Saint-James 250 ans

> [ suite à de très nombreux messages concernant le sujet du sucre, et plus globalement celui de l’édulcoration abusive de certains rhums, une pétition a été lancée pour demander le respect et l’application du règlement européen 110/2008 (qui interdit ces pratiques) : vous pouvez la signer ici. Une goutte d’eau, mais qui pourrait être utile. ]

Un livre pour l’été

C’est l’été, et si les fortes chaleurs ne sont pas des plus propices à la dégustation de rhums, le livre semble le compagnon idéal ; Ami des moments calmes, sur une chaise longue ou adossé à un arbre centenaire, un livre c’est un voyage peu cher et toujours rémunérateur. Pour peu qu’on y entre et qu’on se laisse aller, il peut même vider les endroits les plus bondés d’un mois d’août.

 


 

« Un soir consacré à la lecture des grands livres est pour l’esprit ce qu’un séjour en montagne est pour l’âme. » André Maurois (né en 1885)

Les Plantations Saint James 250 ans
Jean-Louis Donnadieu & Marc Sassier
+ de 250 pages, disponible à la distillerie et par VPC à partir de la rentrée. prix : 40€

 

Il est des livres où tout semble plus clair, plus limpide, et où l’histoire, pourtant indissociable des livres sur le rhum, est racontée avec retenue, et surtout avec discernement: ici les auteurs n’apportent que des faits réels, et jamais ne versent dans les suppositions et autres origines controversées (de la première canne, du premier alambic, du premier rhum), sans en être certain, et sans preuves (historiques) tangibles à l’appui. Le but n’est pas de flatter le rhum mais de le raconter, de le mettre à nu sans folklore ni parti pris.

Et c’est un pari réussi pour messieurs Donnadieu et Sassier, qui nous proposent là l’histoire du rhum la plus honnête et documentée qu’il m’ait été donné de lire. La première partie est en ça des plus révélatrices (4 chapitres tout de même). A bas les préjugés et les idées reçues : si le tafia ou la guildive n’est pas bonne et très peu recommandée à l’époque? c’est aussi par intérêt et on l’oublie peut-être trop souvent ; c’est que les mesures protectionnistes en vigueur en France (et la crainte d’un nouveau produit concurrentiel) ralentiront considérablement l’avènement du rhum dans l’histoire, jusqu’à le reléguer très tôt comme une sous-boisson, pour sous-hommes. La première distillerie nommée vinaigrerie en raison d’une boisson acide et peu ragoûtante ? faux aussi. De faits en vérités, jusqu’à la défense du rhum agricole, petite goutte de pur jus dans un monde de mélasse, qui dans l’impossibilité de faire le poids fera la différence, les auteurs n’oublient rien ; ni même de parler de l’avènement de l’AOC, concrétisation d’un savoir faire et de la passion du travail bien fait, et gardienne de la qualité et du bon sens.

Avec ce livre, on passe de page en page avec une extrême facilité, et toujours avec plaisir, avec l’impression de rentrer dans l’intimité de ce qui deviendra un jour, le rhum Saint-James. Ce livre ne peut sûrement pas être plus complet, et si vous pensiez comme moi, avant de l’ouvrir, qu’il s’agissait uniquement d’un livre sur le rhum Saint-James et ses 250 ans d’histoire, et bien vous auriez tort, mais vous ne le regretterez à aucun moment.

La deuxième partie du livre (4 chapitres aussi) est dédiée au seul rhum Saint-James, de ‘la canne à la mise en bouteille’, des premiers millésimes aux dernières sorties qui sont ici détaillées -aussi- dans les moindres détails. Décrivant les palettes d’arômes et de saveurs de toute la gamme, ainsi que leur méthode d’élaboration, vous saurez tout ce qu’il faut savoir sur les Plantations Saint-James. Et comme si ce n’était pas suffisant, Marc Sassier, l’œnologue de la marque, va même jusqu’à vous donner des conseils -avisés- sur la dégustation.

 

On part avec l’idée de découvrir 250 ans de rhum Saint-James, et on en ressort humblement avec de nouvelles données historiques sur le rhum. Car ces 2 siècles et demi sont intimement liés à l’histoire même du rhum, et les auteurs ne l’ont pas oublié, bien au contraire, il l’ont même sublimée. Que demander de plus? Les auteurs auraient pu bâcler cette première partie, et bien non, c’est une mine d’informations et on ne s’ennuie jamais avec ce livre. et la seconde partie nous rappelle, à force d’exemples, que le rhum Saint-James est toujours garant d’une tradition vieille de plus de deux siècles.

A lire aussi:
Des Livres & du Rhum

 

Comments
8 Responses to “Saint-James 250 ans”
  1. Jean-Louis DONNADIEU dit :

    Bonjour Cyril,

    Merci beaucoup de cette critique très élogieuse du livre sur le rhum Saint James que j’ai co-écrit avec Marc Sassier. Oui, on a essayé d’être les plus clairs et les plus factuels possibles et d’ouvrir des horizons : il s’agissait de montrer que cette marque s’inscrivait résolument dans un mouvement d’ensemble, auquel elle a apporté une importante contribution. Et c’est aussi une entrée originale pour découvrir la Martinique, qui le mérite bien.
    En tant qu’historien, je suis allé de surprise en surprise dans l’étude préalable à la rédaction du livre, tant l’histoire du rhum est méconnue. Je suis convaincu qu’on est loin d’avoir tout écrit sur le rhum, son histoire, sa géographie, sa sociologie, sa littérature, son économie (ouverte ou souterraine), son alchimie, sa législation (ou pas), ses modes de consommation, etc. en allant vraiment chercher une information débarrassée des légendes et approximations. Bien des études croisées restent encore à faire, sur des thèmes d’autant plus passionnants que le rhum est un exemple-type de produit de la mondialisation, puisqu’on en fait et/ou élève sur les cinq continents. Au bout du compte, le rhum ne peut qu’en sortir grandi, ce qui réjouira tous ses amateurs sincères, esthètes et épicuriens.
    Le rhum a fini d’être la boisson des damnés de la terre et a gagné ses lettres de noblesse, mais beaucoup de nos contemporains le considèrent encore comme un simple ingrédient de cocktail ou de pâtisserie. Il y a donc encore du chemin à faire pour que le cercle de ses amateurs éclairés s’élargisse. Cela passe par un niveau très élevé de savoir-faire et de qualité, mais aussi par le faire-savoir ; votre site y contribue, donc grand bravo et tous mes encouragements pour cette entreprise.

    Encore merci de votre commentaire sur le livre, j’y suis sensible.

    • cyril dit :

      Bonjour Jean-Louis
      Merci à vous pour ce travail qui participe à porter le rhum vers le haut, à n’en point douter. Il n’est pas facile de se défaire justement de ces légendes et autres approximations, et c’est donc d’autant plus appréciable et agréable à la lecture. En espérant une suite alors

  2. Sven dit :

    Dear Sirs

    Very interesting article about this book! Could you please provide more details about where to buy it? I unfortunately was not able to find an online book store or similar…

    Merci beaucoup,
    Sven

    • cyril dit :

      Hello Sven, thanks.
      I guess it should be available this month on Saint-James’s website. its ‘self produced’, so i guess there wont be any big distribution…

  3. Benoit B. dit :

    Merci pour cet article, je suis heureux de constater que dans le fond, nous avons eu la même lecture de ce livre et le même sentiment sur le fait que ce livre est très complet et tout de même accessible à tous.

    Encore merci à toi…

  4. Berg dit :

    Bonjour,
    Quelqu’un est-il arrivé à se procurer ce livre ? Je ne l’ai trouvé pour le moment nulle part sur le Web et l’équipe St James sur la page FB m’a dit que sa vente par correspondance n’était a priori pas prévu…
    Si une solution existe, je suis plus que preneur !

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