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Rum Swedes
Nous en avons déjà parlé mais pour la petite histoire : il s’agit d’un embouteilleur indépendant Suédois de whisky, rhum et de tequila qui a débuté son aventure en 2011 ; à son actif, plus de 40 single casks, dont quelques rhums au caractère bien trempé, embouteillés sous le nom Rum Swedes. En plus du fameux Jamaica 2000, c’est aujourd’hui l’occasion de rattraper le temps perdu avec quelques autres embouteillages, dont le dernier en date, Wei Ron, un assemblage de rhums des caraïbes.
Barbados 2000
Distillé en 2000 à la WIRD (West Indies Rum Distillery), et embouteillé en 2013 en brut de fût (58,8). Issu d’un fût unique qui donnera 215 bouteilles.
Ce rhum est couleur paille, et présente une robe claire et huileuse, aux nombreuses jambes, épaisses et nonchalantes.
Au nez, beaucoup de fruits encore vert (banane), du citron, de l’amande, de la vanille et cette note caractéristique de plastique (mastic) et de fumé. On retrouve aussi de la figue et de l’abricot, pour un rhum léger au nez concentré, avec en fond de la menthe fraîche.
La bouche est huileuse, sur le pétrole avec un rhum légèrement fumé et anisé ; Les fruits sont toujours là, passés et sucrés, et le rhum se fait maintenant chocolaté, presque lacté. La finale est longue, sur les fruits tropicaux, légèrement fumée et vanillée.
Un rhum plutôt complexe et doux, aux caractéristiques de la Barbade, savoureux et très agréable. Note: 84
Guyana 2002
Embouteillé en 2013 à 61° (fût unique de 245 bouteilles). D »après l’embouteilleur le rhum a été distillé via le double alambic en bois PM à la distillerie Diamond, mais la dégustation fera apparaître un doute.
Une couleur paille très claire, qui tranche avec les rhums habituellement issus de l’alambic PM. Une couronne cristalline se forme sur le verre, suivie d’une quantité impressionnante de gouttelettes, s’entrechoquant avant de tomber très lentement vers le fond.
Un nez crémeux et concentré (61° tout de même) sur les fruits blancs mûrs (pomme, poire, banane), délicatement vanillés et cacaotés. De la cannelle pour les épices, et un nez puissant avec lequel il faudra prendre du temps. Au repos le rhum se fait plus végétal, plus vert, et libère un boisé qui rappelle la sciure fraiche, ou les copeaux d’un crayon fraîchement taillé. Aucune ressemblance avec un rhum de Port Mourant, mais clairement plus de Enmore, c’est assez flagrant.
La bouche est hyper concentrée, sur un mélange alliant végétal, boisé et fruits exotiques passés (et fruits à coque). Le rhum se fait puissant et poivré, puis iodé, pour une fin de bouche extra longue, qui marque le retour d’une légère amertume (agrume, écorce de citron) et des épices (clou de girofle). Le côté iodé magnifie les arômes et assèche légèrement le palais. Le verre vide est impressionnant : il commence par délivrer une odeur de chocolat au lait avant de se transformer en caramel mou au beurre salé.
un rhum explosif et très riche, qui rappelle définitivement plus les rhums issus de l’alambic Enmore que de PM. Note: 85
Guyana 2003
Ce Guyana, le deuxième de l’embouteilleur, a été embouteillé en 2013 à 60,9° (pour 230 bouteilles).
Couleur acajou, reflets bronze pour un rhum qui en impose, gras et concentré.
le Nez fait 60,9° et pourtant… ça passe incroyablement bien ; sur le sucre brulé, la réglisse, le caoutchouc, la vanille, pour un nez très chaleureux. Autant le 2002 est sur un registre végétal, autant celui ci est sur le fruité gorgé de sucre, confit (compotée d’abricots, pêche jaune), avec des épices douces (cannelle). Le rhum est plus gourmand et rond, mais tellement concentré ; Un bad boy aux airs de midinette, presque floral (violet cristallisé).
En bouche c’est une explosion de saveurs, magnifique : un concentré de mélasse et de réglisse, avec des agrumes (orange) ; on est toujours sur une bouche sucrée et séduisante, mais si intrusive et si riche. Du cuir, du tabac, c’est noir mais frais (mentholé), acidulé et fruité. La fin de bouche est tout aussi chaleureuse et persistante, sur le sucre brun, la vanille et la réglisse, le caoutchouc brulé et sucré, et avec un brin de fraîcheur (eucalyptus).
Un rhum une nouvelle fois à son summum : le brut de fut rend l’expérience unique et fait ressortir les arômes dans une explosion de saveurs, et dans une bouche qui se rapproche plus du sirop. Ce rhum à quelque chose de perfide (vous avez dit Albion?): il est lourd et noir mais merveilleusement frais, sucré et acidulé, un 360° en bouche. Note: 88
WeiRon
Le dernier projet de l’embouteilleur Suédois, disons même leur dernière aventure car il leur aura fallu 2 ans pour sortir ce blend. De la sélection des rhums à leur stockage, de l’assemblage à la bouteille et aux boites, ils ont tout fait de A à Z ; avec pour une idée principale de proposer un rhum naturel, puissant et sans aucun artifice (pas de coloration et encore moins de sucre).
Il s’agit d’un assemblage de rhums légers et lourds, dont certains viennent de Jamaïque et de la Barbade. Proposé en bouteilles de 70cl à 50°.
La robe est ambrée et très brillant, tirant sur le paille, avec des reflets verdâtres. Des jambes épaisses et grasses tapissent le verre.
Le nez est très aromatique, fruité et gourmand. Au-delà des fruits exotiques matures (ananas, mangue), une odeur de massepain flotte dans le verre et vous caresse les narines. De la vanille, du chocolat au lait, pour un nez résolument pâtissier. Le repos apporte son lot d’épices (cannelle, gingembre, 4 épices) et des fruits à chair blanche (poire, pêche) légèrement caramélisés. Un nez qui fleure bon la Barbade, magnifié par les 50°, qui apportent une réelle richesse aromatique, là où beaucoup auraient déjà perdu de l’intérêt.
L’attaque est douce et légèrement huileuse, sur les fruits gorgées de sucre et chocolatés ; de la vanille et un boisé sec suivi d’épices qui se font bientôt poivrées. La fin de bouche est très longue, et persistante, sur les fruits, le boisé et les épices, des fruits à coque. Le verre vide refait vivre le nez pour un long moment de contemplation.
Un blend au nez sublime et gourmand de la Barbade ; la bouche fait son petit effet, mais elle n’arrivera pas au même niveau, et on en attend forcément plus, mais elle assure avec une belle persistance. Note: 83
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Merci cyril !
Ton article m’a donné envie de retoucher à mon sample de ce Diamond 2003, superbe !
Je me retrouve presque intégralement dans ta description (c’est toujours plus facile
quand on a un bon compte-rendu sous les yeux…). 😉
Il va aussi falloir que je révise le Jamaica / Hampden 2000 (et que je le compare
aux autres Hampden que j’ai (The Rum Cask et Silver Seal)… Ça m’a donné envie !
Le Port Mourant (enfin l’Enmore…) a l’air tout de même pas mal mais comme
j’aimerais bien trouver un (véritable) Port Mourant (je n’ai ai toujours pas en cave),
et que j’ai déjà quelques Enmores, je suis moins attiré… Un conseil pour un bon PM ?…
Et quid de leur Caroni ?…
si ça donne envie de gouter c’est déjà ça, merci 😉
je n’ai pas encore leur Caroni mais si jamais ça arrive ce sera l’occasion de remettre la note à jour.
un bon PM ? peut-être du côté de velier si il reste quelque chose, le 97 par exemple
super article. Petite question, vu que tu suspectes le 2002 d’être un Enmore plutôt qu’un PM,tu retrouves dans le Guyana une ressemblance avec des Albion Velier (il me semble que l’alambic n’existe plus ou a été modifié)?
N’ayant jamais pu goûté un Albion, ça m’intéresserait 🙂
Salut Julien, et merci.
le Albion aurait été fait à partir de l’alambic Enmore en fait (Wooden Coffey/Column Still), mais sur un réglage (disons une recette/MARK) différent d’un rhum Enmore par exemple. Selon les besoins ils pouvaient produire un rhum léger ou plus lourd à partir du même outil de distillation. Au final cela donne des rhums totalement différents, et pour s’y retrouver mieux vaut repérer les ‘marks’ (références) marqués sur les bouteilles (quand c’est noté). Dans le cas d’Albion : AN, AW.
voici un article hyper complet sur le sujet : http://barrel-aged-thoughts.blogspot.fr/p/the-demerara-distilleries-english.html (à traduite en français un jour…)