Cadenhead 1975 [+]

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La tête haute

 

Cadenhead est le plus vieil embouteilleur indépendant au monde (en exercice depuis 1842) et peut se targuer de de proposer un catalogue de rhums très impressionnant et parmi lequel on peut trouver les bouteilles les plus anciennes… Ils détiennent en effet le plus important stock de rhums Demerara (on parle de plus de 20 000 fûts de rhums datant des années 40/50 et avant). La raison est assez simple, ils ont cru au rhum avant tout le monde…

 

prix : 220€ pour une bouteille de 70cl et 40,3° dans le coffre. A savoir qu’il existe d’autres embouteillages qui diffères légérement.

âge : 32 ans… Distillé en 1975 et embouteillé en 2007. Vieilli partiellement -et embouteillé- en Écosse par Cadenhead.

 

L’embouteillage auquel nous nous intéresserons aujourd’hui affiche un honorable 40,6°, car comme signalé précédemment il existe plusieurs versions de ce rhum :

un de 30 ans (1975 – 2005) à 40,5°, un de 33 ans (1975 – 2008) à 40,6°, et un dernier de 36 ans (1975 – 2012) réduit à 38,5°. Vous avez donc l’embarras du choix au moment de faire vos courses :p
Ne me demandez pas pourquoi Cadenhead a voulu sortir autant de version de ce rhum, je n’en ai aucune idée… c’est qu’il doit être bon ?

 

Le rhum présente une couleur ambrée profond, tirant vers le rubis. On voit de suite que le rhum a passé un (très) long moment dans le fût, avec la présence d’un disque vert qui pourrait aisément servir de cas d’école, de référence tellement il est bien visible. Les larmes qui se forment en nombre laissent apparaitre d »épaisses jambes qui retombent plutôt lentement, même si on pourrait s’attendre à une danse encore plus longue jusqu’au fond du verre.

La couleur (et la dégustation tout entière) du rhum nous rappelle au besoin qu’à une certaine époque (avant les années 80) il était très courant de rajouter directement dans les fûts -et avant la mise en vieillissement- du caramel ou de la mélasse qui ainsi vieillissaient et travaillaient de concert avec le rhum, donnant aux rhums Demerara cette touche si particulière. Aujourd’hui on continue à en ajouter, mais plus souvent avant l’embouteillage (et donc après vieillissement) pour jouer sur la couleur, et parfois le gout, du produit fini.

Le nez est rond et assez doux, avec un boisé présent mais pas du tout étouffant, des fruits secs à profusion (figues, raisins), et des fruits bien mures, confits (banane) et de la mélasse. Le nez s’ouvre progressivement sur des notes plus chaudes d’épices (clou de girofle) et le boisé se fait légérement cuir (légères touches de vernis colle, de réglisse aussi). Puis le côté empyreumatique prend le dessus avec des fruits à coque grillés (noix) et des notes suaves de cacao.

Laissez lui du temps, il vous le rendra bien ! Le contraire serait criminel et je ne donnerais pas cher de votre peau… Le nez de ce Cadenhead est riche et très bien équilibré…

L’attaque en bouche est douce et très lisse. C’est sec et légèrement acidulé, et on retrouve sans peine les fruits secs (le raisin en tête), les épices (très bien fondues et sans excès). On pourrait tout logiquement s’attendre à un boisé omniprésent et insistant mais c’est tout le contraire : c’est léger et une fois de plus sans excès, très bien équilibré pour un rhum aussi vieux. On a d’un côté une légère amertume apportée par le boisé et de l’autre une douceur fruitée et la gourmandise de la mélasse (caramel), si bien que rien ne prend le dessus et rend la dégustation exceptionnelle. La réglisse est assez présente et plutôt de belle manière (sans être trop lourde).

Le final est plutôt long et toujours aussi bien maitrisé : une belle intensité aromatique et une persistance tout aussi exceptionnelle. La mélasse est plutôt bien présente mais aussi la réglisse, pour un goût qui reste longtemps, très longtemps en bouche…

 

Voilà un rhum très vieux mais aussi très ‘facile’ d’accès. Que ce soit au nez ou au palais il reste très accessible au néophyte qui voudrait se faire plaisir avec un rhum historique. Il n’est ni trop boisé ni trop fort, et présente même une fraîcheur certaine pour un papi ! Très belle sélection et résultat époustouflant… Et même le prix parait dérisoire…

Beaucoup plus frais et fruité que le rhum de chez Berry Bros déjà dégusté sur ce site, qui en comparaison est beaucoup plus lourd et épais (surtout au nez) et surtout plus concentré au niveau aromatique. Le final est aussi beaucoup plus court (le berry bros vous submerge là ou le cadenhead ne fait que passer). Deux superbes rhums de 1975, assurément une grande année. Note : 87.5

pour vous (et m’y) retrouver, concernant les notes:
90 et + : rhum exceptionnel et unique, c’est le must du must
entre 85 et 89 : rhum très recommandé, avec ce petit quelque chose qui fait la différence
entre 80 et 84 : rhum recommandable
75-79 POINTS : au-dessus de la moyenne
70-74 POINTS : dans la moyenne basse
moins de 70 : pas très bon

 


VERSION 36 ans (38,5°)

Voici une note sur l’embouteillage de Cadenhead âgé de 36 ans (distillé en 1975 et embouteillé en 2012) qui affiche un petit 38,5°, mais 4 ans de plus que la version dégustée plus haut.

 

Le nez est beaucoup plus fruité. Des fruits gorgés de sucre et une odeur plus aérienne et suave. Le nez est donc ici moins boisé que le rhum de 32 ans, qui en comparaison semble plus ‘brut’ et lourd. Nous avons donc un nez encore plus complexe et plus de maturité.

Une douce et gourmande odeur de pâte d’amande rend le nez plus rond et séduisant.
La différence d’âge peut être ? en tout cas celui ci est plus vieux et ça ce vérifie au nez, le boisé est plus fondu et semble mieux maitrisé ; voyons maintenant au palais…

L’attaque est encore plus douce, vraiment très facile et lisse. Sur les fruits d’abord, puis sur le boisé qui prend une grande place, beaucoup plus importante que le rhum de 32 ans. La réglisse est toujours là pour structurer l’ensemble, plus fondue.

Le final laisse échapper plus de tanins et amène une légère amertume et une certaine sécheresse en fin de bouche, mais l’ensemble est toujours très bien maitrisé. Moins long et intense que la version à 40,3°. Le fruité revient en arrière gout de belle manière.

 

Léger avantage au rhum de 32 ans qui est mieux équilibré dans l’ensemble, alors que le rhum de 36 ans délivre un final trop boisé pour tenir la comparaison. Le nez est pourtant plus que prometteur, plus séduisant, mais ses quelques années de plus le trahissent sur la fin. Il n’en reste pas moins un rhum excellent que l’amateur appréciera. Note : 86

 

Comments
16 Responses to “Cadenhead 1975 [+]”
  1. elskling dit :

    Très tentant tout cela !

    Question: ça me paraît énorme 20.000 fûts datant des années 40/50 – mais qu’est-ce qu’ils comptent faire? Pourquoi ne pas les avoir sortis plus tôt ? N’y a-t-il pas, comme pour le whisky, une durée dans le fût après laquelle le rhum risque de passer son apogée, et de finir en jus de bois ?

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    • cyril dit :

      C’est un chiffre qui vient d’eux et qui peut paraître surprenant, mais ils proposent déjà pas mal de choses. C’est une machine de guerre

      0
  2. Cyril dit :

    Merci pr cette nouvelle découverte 😉

    0
  3. Berg dit :

    Bien tentant 🙂
    Où peut-on trouver ces rhums ?

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  4. L'homme à la pousette dit :

    Salut Cyril,

    Le second embouteillage dont tu parles, celui à 38.5°, il se trouve normalement dans la même gamme de prix, vers les 220€ à ta connaissance ?

    Merci 🙂

    0
  5. Henrik K. dit :

    Actually the 38,5% one is a 37 year old.

    I have just been in touch with Cadenhead regarding a 36 year old 40% version, that I found at a local store. I didn’t think things added up having read your reviews. And since it was the first time I saw the 36 yo 40%, I was a little confused.

    However Cadenheads has cleared it all up in an email to me this afternoon.

    There is 3 versions of the 1975 Demerara:

    A 31 year old bottled in 2006 at a strength of 40,5%
    A 36 year old bottled in 2011 at a strength of 40%
    A 37 year old bottled in 2012 at a strength of 38,5%

    Hope this can be of some use 🙂

    Regards…

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    • cyril dit :

      Hi Henrik and thanks for your message,
      of course it can be of some use, definitely 🙂

      i had this information when i asked Cadenhead last year or so :
      a 30 yo (1975 – 2005) at 40,5°,
      a 33 yo (1975 – 2008) at 40,6°,
      and a 36 yo (1975 – 2012) at 38,5°

      so rightnow i dont know what to think…

      0
  6. SK dit :

    Can’t find many of these bottles anymore.

    Is it possible that cadenheads have still stock from the 70s?

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  7. Mads Heitmann dit :

    Hi

    I now have two of these bottlings from 1975, respectively 40.6% and 40%. Does anyone know anything about where it is distilled? Is it maybe from Port Mourant?

    I have not tasted them.

    0
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