Sacchar[h]um bis
Il est des choses qui peuvent être douloureuses à écrire, puis à lire, mais passée la découverte désagréable d’une certaine vérité, l’enjeu est de partager, de discuter, tout en restant objectif et sans tirer de conclusions hâtives ; et peut-être même qu’un jour, cela servira à quelque chose ? Après l’article ‘Saccharhum’ et avant de bientôt publier une interview avec Richard Seale, nous allons revenir sur le sujet brûlant de l’ajout de sucre dans le rhum. Le but n’est pas comme certains le penseraient de faire du sensationnel, mais plutôt de l’information. Et rappelons-le d’entrée, le problème n’est pas tellement l’ajout de sucre (ou autres substances) dans le rhum (après tout, ça doit sauver bon nombre de rhums, et le sucre est un exhausteur de goût) mais surtout le manque de transparence des producteurs, et pire, leurs mensonges….
Alors je me suis souvenu de dégustations, de doutes aussi, et j’ai voulu en avoir le cœur net ; car il m’est arrivé (et sûrement à vous aussi) de trouver un rhum particulièrement sucré, et peu importe sa provenance. J’ai donc décidé de faire tester quelques échantillons, dont vous retrouverez les résultats plus bas. Mais rappelons avant tout quelques informations importantes… la valeur des testsLes premiers résultats mentionnant la présence de sucre dans le rhum proviennent des gouvernements finlandais et suédois, dont le sérieux n’est plus à prouver. D’autres tests ont été menés par Johnny Drejer, aux résultats identiques et encore plus nombreux. Vous pouvez en retrouver certains dans l’article ‘Saccharhum’ publié l’année dernière sur ce site, et sur la page facebook de Johnny Drejer. Avant d’aller plus loin dans cet article, il est très important de rappeler une chose : Depuis notre dernier article sur le sujet, il faut savoir que Johnny réalise maintenant ces tests à l’aide d’un densimètre Anton Paar DMA 35, un outil de laboratoire qui mesure la masse volumique et la concentration d’un échantillon. Autrement dit, cet outil mesure le % d’alcool présent dans un spiritueux de manière très précise ; il est entre autres utilisé par les professionnels dans le domaine de l’œnologie. le déroulement des testsDe manière simplifiée, si le % mesuré par le densimètre se rapproche du % affiché sur la bouteille (on parle plus communément de degré chez nous), alors tout est jugé normal. Au contraire, si le résultat mesuré par le densimètre est différent de ce qu’affiche la bouteille, cela veut dire que quelque chose a été ajouté au rhum, ce qui a eu pour effet direct de modifier sa densité. Selon la réglementation le % noté sur la bouteille doit être exact à + ou – 0,3%, il est donc accepté une marge d’erreur. [ D’autres facteurs peuvent influencer les résultats comme l’interaction du rhum avec le bois pour les spiritueux les plus âgés et l’ajout de caramel pour la coloration : ainsi plus le temps de vieillissement est long et moins les résultats sont exacts (marge d’erreur calculée: 0,6%) ] Le testeur part du constat que ce quelque chose pourrait être du sucre, pour la simple et bonne raison que c’est la seule chose qui est autorisée, outre le caramel pour la coloration du rhum. Rappelons qu’après fermentation et distillation, le rhum ne contient plus aucun sucre. Les résultats du densimètre sont mis en relation avec des tables de données décrivant la densité du rhum à différents % et un autre tableau qui décrit le changement de densité en fonction de la dose de sucre ajoutée à une solution eau/sucre (mesuré en brix). plus d’informations ici. La réponse de l’industrieDepuis la parution des différents résultats, les professionnels ont réagi de différentes manières : certains ont avoués ces pratiques et les assument (et mentionnent même le grammage de sucre présent dans leurs bouteilles), d’autres les ont réfutées, mais la plupart sont encore terrés dans le silence, en attendant que ça se passe. La palme de l’argument le moins plausible -et pourtant le plus répandu- veut que ce sucre « provienne du fût (bois) » ou encore que de « nombreuses choses peuvent affecter la densité » : pour être clair et tout à fait juste dans les propos, rappelons que seules des matières solides dissoutes peuvent affecter la densité d’un spiritueux qui a été distillé. Si ce n’est pas du sucre, qu’est ce donc ? Aucune réponse des intéressés pour le moment. Cela peut-être du sucre sous différentes formes (sirops, jus, fruits macérés). le rhum agricole et l’AOCJ’ai parlé plus haut des raisons de ces tests, de leur genèse, née de dégustations et d’interrogations. En aucun cas le but n’est de porter de tort à qui que ce soit, et les résultats ci-dessous sont uniquement postés dans un but informatif. Et signalons-le clairement : ils sont encore loin de refléter la situation actuelle, et ne sont sûrement qu’une simple goutte d’eau… D’autres tests viendront sûrement, c’est une question de temps et de moyens, mais il serait plutôt intéressant d’avoir le maximum de données, et peut-être même de réponses… quels rhums et pourquoi ?Citons-les d’abord : La Favorite cuvée Privilège et la cuvée des Cavistes.
LES RÉSULTATSrhum La Favorite cuvée Privilègesinfo sur le produit : assemblage de 30 ans et de 35 ans d’âge. conclusion du test : la mesure du densimètre indique la présence de 45 grammes de sucre par litre. Comme déjà stipulé plus haut, il peut s’agir de sucre sous différentes formes (sirop, jus, fruits,..). En tout cas quelque chose a été ajouté en grande quantité à ce rhum, ce qui a changé sa densité. Si nous comparons ce résultat aux mesures déjà réalisées par les gouvernements finlandais, suédois, ou ceux de Johnny Drejer, nous pouvons alors affirmer qu’il y a autant et voire beaucoup plus de sucre dans la cuvée Privilège que dans un rhum Diplomatico Exclusiva Reserva (entre 41 et 45g/L), ou encore qu’un Ron Milonario (solera 15 ou XO), ou encore des rhums Zacapa (23 ou XO). Ceci ne changera sûrement pas votre plaisir à déguster ce rhum, ni le mien, mais l’information mérite d’être connue. rhum La Favorite cuvée spéciale des Cavistesinfo sur le produit : vieillissement de 20 ans en fût de petite contenance, une sélection de lots de fûts par des professionnels. conclusion du test : la mesure du densimètre indique la présence de 49 grammes de sucre par litre. Le résultat est encore plus élevé que la cuvée Privilège. Une nouvelle fois, rappelons qu’il peut s’agir de sucre sous différentes formes et que dans tous les cas quelque chose a été ajouté en grande quantité à ce rhum, d’où le changement de densité. Rares sont les tests actuels qui font état d’un taux aussi important. Vous pouvez visiter la page Facebook de Johnny Drejer pour comparer avec d’autres rhums. information complémentaire: L’alcool présent dans une bouteille affichant 40% reste de 40%. Et le fait d’ajouter quelque chose au rhum (comme du sucre) ne changera rien au degré d’alcool présent dans la bouteille. Dans le cas ci-dessus par exemple, la cuvée des cavistes titre réellement 42,5%. Simplement, les instruments qui mesurent la densité pour calculer le % d’un spiritueux mesureront alors un faux résultat, dans ce cas 29,2%, ce qui permet de mesurer et de chiffrer cet ajout de 49 grammes. Que faut-il en déduire ?– Qu’il a été ajouté quelque chose en très grande quantité dans ces deux rhums, et plus généralement dans de nombreux rhums testés précédemment. Et puisque certains professionnels ont fini par l’avouer, la piste du sucre ajouté est de plus en plus plausible, et donc confirmée dans certains cas. Reste à savoir ce qui pourrait être ajouté d’autre au rhum ? – Il faut aussi en déduire que le rhum agricole n’est donc pas épargné, même si d’autres mesures nous permettront de voir si cela touche d’autres rhums. Mais le doute est-il réellement permis ? la question est posée. – L’AOC ne contrôle donc pas cet ajout, ou si elle le fait elle ne s’y oppose pas, puisque les rhums testés ont tous les deux une appellation (AOC pour la cuvée Privilège, AOM pour la cuvée des Cavistes) . Ce n’est pas un cas isolé, mais il peut d’ailleurs paraitre surprenant de donner une AOC à un assemblage de rhums de plus de 20, voir 30 ans, période à laquelle l’AOC n’existait pas encore (1996). Il serait aussi intéressant de savoir si elle contrôle d’autres pratiques comme par exemple l’ajout de copeaux de bois au fond des fûts ? Réponse(s) de La FavoritePour ce qui est plus particulièrement de ces deux échantillons envoyés à Johnny, à la question « ajoutez-vous une quelconque part de sucre (brut ou sous forme de jus) à vos rhums hors d’âge ? » La Favorite a répondu en ces termes : « Nos rhums vieux et hors d’âge sont le résultat d’un travail de sélection des fûts,du temps et l’oeuvre du maître de Chai. Nous travaillons avec des rhums blancs très parfumés et doux, et en aucun cas ce travail sur les blancs et les vieux ne nécessite d’ajouter quoi que ce soit au produit pour avoir le résultat que vous dégustez et appréciez, nous le souhaitons,dans votre verre. » Malheureusement la différence de % mesurée ne laisse pas place au doute, il a été ajouté quelque chose aux rhums hors d’âge de La Favorite, sinon la densité n’aurait pas été (ou très peu) modifiée. Si ce n’est pas sous forme de sucre, qu’est ce donc ? Si La Favorite veut répondre à cette question, cet endroit est aussi le sien.
Une autre interrogation subsiste et la cuvée des Cavistes pourrait nous éclairer sur la situation : comme il s’agit d’une sélection de fûts réalisée par des cavistes en visite à la distillerie La Favorite, cela impliquerait que le rhum a été embouteillé suite à cette sélection, et donc qu’il possédait déjà intrinsèquement tout ce ‘sucre’. Ce qui supposerait que cet ajout a eu lieu avant l’embouteillage, et plus certainement dans le fût et avant/ou pendant le vieillissement.
CONCLUSIONCes deux tests, censés démontrer que les rhums agricoles ne sont pas épargnés par le débat du sucre ajouté dans le rhum, ne sauraient refléter une quelconque généralité, et il sera intéressant de tester d’autres rhums dans un second temps. Aussi il serait inconcevable via ces tests de ternir l’image de la distillerie La Favorite qui a bien plus de mérite que bon nombre de distilleries aujourd’hui. Si La Favorite juge utile d’intervenir en réponse à mon article, elle sera la bienvenue. Une nouvelle fois, l’ajout de sucre et/ou de toute autre substance n’est pas un problème en soit, nous en avons déjà parlé ; mais la transparence vis à vis du consommateur devrait être la règle, et le déni n’est pas acceptable. Il est très difficile de voir clair dans un monde -celui du rhum- qui est si opaque, et où bon nombre de secrets perdurent. Le rhum évolue, et en évoluant il se cache derrière des secrets là où il devrait au moins avoir la franchise de ses actes, et être -si ce n’est honnête- au moins fier de son passé et de ses évolutions. Une fois encore, c’est le consommateur qui trinque, qui se retrouve dupé au lieu d’être correctement informé… d’autres encore préféreront ne rien savoir, par choix ou par peur, complices de dérives passées, actuelles et futures. Libre à eux. |
quelques liens à visiter pour aller plus loin :http://www.drecon.dk/index.php/17-list-of-rum-measured http://www.systembolaget.se/ http://www.alko.fi/en/products/la liste des rhums testés actualisés : http://rumproject.com/rumforum//viewtopic.php?t=1683 autres articles traitant du même sujet :Saccharhum’ |
Good post. The industry must recognize the need for transparency.
Super article. Finalement rien de surprenant… Si un rhum a goût de liqueur, c’est que c’est de la liqueur. C’est vrai que la quantité de matière ajoutée est quand même impressionnante ! 190 euros la bouteille de rhum à 26%, c’est pas donné :-\
Assez interpellé pour la favorite … Quoique j ai jamais eu l occasion de goûter et donc de me faire une idee …mais encore un super article cyril 😉
Merci Cyril de porter ces pratiques à notre connaissance, grâce à toi nous en savons un peu plus sur notre breuvage favori, et nous resterons alertes et critiques lors de nos futures dégustations.
Au plaisir d’échanger avec toi.
Belle bombe à fragmentation que ce post.Pertinence frisant l’impertinence, mettant à mal bien des convictions.J’apprécie cette recherche de vérité et de transparence.La favorite comme bien d’autres agricole use de certains procédés qui provoquerait l »ire des ayatollahs de la pureté cependant le rajout d’éléments sucrés ne datent pas d’hier et il y à l’art et la manière comme en cuisine. Vouloir « scannériser » un type de production n’est pas sans risque pour le plaisir gustatif et l’on peut érafler même avec un esprit d’abnégation l’image de certaines maisons.IL serait illusoire que nous sois délivrer en toute transparence les secrets d’élaboration de certains vieux de renoms car beaucoup trop d’enjeux. Cet article ouvre un champs important de questions, heureusement d’ailleurs.Le densimètre est un bel outil qui hélas a ses limites car comme le soulignait Picasso » les ordinateurs sont inutiles, ils ne donnent que les réponses(chiffrées) » car comment expliquer que la flibuste ou la caviste qui bien qu’ayant un taux de sucre par gramme plus important q’un Diplomatico soit nettement plus agréable à la dégustation.Le problème ne réside pas pas que dans la sucrosité ajouté au rhum mais aussi dans la qualité des autres éléments qui le constitue( une analyse atomique serait loin d’être ridicule) et je pense qu’il y a « un soleil vert » conséquent. L’analyse devrait se faire également s’étendre sur les blancs ainsi que sur des produits respectables tel que les Chantal Comte ou les Demerara de Velier par exemple.Les millésimes étant singulier par nature, sur la cuvée 1984 la flibuste je n’ai ressenti pas la sucrosité douteuse de son aînée 1982 quant La caviste,son taux ne m’a pas interpellé
et ces test, et les futurs, ne doivent en rien changer le plaisir de chacun à déguster ces rhums. Bien sur que le procédé est vieux comme le monde, mais penser que les rhums AOC et de manière plus générale les rhums agricoles sont épargnés est une hérésie. Un diplomatico n’a bien sur pas la même matière première qu’un rhum hors d’âge de La Favorite, et peut etre que là où Diplomatico rajoute du sucre, La Favorite fait vieillir du jus de pruneaux ou une autre macération dans ses fûts, va savoir ? c’est un mystère pour le moment, et tout est supposition. Et puis il y a des différences de distillation, et tellement de petites choses qui les éloignent, ce ne sera jamais identique à la dégustation, et heureusement 🙂
l’analyse s’étendra bien sur aux blancs, le but étant de tester le maximum d’échantillons ; et la liste de rhums testés est déjà grande (velier y compris)
merci tout le monde pour votre lecture. ça ne surprend pas tant que ça à lire les avis ici et là, donc pas de quoi révolutionner quoi que ce soit. La dégustation reste une nouvelle fois la plus pertinente des pratiques.
Bonjour Cyril,
Tout d’abord, merci pour votre site très instructif et de qualité font je lis les articles régulièrement depuis plusieurs mois. Je reviens sur votre article sur le sucre potentiellement ajouté, certes très intéressant et fort instructif. Je déplore
toutefois que vous ayez publié ces résultats avant même d’avoir testé d’avantage de cuvées de Rhums AOC. Pour être vraiment
objectif n’aurait-il pas fallu faire d’abord le test avec l’ensemble des distilleries produisant des Rhums AOC?! Imaginons que demain vous vous aperceviez que la plus part des distilleries obtiennent des résultats supérieurs, vous aurez « épinglé », et ce même avec tacte, La Favorite pour rien. Je sais que vos moyens sont limités mais votre enquête sera d’autant plus crédible, si vous faites d’abord tous les tests sur l’ensemble des distilleries et que vous publiez après coup.
S’agissant de surcroît d’une petite distillerie, il convient d’être encore plus prudent.
Merci pour votre travail et à bon entendeur salut!
Régis Hardouin-Finez
Bonjour Régis et merci. Je suis d’accord avec vous sur l’objectivité d’une telle révélation (qui ne surprendra pas grand monde au fond), mais le but premier de cet article est d’informer et de montrer -dans un premier temps- que ce problème de sucre touche aussi le monde de l’agricole, et celui de l’AOC.
ces mesures sont nées de gros doutes, et j’ai donc d’abord voulu en avoir le coeur net avec ce qui me paraissait être La grande interrogation. les prochains tests suivront, mais en ce qui concerne d’autres rhums, la dégustation est très (pour ne pas dire excessivement) parlante, et je ne crois pas que d’autres rhums agricoles (aoc ou non) auront des résultats aussi importants que ceux de La Favorite… Ce serait une énorme surprise pour être franc avec vous. Qui plus est nous sommes ici sur du hors d’âge, et il est intéressant de noter que sur les rhums déjà testés (de mélasse), plus on monte en gamme (d’âge et de prix) plus il y a ajout de sucre. Et là il y a un gros problème selon moi qui mérite débat.
Cher Cyril,
voilà la solution à votre mystère:
« … Some rums, demanding long maturation periods of over ten years, may have raisins or plum wine added to them. The use of fruits or plum wine enhances the maturation effect but obviously impacts on obscuration. The majority of well aged rums possess obscuration well in excess of 1.0%.
(…) Obscuration can vary from less than 1.0% to AT LEAST 8.0% depending on color and age. »
[from: Fermented Beverage Production, Andrew G.H. Lea, John R. Piggott, Kluwer Academic, New York, 2003].
So no wonder if within this HUGE range of obscuration – less than 1.0% to more than 8.0% – (id est the total % of additives impacting on the density of the spirit), the producers can hide terrifying amounts of sugar in their rums.
thanks for the information and source
but it is for « Fermented Beverage Production » , right ?
Yes, a scientific book on spirits technology.
My quote is taken from the chapter « Rum », at page 278 and 283. These paragraphs describe the aging of rum.
For a definition of obscuration, i let you read below the EU rules which apply to all wine spirits (cognac included) produced in the EU area. The permitted tolerance is within 4 alcoholic degrees.
« La coloration (telle que prévue dans la définition communautaire des eaux-de-vie de vin), l’adjonction d’infusion de copeaux de chêne, ainsi que l’édulcoration [par l’ajout de produits définis au point 3a de l’annexe I du réglement (CE) n° 110/2008 du 15 janvier 2008 (sucres alimentaires)], sont autorisés, de telle sorte que leur effet sur l’eau-de-vie soit inférieur ou égal à 4° d’obscuration. L’obscuration, exprimée en degrés, est obtenue par la différence entre le titre alcoométrique volumique brut et le titre alcoométrique volumique réel. »
SO your rums if made in the EU would be completely outlaw. 😉
The ‘cahier des charges » of AOC rhums do not authorized anymore this part:
« La coloration (telle que prévue dans la définition communautaire des eaux-de-vie de vin), l’adjonction d’infusion de copeaux de chêne, ainsi que l’édulcoration (…) »
it has been modified and cancelled. And « obscuration » is not 4° anymore but 2°. For AOC and just AOC, of course
So let’s summarize the question:
– according to the EU rule 110/2008 rum « shall solely be sweetened to round off the final taste of the product »
– but limits to sweetening for rum are not yet established by EU law in reality
– so apart the french AOCs, no clear rules apply to rum concerning sweetening
RESULT: some brands put into their rums lots of added sugar; these products have free access to the EU market, even if they should not be allowed according to the (incomplete) EU law definitions.
The consumer is defenseless against these mal-practices. What could we do?
…. Sauf que la flibuste et la cuvee Privilege ne sont pas AOC, l’Habitation ne mentionne pas les nominations legales sur ces bouteilles, qui sont, selon la loi, « Appellation d’Origine Controlee » suivi de la mention »Martinique », dont les tailles de police doivent etre identiques. Or, ces mentions ne figurent pas sur les 2 bouteilles : on y trouve Appellation d’Origine la Favorite, et le mot Martinique n’est pas mentionnee. Donc pas de triche, et l’AOC controlle bien les taux de masquage…
Bonjour Berlioz
comme rappelé par la distillerie La Favorite, il y a bien eu des cuvées Privilège avec la mention AOC Martinique, voir l’image dans l’article avec ma propre bouteille et le logo. Ma Cuvée des Cavistes mentionne quant à elle « Appellation d’origine Martinique ». Je n’ai pas de bouteille de la Flibuste malheureusement.
Êtes vous bien sur que l’AOC contrôle le taux de ‘masquage’ ? Ce n’est pas l’information que j’ai eu de mon côté. L’attribution de l’AOC, au delà du respect du cahier des charges, est validée par une dégustation d’un jury.
voici le lien : http://durhum.com/fin-du-cas-la-favorite/
D’abord, encore bravo pour le rôle de sentinelle vigilante que remplit ce site, c’est très bien ! Si l’alerte donnée à propos de boissons qui se disent du rhum mais qui sont « enrichies » de sucre, glycérine ou autres s’étend aussi à certains AOC de Martinique, c’est que le problème devient aigu ; cela m’inspire plusieurs remarques :
1-Vendre un produit trafiqué implique que la confiance est rompue. Elle est rompue vis-à-vis des clients, mais aussi envers le reste de la profession (s’il y a des tricheurs parmi les producteurs, il y a aussi des acteurs honnêtes, qui doivent se sentir floués). S’il est prouvé, l’abus de confiance est malhonnête, c’est un délit.
2-Si l’AOC rhum agricole Martinique est aussi touché, c’est qu’une faille existe malgré la sévérité de la règlementation ; certains semblent l’avoir trouvée. Il est donc urgent que cette faille soit comblée de façon efficace par l’interprofession pour éviter que les ravages ne s’étendent.
3-Dans notre monde de « communication » et de spectacle, la réaction doit être de deux types : dans les médias, et sur le plan législatif et judiciaire. Dans les médias d’abord : qu’un site spécialisé en parle, sonne l’alarme, c’est bien, c’est même très bien, mais ce n’est pas suffisant. Qu’une pétition contre les rhums trafiqués ait été lancée, c’est bien aussi, mais là encore on en reste (pour l’instant) au stade des « happy few ». J’ose espérer que l’info sera relayée non seulement par la presse spécialisée mais aussi par les associations de consommateurs : il en est de sérieuses, influentes, ayant lancé leur organe de presse et disposant d’un réseau important. Dénoncer publiquement et largement les tricheurs, preuves à l’appui, ne peut que faire mal à la notoriété des contrevenants, dans un monde où l’image de marque est importante. Sur le plan législatif et judiciaire ensuite ; si la règlementation est bafouée, de deux choses l’une : ou on change la règle du jeu (en autorisant l’ajout de sucre, glycérine, etc. et c’est alors une catastrophe pour le consommateur averti, puriste et esthète) ou alors on la fait respecter. Ce qui signifie des contrôles aléatoires et fréquents et des sanctions pénales efficaces. Ce qui signifie aussi, dans les concours, des « contrôles anti-dopage » préalables et systématiques sur l’ensemble des échantillons (est-ce fait ? je l’ignore), de façon à disqualifier sans pitié les tricheurs et les interdire de compétition durant une certaine période. Ce qui signifie encore que ces boissons trafiquées, si elles plaisent à un certain public, doivent obligatoirement porter un autre nom (du style « boisson à base de jus de canne à sucre… ») mais ne plus s’appeler rhum. Car si on ne reste pas franc et loyal envers le consommateur, les ravages vont être considérables, non seulement pour le rhum en général, mais aussi en termes de clientèle… et, au bout du compte, d’emplois.
Question de moyens, sans doute, mais d’abord de volonté. Pour cela il faut que l’affaire ne reste plus confinée à des cercles éclairés mais étroits, pour toucher plus largement le public.
Encore bravo d’avoir levé le lièvre ! Espérons maintenant que les relais vont fonctionner, car le problème est tout sauf anodin.
Bonjour Jean-Louis
merci beaucoup pour cette analyse très pertinente du problème. La confiance est rompue, c’est exactement ça, et beaucoup de producteurs (d’ici et d’ailleurs) mentent ouvertement, avec quelque fois un argumentaire qui frise le ridicule. A part cela, c’est la politique de l’autruche, le silence radio sur long terme, chacun espérant que la tempête passe… Et certains producteurs, aujourd’hui, cachent habilement leur niveau de sucre en jouant entre fructose et saccharose, rendant illisible le résultat de nos mesures amateurs. C’est d’une tristesse.
Au niveau amateurs, beaucoup se bougent, d’autres encore, habités d’un sentiment de protectionnisme, refusent de voir la vérité, c’est humain, mais ça ne doit pas empêcher la transparence.
Et dans les médias, personne ne semble vouloir relayer l’information. les associations de consommateurs que j’ai contacté, quand elles répondent, ne montrent pas, voir très peu d’intérêt. Sur le plan législatif et judiciaire, la Commission Européenne renvoie la balle au ministère de l’agriculture qui fait la sourde oreille. Voilà où nous en sommes.
Bonjour
Je suis tombé récemment sur votre site, et je dois dire que je tombe des nues. Je suis moi même un amateur de rhum, et je ne pensais pas que ce produit était « bidouillé » de cette façon.
Il se trouve par ailleurs que je travaille dans le domaine des alcools industriels. Le rhum n’est pas mon domaine, et je n’ai eu à en analyser qu’occasionnellement, mais je voudrais réagir au protocole utilisé par Johnny Drejer :
L’utilisation d’un densimètre permet effectivement de déceler une différence entre le titre annoncé et celui obtenu par densimétrie, mais acheter un appareil à 4000 euros pour ça me semble un peu exagéré.
Dans le laboratoire où je travaille nous effectuons simplement une teneur en matière sèche (on dépose une petite quantité de liquide dans une coupelle, le liquide est évaporé et on pèse le résidu).
On peut ensuite faire une mesure de Brix en ajoutant de l’eau au résidu.
Bonsoir Olivier
sur d’autres articles il y a un lien pour se procurer un matériel plus modeste (10/15€) donc effectivement pas besoin de mettre des centaines ou des milliers d’euros, et c’est important de le rappeler merci 😉
j’ai opté pour un densimètre pro mais uniquement pour le gain de temps (quelques secondes, calcul pour 20° et – de 2cl nécessaire)
Bonjour,
Tout d’abord, un grand merci pour votre site tres complet en degustation, interviews et dossiers qui m’ont bien aidés dans ma découverte des rhums AOC martinique.
Je pose aussi aujourd’hui la question sur d’éventuelles failles dans cet AOC qui pourrait permettre l’ajout de sucres ou autres substances et aromes en toute légalité.
Ayant pu déguster quelques uns de ces rhums (grace à vos dégustattions d’ailleurs), j’ai quelques doutes sur le re-sucrage de certains qui pourtant portent l’AOC.
Je ne suis pas encore assez affuté dans mes connaissances.
Ma question est la suivante, et sans entrer dans quelque polemique, pourriez-vous, cyril, me dire si en dehors de la mention AOC, il existe d’autres mentions sur la bouteille qui pourrait m’orienter dans le choix de rhums les plus « authentiques » possibles, moins re-sucre ou aromatisé, je pense par exemple au « brut de fut » ? « full proof » ? « single cask » ?
Peut-etre avez-vous quelques exemples concrets de bouteilles dans une gamme de prix entre 70 et 120 euros a la louche, qui m’aiderait me faire une idée d’un AOC authentique et franc ?
Bonjour Olivier et merci,
les mentions d’authenticité sur les étiquettes tiennent au final plus de l’argumentation marketing que d’autres choses (en grande généralité), et l’AOC est tout de même garante de nombreux points qui garantissent la dite authenticité et le sérieux des producteurs. Au delà, il y a plus simplement la mention de la provenance, de l’origine du rhum, l’indication géographique qui peut garantir un produit: dans nos DOM, ou encore (et par exemple) la Barbade et la Jamaïque qui ont une réglementation propre et qui proposent des rhums aux profils et aux terroirs différents. De manière générale, une étiquette devrait pouvoir vous dire précisément ce que vous achetez (à minima son âge et sa provenance). Pour le reste vous trouverez quelques mesures ici : http://durhum.com/de-rhums-en-mesures/ qui confirmeront peut-être certains de vos doutes
Je vous remercie Cyril pour ce petit eclairage.
Et je dois dire que je suis plutot agreablement surpris par les resultats (les votres ainsi que drejer ou fatrumpirat) car ayant un faible pour les vo vsop et xo d’une certaine distillerie de martinique, je voyais jusqu’ici mes doutes me gacher de plus en plus mon plaisir. Seulement des doutes donc, et fort heureusement, car les test les concernant sont de zero ou 1…
Un grand merci
La Flibuste de La Favorite n’est pas un rhum sous AOC, cette mention n’apparait nulle part sur la bouteille.
Mais c’est indéniable que qq chose est ajouté …
Pour info il existe d’autre rhum martiniquais qui devraient perdre l’AOC …