Heavy & More
Voici la première note de dégustation d’un rhum en provenance de l’ancienne distillerie Enmore. Les amateurs pourront creuser un peu plus le sujet avec des millésimes de 1988 (un rhum de 20 ans), 1990 (18 ans) et enfin un rhum de 9 ans datant de 1998, plus difficile à trouver car très limité en quantité. Nouvelle escale au Guyana donc, avec un rhum Demerara qui affiche un copieux 61,2° au compteur…
prix : 120€ pour 70cl d’un nouvel embouteillage brut de fût de chez Velier (61,2°).
âge : 16 ans : distillé en 1995 et embouteillé en 2011. Comme à son habitude Velier propose un rhum vieilli intégralement sous les tropiques, et donc concentré à l’extrême pour un voyage inoubliable.
L’étiquette de la bouteille mentionne qu’il s’agit de la dernière distillation en provenance de la plantation Enmore (avant sa fermeture définitive). C’est donc un nouveau morceau d’histoire qu’il nous est donné de gouter ici, un rhum que nous envierons à coup sûr les prochaines générations qui liront peut être cette page, retrouvée par hasard dans le ventre de google (ou d’un de ses futurs ex successeurs). Ayons donc une pensée émue pour un rhum prochainement disparu, et un sourire narquois pour les générations futures…
Le rhum présente une couleur ambrée bien marquée et des reflets orangé qui laissent apparaitre un rhum bien huileux rappelant son long vieillissement sous les tropiques. De longues larmes coulent doucement, voir très doucement et tombent en laissant une trainée huileuse et épaisse. On note la présence du disque verdâtre qui flotte en surface.
Le nez est épais et concentré, empyreumatique et minérale avec des notes très marquées de caoutchouc (goudron) fumé, de fruits à coque grillés et de moka. Vraiment lourd et délicieux, qui me fait presque autant d’effet que le sublissime Albion 1983. Vraiment concentré comme j’aime ! Avec quelque chose d’animal qui s’apparenterait à l’odeur que dégage une peau de poulet bien grillé et caramélisé qui sortirait tout juste du four.
Le fruité qui arrive tout de même à se faire une place ici est tout aussi concentré et gourmand rappelant sans mal une tarte à l’abricot, rôtie et caramélisé à souhait.
Quelques gouttes d’eau adoucissent considérablement le nez faisant ressortir un coté plus végétal (herbeux) au rhum, et renforcent la présence de réglisse.
L’attaque est puissante et huileuse au point d’envelopper toute la bouche. Le rhum est toujours aussi concentré voir même collant 🙂 Une bonne dose d’agrumes pour l’acidité (citron+orange), du boisé dur et réglissé vous assomme littéralement, c’est cuirassé, légèrement fumé et épicé (gingembre), mentholé pour un petit côté rafraichissant assez agréable (eucalyptus). Un rhum imposant et en totale adéquation avec le nez.
Le final est long et tout aussi puissant avec un boisé encore un peu plus présent (réglisse noire) et qui devient amer au fur et à mesure du cheminement du rhum. Un final marqué aussi par un légère pointe d’acidité (comme légèrement salé) et un coté plus végétal (amertume d’herbes fraiches).
Un rhum excessivement concentré, lourd et puissant qui dépote et qui appréciera une dilution raisonnable. Une nouvelle fois Luca Gargano nous offre un rhum exceptionnel à consommer avec extrême modération. Il est de toute façon de mise de prendre son temps pour la dégustation, aussi bien au niveau du repos que de la mise en bouche (quelques gouttes suffisent). Un profil lourd qui hantera vos souvenirs et qui irrémédiablement vous attirera à nouveau. Note : 88
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Salut Cyril,
Super note sur ce rhum qui doit vraiment valoir le détour
En terme de morceau d’histoire il y a aussi ALBION 1994 dernière distillation avant fermeture!!
Salut Gatean
merci pour le compliment, et merci au passage à François pour sa note sur le cigare!
Albion 94 est dans ma ligne de mire 😉 et avant ça le Albion 1983
Je suis d’accord avec toi mais par contre pour le trouver c’est une autre histoire!!!
Oui le 83 est introuvable maintenant :/
Seul le Albion 89 manque à mes dégustations ; il n’est pas particulièrement vieux (9 ans) mais très rare (une petite 100 de bouteilles seulement)
Merci a toi cyril
Salut,
Si je ne m’abuse, dispo ici :
http://whiskylounge.fr/index.php?action=article&aid=14123
Et vivement de prochaines dégustations à lire…. 😉
Salut Cyril et merci 🙂
la bouteille sur le site correspond au tout premier embouteillage de chez Velier (avant de changer le design de leurs bouteilles), un rhum en provenance d’Albion de 17 ans (1983/2000, et dilué à 40°).
Je n’ai pas encore ouvert ma bouteille de celui ci.
Je fais plutot référence à un autre Albion, toujours de 1983 mais embouteillé en 2008 (25 ans) à 46,4°
Autant pour moi 😉
Dans la catégorie « rhum introuvable de chez Velier », j’ai eu un mal fou à trouver le UF30e (que j’ai cherché suite au compte rendu lu ici 😉 ; mais pour ceux que ça intéresse, y a encore moyen sur quelques sites internet italiens (comme bcp de produits Vélier, forcément) ET sur Paris à la boutique Julhès (http://www.julhesparis.fr/1/contact – 54 rue du Faubourg St denis 75010 PARIS 01.44.83.96.30) qui,rareté et qualité obligent, vend la bouteille à 159€ tout de même….(mais j’ai craqué 😉
Et dans la catégorie « rhum de qualité », aurais-tu des retours sur le El Dorado 25 ans ? (j’aime bcp leur 15 ans et adore leur 21 ans); La bouteille est en France aux env de 475€ et, avant de craquer, j’aimerais savoir si le tarif est justifié… (encore qu’on le trouve un peu moins cher en fouinant sur le net mais à 300€ env tout de même !).
Merci 😉 (et désolé si ce n’est plus en rapport avec le Enmore…)
Pour ce qui est du UF30E il va revenir à la vente chez nous. J’ai questionné Luca à propos et il m’a confirmé son retour, donc il en reste (ce qui est une bonne nouvelle!) 🙂
Julhès a quelques petites pépites en stock, j’y ai acheté un Port Mourant 1974 de chez Velier justement, l’année dernière. N’hésites pas à leur demander ils peuvent éventuellement retrouver des trucs dans leur arrière boutique…
Pour ce qui est du El Dorado 25 ans, j’ai quelques échantillons que j’ai déjà gouté (ma note est en cours), mais la première chose qui en ressort est que le prix n’est pas du tout justifié. 4 ans de plus que le 21 ans et quasiment 500€, le calcul est vite fait pour ma part. le 21 est forcément au dessus niveau qualité/prix, et niveau dégustation la différence n’est pas justifié non plus (plus de tanins sur le 25 ans, et pas grand chose de nouveau par rapport au 21 en fait). A moins que ce soit pour collectionner, préfères plutôt d’autres bouteilles au meilleur qualité/prix 😉
Pour continuer sur le hors-sujet 😉 :
Merci pour l’info sur lUF30e. Dégustation prévue dans quelques jours et, si c’est concluant, alors pourquoi pas une en plus avant qu’il n’y en ait vraiment plus ! 😉 (du coup, ce serait sympa de nous dire dans ta fiche dégustation de l’UF30e où et quand il sera dispo si tu as l’info….)
Pour Julhès, effectivement, le UF30e n’était même pas en boutique mais dans leur cave 😉 Cependant, pas très pratique pour moi qui suis sur Ajaccio 🙁 Et pas vraiment compétitifs au niveau tarif j’ai l’impression….(mais quand on aime… 😉
Pour le El Dorado 25 ans, c’est un peu ce que je me disais (4 ans de +, et + de 300€ de +, je ne comprenais pas trop pourquoi). Donc merci pour ton précieux conseil qui me conforte dans ma prudence ! Je vais me tourner vers d’autres produits (mais attends tout de même ton compte rendu ;-). D’autant que je me suis déjà « fait avoir » avec le Diplomatico (en tous les cas de mon point de vue) : je trouve un excellent rapport qualité/plaisir/prix à leur « reserva exclusiva 12 ans aux env de 38€ mais les 200€ demandés pour leur Ambassador vraiment pas justifiés (mais je me forcerai tout de même à la finir… 😉
Merci pour toutes tes bonnes infos….
tu reviendra donner tes impressions sur l’UF30E :))
j’attends aussi qu’il soit disponible à nouveau pour refaire mes réserves…
je n’ai pas la date exact mais il est toujours distribué par La Maison du Whisky (LMDW) dont il sera à coup sur sur leur site whisky.fr, et chez certains cavistes spécialisés.
Le Diplomatico Amabassador est en effet dans le même ‘délire’ que El Dorado 25: un produit rare et dans une belle bouteille, mais passé ces détails le contenu ne vaut vraiment pas le prix 🙁
P.S. : va falloir qu’il y en ait un qui change de prénom, on va se perdre dans nos questions/réponses 😉
je te laisse la majuscule ! 😉
Encore merci pour les infos : je surveillerai donc LMDW (laisse-nous en un peu 😉
Pour mes compte-rendus, je n’ai pas encore la finesse de ton nez ni de ton palais 😉 Mais j’avoue avoir été content à la lecture de ton compte-rendu sur l’Ambassador qui venait confirmer mon impression (dommage, ton compte rendu est arrivé trop tard pour moi 🙁
Et c’est vrai qu’ils nous font de belles bouteilles ! (mais ça fait un peu cher aussi je trouve)
Pour la majuscule, je l’ai effectivement mise dans cette optique ! Comme quoi 😉
@ bientôt 😉
bon c’est pas aujourd’hui que je trouverai un nouveau compagnon de jeu pour poster sur le blog alors, un jour peut etre…
En attendant je m’entraine en tous les cas !! 😉
Et si un jour le hasard fait que (y a pire comme destination que la Corse…;-), alors, avec plaisir de partager quelques dégustations…(mais pas + de 5 différents à suivre normalement il me semble ;-). J’ai quelques bouteilles sur lesquelles je n’ai pas encore lu de compte rendu 😉 : Zacapa 23, Opthimus 15, …à ce propos, déçu par ces dernières d’ailleurs…(mais concernant le Zacapa 23, il parait, d’après certains forums, que la nouvelle version qui une étiquette liseré rouge est produite par Diagéo et ne vaudrait pas l’ancienne version….)….bref, je m’égare…. 😉
Au plaisir 😉
ah il doit y avoir pire que la Corse en effet 😀
la recette du Zacapa aurait changée avec le temps, avec plus de sucre dans la version actuelle pour suivre les « tendances » (plus de 40g / litre pour le Zacapa 23). J’ai l’ancienne version, il faudra mettre à jour ma note sur le Zacapa en y ajoutant de nouvelles remarques…
au plaisir
Velier + Demerara = Excellence
Il y a en fait deux Enmores 1995 titrant 61,2°, tous deux issus de 8 barrels (donc 16 au total)
et provenant tous de la toute dernière distillation à la plantation Enmore…
• Enmore 15 ans 1995-12/2010 61,2° comme sur la photo,
• Enmore 16 ans 1995-02/2011 61,2° que l’on pouvait goûter au Rhum Fest
et dont j’avais photographié la bouteille… Rien d’autre que ces petites précisions
sur des étiquettes en apparence totalement identiques ne permet de faire la différence;
il faut tout lire pour réaliser. J’ai goûté les 2 à une semaine d’intervalle et je n’ai pas vu de différence.
Salut L’Affreux 🙂
merci pour ces précisions très intéressantes
Il se aussi pourrait que ce soit le même batch qui aurait été embouteillé en 2 fois
à 2 mois d’intervalle… Il faudrait vérifier les N° des fûts sur les contre-étiquettes…
En furetant sur le net, je suis également tombé sur un autre Enmore 1995 Velier :
• Enmore 15 ans 1995-12/2010 63,0° Full Proof
Comme sur les 2 autres c’est aussi indiqué « Last distillation at Enmore plantation »
La qualité des photos ne permet pas de voir combien de barrels constituent le batch
mais si le titrage diffère c’en est forcément un autre, non ?
Ou alors c’est une erreur d’impression…
Aussi je relève 2 Albion 1986 au même taux d’alcool,
sans doute le même batch embouteillé en 2 temps encore :
• Albion 24 ans 1986-12/2010 60,6°
• Albion 25 ans 1986-02/2011 60,6°
mais aussi 3 Albion 1994, avec un dont le degré diffère des autres :
• Albion 16 ans 1994-12/2010 62,0° – 1 Barrel
• Albion 16 ans 1994-12/2010 60,4° – 1 Barrel
• Albion 17 ans 1994-02/2011 60,4° – 4 Barrels
En même temps come j’ai remarqué que sur la boîte de mon Albion 17 ans
il est écrit « 4 Barrel » sans S… Bref, des petites photos pas très lisibles
et bien compressées plus un manque de rigueur dans l’impression
des étiquettes et des boîtes et on ne s’y retrouve plus et on se perd en conjectures…
J’ai interrogé Daniele à la Boutique Éphémère Velier,
au sujet « des » Enmore 1995 seulement
(je n’avais pas découvert les autres encore)
et il m’a répondu assez évasivement qu’il y avait eu
des batches embouteillés en plusieurs étapes
mais qu’il y avait aussi eu parfois des erreur d’impression… 🙂
Suite à ton precedent message j’ai demandé et en fait il s’agit du même rhum mais embouteillé à quelques semaines/mois d’intervalle. Il y a donc un Enmore plus vieux de 2 mois.
Des erreurs d’étiquette/impression il y en a, surtout entre les boîtes et les bouteilles (sur les blairmont 82 et Albion 86 de souvenir)
Oui, il y a souvent des erreurs d’impression sur les étiquettes et boîtes chez Velier…
Regarde la photo de ta dégustation du Port Mourant 1993 :
sur la boîte c’est marqué « 0 Barrels »… Zéro ?… Les bouteilles sont donc vides ?!… B^))
A+ !
😀
Sans compter les photos des bouteilles qui sortent avant les embouteillages pour intégration sur les sites de vente
Puisque la discussion est récente et que j’avais pris des notes de dégustation lors d’un événement parisien qui m’a permis de goûter les distillations Enmore, Diamond, Port Mourant, Albion et UF30E de différents millésimes, je rejoins Cyril sans majuscule à 100%.
Je conclus comme pour les malts où mon préféré est le Highland Park 12 ans, et les bouteilles plus chères sont toutes moins complexes et moins intéressantes…
J’avais préféré le UF30E (plus fin et floral) à tous les autres cask proof, le Port Mourant en particulier était énorme mais tout d’un bloc, incapable de se délier. Mais en regoûtant El Dorado 12 ans (que je préfère à 15 ans, car il est plus floral, plus long, mieux épicé, moins baston et fumé), je me suis une fois de plus fait la réflexion que le blending est un véritable art. Diamond était vert (presque agricole), Enmore caféiné à l’excès, Albion caramélisé…
Une référence est faite au Diplomatico 12 ans, c’est à ce jour mon rhum préféré, il me semble que la sélection des molasses, la première distillation en colonnes aide à la finesse du résultat final (le premier alcool doit être vraiment délicat avant d’être redistillé dans un alambic à repasses).