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St. Georges Spirits est une société et distillerie américaine basée en Californie, et fait indiscutablement partie de ses productions artisanales qui, petit à petit, mettent chaque jour un peu plus sérieusement les USA sur la carte des producteurs de rhum ; Spécialisé depuis 1982 dans l’élaboration d’eaux-de-vie (sur un marché encore peu habitué à ce type de d’alcool), St. George se diversifie en produisant en 2000 un premier Single Malt, au côté de plus classiques gin, absinthe, liqueurs, vodka, brandy, et en 2013 leur tout premier rhum, réalisé à base de pur jus. Proposé en tant que « rhum agricole californien », St. George a tout de suite pris le pari de sortir un rhum de terroir, avec une canne à sucre cultivée dans le sud de la Californie. La suite est tout aussi intéressante : la canne est fraîchement pressée sans ajout d’eau (contrairement à la grande majorité des producteurs de rhum agricole) afin de garantir le maximum de ses arômes, puis mise à fermenter avec une souche de levure spécifique connue sous le nom de EC1118 (à l’effet relativement neutre sur le jus en lui même, mais agressive sur les autres souches du moût). Côté distillation, St. George peut compter sur plusieurs alambics en cuivre de petite capacité (type Arnold Holstein) de 250 et 500 litres, d’où le distillat sortira en moyenne à 68%, avant d’être conservé 5 semaines en cuve inox. Une partie du rhum sera mise en vieillissement à 54,81% dans des fûts de chêne français pour donner leur rhum vieux dont nous parlerons plus bas. Au final, on pourrait croire que St. George propose sur le papier un rhum assez semblable au rhum agricole que nous connaissons, mais bien au-delà de distiller un rhum à base de pur jus, les différences de culture de la canne, de fermentation (sans ajout d’eau) mais aussi une distillation via pot still et non la classique colonne créole, auront pour conséquence de donner un rhum forcément très différent arômatiquement, mais avec cette même idée, ce même sacerdoce de mettre en valeur la canne et une notion forte de terroir. Avant de passer à la dégustation, nous vous conseillons d’en découvrir un peu plus à travers un reportage photos publié sur le site RumGallery. Bonne visite, et bon voyage… St. George blanc 2013 / 43°Un rhum pur jus fait à partir de cannes à sucre cultivées sur le sol californien en 2013 (et donc issu de la récolte de la même année) puis fraîchement broyées, fermentées (sans ajout d’eau) puis distillées via un alambic en cuivre d’une capacité de 500 litres. Ou dit autrement, un Pure Single Agricole Rhum. En bouche, c’est très doux et très moelleux, voire crémeux sur des notes végétales fermentées ; c’est assez vert (sur les herbes) et à la fois assez sucré. On reconnait le pur jus mais on retrouve aussi ce coté acidulé, voir salé et une nouvelle fois cette asperge, une asperge blanche sucrée salée. C’est spécial mais pas désagréable en bouche puisque très sucré et crémeux, ça passe tout seul et c’est beaucoup plus facile que ne le laissait penser le nez (et n’a que très peu à avoir en terme d’intensité). La fin de bouche est plutôt longue et chaleureuse, verte, légumineuse. Un rhum blanc très différent. Américain et agricole à la fois, avec d’un côté le souvenir d’une canne mature et sucré, et de l’autre un côté funky et très végétale, mélangeant asperges, truffe et cornichon, mais au final assez bon. Note : 81
St. George blanc 2014 / 43°Ce blanc est cette fois issu de la récolte de 2014, et rien ne le différencie en terme de production par rapport à celui de 2013 ci-dessus. Le nez nous emmène encore dans un autre paysage, ou disons le franchement dans un autre délire psychédélique. Il s’agit pourtant de la récolte de l’année suivante, et vraisemblablement de la même canne, mais cette fois le rhum ne fait pas que vous évoquer l’asperge blanche, il vous transforme en asperge, il vous transporte dans un bocal et vous noie dedans. Jamais une asperge n’aura autant senti le rhum, c’est pour dire. On a même un peu de mal à y retrouver du rhum au final, ou même de l’alcool ; c’est une boisson très végétale, sur la truffe et l’asperge, dans laquelle on retrouve quelques traces de citronnelle, d’anis, d’herbes faisandées? Très très particulier, entre un potage à l’asperge et un Clairin. Le repos apporte un peu de tenue, plus de notes végétales et moins de vegetables (dans le texte) comme ils disent chez eux. Et ce n’est pas plus mal, mais ça reste une nouvelle fois très particulier. En bouche, c’est une nouvelle fois très (très) doux et moelleux, peut être moins crémeux que le précédent rhum, plus ‘rhum’ aussi avec des notes végétales marquées, et bien incorporées dans une canne gorgée de sucre. Arrive de l’anis, des épices chaudes (poivre blanc), un côté mentholé qui apporte une fraicheur intéressante, et encore un petit côté acidulé, de cornichon. La fin de bouche est longue et anisée, rafraichissante, et étrangement sans trace d’asperge ni de truffe! mais avec un peu de céleri. Se termine sur des notes plutôt sèches mais de belle manière… Un nez d’asperge ahurissant, où on se demande vraiment s’ils ont distillé la bonne plante… mais la bouche s’en éloigne complétement jusqu’à l’oublier et rappeler le lien de parenté avec l’agricole que l’on connait, et de belle manière. Un grand écart entre le nez et la bouche, mais vraiment trop porté sur l’asperge au nez… Note : 77
St. George Reserve / 40°On passe à la version vieillie du rhum blanc, et on se demande à cet instant sur quel délire on va tomber. Et ce n’est pas péjoratif mais bougrement excitant! Sur le papier : 4 ans de vieillissement dans des fûts de chêne français, sortie à l’automne 2014. La robe est d’un ambré palot, d’une couleur dorée translucide, et l’aspect est plutôt huileux à première vue. Les jambes sont assez larges et un disque flotte même en surface. En bouche, c’est très doux, huileux et très rapidement âcre en bouche : sur une marinade saumâtre qui s’empare du palais, de l’acidité sucrée (agrume ou peut être oignon rouge), du vinaigre, de l’eau de mer , de l’herbe, du foin humide et des notes terreuses qui se développent lentement mais sûrement, et des fruits secs (raisins blonds). On passe de notes acides en notes acides, tantôt sur un fruit sucré, tantôt sur un légume mariné. Étrange rhum, agricole, décidément. Mais ça marche. La fin de bouche est longue, sur une acidité qui s’assèche, salée et végétale, mais aussi sucrée en passant de l’artichaut à l’ananas avec une extrême facilité. Ce rhum ne fait que 40°, l’imaginer un instant au-delà ferait sûrement penser à un rhum grand arôme et donc à de la folie douce! Un rhum qui ne plaira probablement pas à tout le monde, à réserver aux aventuriers, aux amateurs de grands arômes ou du style jamaïcain très funky et acidulé. Pour les autres, passez votre chemin. Note: 85
Ne vous attendez surtout pas à trouver dans le rhum agricole de St. George quelques similitudes avec celui de nos départements d’outre mer… Le profil est encore plus végétal, sur la truffe, l’asperge, un profil plus fibreux et sec, et disons le clairement moins subtil (et à ce titre plus proche d’un Clairin). Il faudra sûrement du temps pour l’apprécier et même le dompter, mais il s’agit du genre de rhum qui fera son petit cheminement, jusqu’au vieux qui vous séduira même en proposant une belle évolution. Reste à espérer que les gens qui y goûteront ne partent pas avec l’idée préconçue qu’un rhum agricole doit ressembler à ça, et forcément faire ressortir des notes d’asperge, d’olive, de saumure et d’acidité… Il en reste néanmoins une dégustation à la fois très intéressante, surprenante, déstabilisante… et funky..
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90 et + : rhum exceptionnel et unique, c’est le must du must
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Voilà qui est intéressant ! A première vue je partirais plutôt sur le vieux quand même histoire d’équilibrer un peu cette folie. Autant quand tu me parles de saumure, de cornichon ou d’olive ça me tente, autant j’ai déjà eu une expérience désagréable avec un rhum très légumineux (la cuvée chou-fleur, oups, la cuvée de l’océan de Trois Rivières).
Encore une fois merci de t’y être frotté pour nous !
Après malheureusement le prix refroidi pour les blancs (même pour le vieux d’ailleurs)…
Salut,
Quelle déception : l’idée d’une distillerie américaine, avec sa propre canne à sucre, je trouvais cela très intéressant…
Mais un goût d’asperge et d’artichaut (c’est pas flatteur) et des tarifs hallucinants, 70€ le blanc et 90€ le vieux de 4 ans !!!
Pour les U.S je resterai sur un bon vieux bourbon 🙂
Salut Nicolas
le tarif est prohibitif et l’achat plutôt risqué vu la palette aromatique très particulière (qui ne plaira pas au plus grand nombre), et c’est bien dommage car ça reste très intéressant au final.