitée à 592 bouteilles, mise en bouteille en 2017 à l’occasion des 70 ans de la Maison de Négoce Velier.



La robe est d’un léger ambré/vieil or, reluisante et huileuse. Les larmes coulent pianissimo.
Au nez, le profil est torréfié, chaleureux et délicatement caramélisé, sur un miel de fruits séchés et d’herbes faisandées. Le boisé est toasté et vanillé, et propose une ambiance classieuse et profonde. L’alcool est superbement bien intégré et la douceur règne. Poudreux, sur le cacao, épicé sur la cannelle et le poivre gris, on est bien au-dessus du verre, pensif et relâché. Entre gourmandise relâchée et sérieux assumé. Avec le repos, le fruit devient exotique et léger, vaporeux et à cœur. Sec et gourmand.

En bouche,  l’attaque est huileuse et très riche, enveloppante et presque résineuse. On reste très fidèle au nez, dans un bel équilibre (une belle explosion même) et surtout dans une profondeur jamais encore expérimentée chez Chamarel. Merci le degré naturel ! Les fruits secs crachent leur sucre et les épices hurlent dans une cacophonie régulée par un degré assumé. Il y a de la vie dans cette bouche, du vécu et des histoires, de la canne et des sucs. La fin de bouche est forcément longue, persistante, et toujours savoureuse sur de douces et chaudes épices, mais aussi de l’alcool et un chêne décomplexé.

 

Le nez, plutôt sage, allie simplicité et classe, alors que la bouche fera la vraie différence en proposant une belle explosion de saveurs (une première du genre chez Chamarel), avec peut-être un peu trop d’alcool au final. En comparaison croisée, ma préférence reste toujours sur le Single Barrel 2008 (Note:88) qui reste plus complet et sait conjuguer richesse, équilibre et plaisir (que ce soit au nez comme en bouche). Ce 2008 devait sans doute être fabuleux au degré naturel… ; Chamarel est décidément une maison très intéressante, et n’a sans doute pas besoin de bouteille noire pour briller. Note: 86

 

 

90 et + : rhum exceptionnel et unique, c’est le must du must
entre 85 et 89 : rhum très recommandé, avec ce petit quelque chose qui fait la différence
entre 80 et 84 : rhum recommandable
75-79 POINTS : au-dessus de la moyenne
70-74 POINTS : dans la moyenne basse
moins de 70 : pas très bon
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