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« Tatanka » est une entreprise artisanale réalisant des peintures à la main sur divers supports (bouteilles de rhum, pots de sucre de canne, mignonnettes,..) dans un style art naïf. Leur partenariat avec la distillerie Neisson remonte à 1996 et perdure encore aujourd’hui avec la sortie – ces deux dernières années – de deux rhums millésimés de 4 ans, sélectionnés et vendus en exclusivité par LMDW (La Maison du Whisky), ainsi que Velier pour le plus récent.
Chacun des millésimes est proposé en 3 peintures bien distinctes ; En 2010 les bouteilles prenaient les traits de l’Amarreuse, le Coupeur, ou encore la Distillerie, et étaient embouteillées dans des contenants de 1 litre à 46°, limitées à 120 exemplaires de chaque. Le millésime 2011 représente tour à tour le Carbet, Le Galion et le Corsaire, dans des bouteilles de 70cl, toujours embouteillées à 46°, mais cette fois éditées à 1400 exemplaires (720 pour LMDW et autant pour Velier).
Neisson « Tatanka » 2010 / 46°
Un rhum millésimé 2010 : mis en vieillissement en juillet 2010 et dépoté en juillet 2014, soit 4 ans de vieillissement. Embouteillé en 120 bouteilles de chaque (de 1 litre). Une exclu LMDW vendu en 2014.
La robe est d’un vieil or tirant sur l’oranger, d’allure classieuse et brillante ; les larmes qui se forment prennent leur temps, et nous avec.
Au nez, des fruits du verger semblent sortir du verre, comme beurrés ou briochés, chaud comme du bon pain, riche de sa pointe de sel existentielle. L’ambiance générale est fraîche mais chaleureuse, douce et poudreuse, capiteuse. Même avec un ‘petit’ 4 ans, on retrouve cette extrême finesse du chêne propre à Neisson. Un boisé tiré au cordeau, comme un trait franc et empreint de réalisme d’un peintre obsessionnel.
Avec le temps, les fruits du verger semblent laisser place à leurs homologues exotiques, et la pomme, à peine séparée de l’arbre, dans sa fuite mâture et finale, semble se muer en ananas, avant de se répandre sur le sol, offrant ses effluves lointaines et dépaysantes au temps qui passe. Le temps, justement, fait disparaitre ces traces graduellement, et annonce les prémices d’une fratrie de champignons, profitant de l’occasion pour gratter la terre fraîche assombrie par des arbres majestueux. Un terrain de jeux parfait, une terre vivante et nourricière, où même la cardamome semble réchauffer l’atmosphère, surréaliste et changeante, et bientôt déshabillée de son tégument de cuir, torréfiée à point, et offerte au quidam.
En bouche, c’est d’une délicatesse franche, et encore une fois fraîche, où tout semble se condenser: pêche, abricot, pomme, poire, mangue, une caresse buccale, finement épicée (clou de girofle) et poudreuse, crémeuse mais classieuse, salée et mielleuse. Tout marche de concert, et semble aller dans une même direction, celle du plaisir. Le végétal, si timide jusqu’à maintenant, fait valoir son droit d’entrée et rappelle l’après champs de luzerne, et un tas de foin fumant, amendé de quelques aromatiques prises au piège. Le rhum évolue en bouche comme un souvenir naissant vous trouble la vision. La fin est régulière dans la longueur, et quel équilibre.. quelle justesse, et quel plaisir. Finement fruité, finement épicé, finement boisé, jusqu’à la lie, et toujours jusqu’aux larmes.
Une Eau-de-vie de canne et d’exotisme, à l’âge critique et fatidique, où un rhum naissant perd son panache végétal et grandit ; un pas de plus vers la maturité, aidé s’il en est par une main humaine lourde de savoir et de bon sens, si ce n’est plus simplement de génie. Ce genre de rhum est une ode à la canne à sucre, un voyage sensoriel qui mérite de la patience et une certaine contemplation, en toute humilité. Note: 88
Neisson « Tatanka » 2011 / 46°
Millésime 2011: toujours un rhum de 4 ans révolus, cette fois-ci sorti en bouteilles de 70cl et à beaucoup plus d’exemplaires (1400 bouteilles partagées entre LMDW et Velier). Mis en vieillissement en juillet 2011 et dépoté en juillet 2015 (septembre pour la version Velier).
La robe est identique, toujours d’un vieil or aux reflets brillants orangers, huileux, classieux.
Au nez, le profil apparait plus empyreumatique, et laisse échapper des notes chocolatées qui embrassent des fruits exotiques friables, et une nouvelle fois défraîchis, devenus gâteux par un trop plein de soleil, poussiéreux et séniles. Et toujours avec cette impression de concentration aromatique, exceptionnelle pour un rhum de 4 ans. Le boisé est d’une finesse Neisonnienne, poudreux, capiteux, et des écorces d’agrumes donnent un peu de fraîcheur, pour un exotisme résolument empyreumatique, chocolaté.
En bouche, ça coule de source, ambiance lisse, soyeuse, lustrée et sensuelle, où l’exotisme se concentre jusque dans les rainures d’un fût de chêne, dans son cœur fibreux et battant, vivant. Ananas, mangue, nommez-les, goutez-les, ils sont matures et sur le point de se désintégrer. Poivre, cannelle, cacao, sont eux là pour les ranimer, leur donnant un second souffle, torréfié. La fin de bouche, car il en faut bien une, est lente et mortuaire, déchirante et exquise. Les souvenirs aromatiques partent dans un écran de fumée (tabac), suffisamment cristallin, diaphane, pour y déceler les lianes filantes d’une vanille montant jusqu’au zénith, et nous parlant déjà d’avenir, radieux et radiant, amendé par de fins copeaux de chêne, apport non négligeable d’un temps, que l’on perd trop souvent à parler.
Un rhum une nouvelle fois plein de bon sens et réjouissant, au-dessus des courants et des modes, ancré solidement dans ses racines et dans son terroir. Un rhum qui grandit en vous, avec vous, et pour vous. Note: 86
Deux rhums « entre-deux » âges, entre la fin de l’enfance et la maturité, là où on croit fort à l’avenir, avec une conviction infinie et trompeuse, sans doute, mais cueilli au parfait moment, pour un cours magistral. Un doigt d’honneur à l’avenir, pointé vers la mode du « toujours plus vieux » et du « m’as tu vu », avec une maitrise édifiante.
Il y a encore des distilleries qui croient dans le rhum, dans un produit de base exceptionnel, sans céder à une mode dévastatrice et anti-qualitative ; des distilleries à contre-courant, vivant et visant bien au-delà de la demande, dans une stratosphère qui n’a de frontière que le courage, et l’abnégation… Et Neisson est merveilleusement seule au monde.
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Salut. Bien sympathique description. Neisson t’a donner un air vraiment lyrique 🙂
en tout cas, cela donne vraiment envie de faire la connaissance avec ces deux bouteilles.
Salut Guillaume, merci.
Neisson c’est de la qualité à tous les niveaux, et c’est toujours du plaisir
Beaucoup de plesir à lire ta dégustation.
Tatanka 2010 en 1L ça change des 50cl 😉
J ai remarqué par example pour la version coupeur qu il y a 2 dessins différent .
Celle présente ici et celle présente sur se site:
http://achete-ton-vin.com/fr/prod/neisson-le-coupeur,2135.html
(Pour la photo le lien).
salut Cyril
chaque modèle est unique, mais il y a en effet eu d’autres habillages Tantanka sur les rhums classiques de Neisson (avec aussi : le coupeur, la distillerie, l’amarreuse)