Rhum Fest 2014, le bilan

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UN SALON FESTIF

Le lundi 7 avril était l’occasion pour moi de visiter le salon Rhum Fest (anciennement Rhum Fair), qui œuvre pour la 3eme année à représenter le rhum en France. La journée du 6 avril était ouverte à un public très nombreux, et aux dires de certains il y aurait eu quelques 3 000 personnes à se précipiter sur la 15aine d’exposants et les plus de 90 marques représentées… Un pari réussi et une foule au rendez-vous qui nous rappelle une nouvelle fois l’engouement grandissant pour le rhum en France. Nul doute que ce salon n’a rien à envier à ses homologues.

De toute évidence il y avait de quoi satisfaire tout le monde, du néophyte à l’amateur le plus difficile, et il était surtout question de préparer sa venue au préalable pour ne pas se perdre trop rapidement. Et aussi car passées quelques dégustations l’appréciation est tout de suite plus difficile, ou en tout cas différente car altérée. Qui peut sérieusement enchainer plus de 5 ou 10 rhums avec le même aplomb ? par moi en tout cas.

Mon parcours était alors plus ou moins tracé avant d’arriver dans le très beau cadre du Parc Floral : La Favorite, JM, Depaz, les nouveautés de chez HSE avec leurs différentes finitions, Mezan, Caroni et les rhums de L’ile Maurice (invitée d’honneur du salon) avec notamment Chamarel et New Grove. Quelques ‘priorités’ histoire de ne pas s’éparpiller trop rapidement dans les allées du salon… VOYAGE AU COEUR DU RHUM FEST

[ un Grand merci à Gregory Stradivarius Noël et Vincent Bidault de Villiers de la page Amateurs de Bon Rhum pour m’avoir autorisé à utiliser leurs photos ]

 


 

Une fois sur place on suit tout logiquement l’ordre des stands, ou en tout cas des pavillons/salles qui sont au nombre de 3. Pour essayer de ne pas tout mélanger et essayer de vous offrir une visite plus sympathique je vous propose de suivre le parcours classique, en tout cas de ce que j’en ai retenu, sachant que je ne me suis pas arrêté partout (donc voila un compte rendu somme toute personnel, bien entendu).

 

Le 1er Pavillon, la bien nommée Forêt Primaire

12 exposants dont quelques grosses pointures, normal il faut bien planter le décor. Santa Teresa est le premier stand que l’on aperçoit en rentrant, je passe mon tour et prend sur la droite : Giffard, de la cachaça (Thoquino) et ensuite Clément et JM en bout de table. ahhhh, JM ! moi qui voulait m’y pencher plus sérieusement je suis assez surpris (pour ne pas dire déçu) de ne trouver que 3 bouteilles, sans aucune mise en valeur du produit ni de la distillerie qui pourtant mériterait à elle seule tout un pavillon… me voilà déjà témoin de la cruauté des salons: les distributeurs sont rois et choisissent les produits à mettre en avant… Clément est beaucoup mieux loti en la matière avec la quasi intégralité de leur production.

Je me laisse alors tenter par une dégustation de leur Single Cask ; l’attaque est franche et épicée/boisée, assez passe-partout mais qui fait plutôt bien son boulot. Je poursuis avec la cuvée Homére que je trouve d’entrée plus intéressante : une bouche plus complexe, puissante, boisé, fruité (fruits secs) et épicé (cannelle), grillé et un final long et bien persistant. Une cuvée que l’on pouvait trouver pour beaucoup moins cher lorsqu’elle était disponible en bouteille classique ; aujourd’hui en carafe le prix a considérablement augmenté.

photo de Gregory Stradivarius Noël

La visite continue avec à côté une espèce de machine (So’Kanaa) à extraire le jus de canne fraîche. Mon regard dévie rapidement sur le monsieur d’à côté qui représente les rhums Dzama, et je ne peux m’empêcher de rester bloqué sur l’imposante carafe de leur XV (15 ans) ; j’hésite à goûter d’abord leur 10 ans Vanille qui jadis me faisait envie. Mais la description qui en est faite (sucré et sirupeux, fort en vanille) m’en dissuade, préférant me concentrer sur leur 15 ans : un superbe nez de bois précieux, de cire, avec un côté légèrement fumé et poivré, très classe ! la bouche est ronde avec toujours ce bois précieux et un côté tourbé très agréable (vieilli en fûts de islay? la robe paille laisse imaginer ce genre de fûts), délicat et très plaisant. très belle découverte qui me ferait payer le prix fort. Voila donc la première belle découverte de la journée.

Juste à côté, on trouve le stand ACR (Authentic Carribean Rums), sorte de nouveau label qui englobe quelques prestigieuses marques représentées ici par El Dorado, English Harbour, Doorly, Cockspur, Brugal, Chairman’s Reserve, Angostura,… un stand assez riche et qui a dû remporter un bon succès ; en tout cas, c’est un stand assez bien fourni pour de belles dégustations. Connaissant déjà ces rhums, je continue mon chemin vers les tables suivantes…

Arrive Arcane avec toute la promo qui va bien, les flyers, les posters, les cocktails. Une comm’ à faire rougir n’importe qui (même Kraken). idem je passe mon tour, sûrement l’âge qui me rend con -et donc difficile- en matière de rhum. Avec le recul j’aurais du quand même gouter leur nouveau produit (tant pis) : un rhum blanc qui d’après les dires aurait un goût tout aussi artificiel que les précédents. Il y a beaucoup de monde à apprécier et c’est tant mieux pour tout le monde, surtout les amateurs de cocktails. Je ne peux qu’être -tout de même- déçu (légèrement je vous rassure) de voir Christian Vergier (Maître de Chai qui a notamment travaillé pour La Mauny, Trois Rivières) derrière ce rhum.

Authentic Carribean Rums / Gregory Stradivarius Noël

Au bout, un petit stand qui ne paye pas de mine et que j’ai malheureusement zappé dans mon périple : Tradelink et les marques Blackwell (jamaique), Bologne, Rebellion. Une autre fois peut-être. Enfin il reste deux stands dans ce pavillon : Bacardi et Leblon, et puisque aucun ne fait de rhum ( :p ) je suis passé au suivant.

 



Le Pavillon 2 : RAIN FOREST

 

photo de Vincent Bidault de Villiers

En rentrant dans ce nouveau pavillon, on passe devant une première table dévolue à Mount Gay avec du choix et de la disponibilité. Préférant goûter d’autres choses avant, je ne m’y arrête pas, et oublierai même d’y revenir plus tard à mon grand regret (pour goûter leur black barrel en particulier).

Idem pour La Mauny, juste à côté, que je voulais pourtant découvrir plus en détail, peut-être une autre fois…  Et je profite du stand voisin pour m’arrêter, voyant Christian Vergier derrière le stand de Trois Rivières, sourire et disponibilité au rendez-vous. J’en profite pour goûter les 5 et 8 ans : du caractère et une bouche franche et épicée, chaleureuse de bout en bout avec un final persistant. Ma préférence va au 8 ans, plus abouti et agréable en bouche.

Je profite de la présence de Mr Vergier pour lui demander d’où vient ce goût si artificiel de banane dans le rhum Arcane… un début de réponse avec son explication de la méthode cognacaise, les fûts utilisés, et… la fabrication de ses propres sirops… Vous allez me dire ‘on s’en doutait’, mais ça fait toujours plaisir de l’entendre de la bouche même de son créateur…

Dans ce pavillon il y a un stand assez imposant et bien garni : ce sont toutes les marques distribuées par Dugas, autant dire un bon paquet ! imaginez : Angostura, Appleton, Barbancourt, Barcelo, Botran, Damoiseau, Depaz, Chamarel, Diplomatico, La Favorite, HSE, Matusalem, St James,… de quoi passer quelques bonnes heures si vous ne connaissez pas -encore- tous ces rhums. les premiers rhums que l’ont découvre sont ceux de HSE, La Mauny et La Favorite posés sur une première table. A noter que ces 3 marques sont présentes ailleurs dans le salon et j’ai envie dire heureusement puisque la personne derrière cette table n’est pas très ‘ouverte’ et a beaucoup de mal à proposer une dégustation, dommage… Heureusement l’autre stand HSE dont nous parlerons plus loin était aux petits oignons. je ne m’y attarde pas, encore déçu de voir qu’une seule bouteille représente une autre grande distillerie (par la qualité) La Favorite… encore un rendez-vous manqué avec une excellente distillerie dont j’espérais découvrir leurs nouveaux embouteillages (dont leur cuvée du château, et plus si affinité (Flibuste)).

photo de Gregory Stradivarius Noël

Je passe devant les stands à la va-vite, déjà conquis (ou non) par certaines de ces grandes marques. Beaucoup de place donnée aux cadors et autres produits phare des cavistes : la liqueur Don Papa, Diplomatico, ..etc, d’autres marques encore ne sont pas très bien représentées (peu de choix).

Accompagné par Jean Claude Liméa (le photographe officiel du magazine RumPorter) je me laisse tenter par le Barcelo 30th Anniversary, un rhum plutôt gourmand et très sympa (nous y reviendrons sur le site), après quoi on nous propose de poursuivre par un Opthimus 15 « pour voir la différence » : très gourmand aussi et pas de grosse surprise car on a là un rhum solera très fin et délicat, d’une douceur extrême qui ne peut que passer « très bien » après le Barcelo (la dégustation inverse aurait été plus intéressante, mais sûrement moins marquante). Sur la table, d’autres bouteilles : Ron Millonario (on en a déjà parlé aussi) avec un  XO quand même assez sympa et leur nouvelle bouteille de 1 litre qui fait son petit effet sur la table.

Je poursuis ma route à quelques mètres pour m’arrêter devant une table qui propose Depaz, Riviere du Mat et Chamarel : je goûte les Rivière du Mat 40 et 43 (millésime 2004), le premier est assez banal alors que le millésime 2004 (9 ans et 43°) est beaucoup plus parlant et intéressant, sur les fruits rouges et le boisé. Je continue avec Depaz et son XO que je voulais découvrir depuis un moment maintenant : une autre belle découverte (même si l’accumulation des dégustations commence à faire son petit effet..) très fin et riche avec des notes de chocolat et de fruits secs (pruneaux, datte), un boisé doux qui donne une bouche assez délicate (ronde) mais puissante à la fois, final persistant et agréable.

Arrive Chamarel
C’est avec New Grove les deux marques que je voulais absolument découvrir aujourd’hui (l’une propose du rhum agricole, l’autre de mélaasse), toutes deux en provenance de l’île Maurice et sorte de guest star du salon de cette année. Chamarel est relativement récent dans l’élaboration de ses rhums vieux, et c’est donc extrêmement intéressant de s’y pencher et noter les évolutions futures dans leurs produits. Ajoutez à cela un vrai terroir et un contrôle de la fabrication de A à Z : de la récolte de la canne sur place à la distillation (colonne à plateau et des alambics à repasse en cuivre), et vous obtenez une distillerie à suivre dans ces prochaines années, et à suivre de près. Plutôt spécialisé dans les liqueurs, Chamarel propose 2 rhums vieux, un VO de 3 ans et un VSOP de 4 ans.

A l’aide une nouvelle fois de Jean Claude et de ses affinités avec l’assistance (on est photographe officiel ou on ne l’est pas!), je passe derrière le stand pour déguster justement quelques exclusivités dont un brut de fût tout simplement exquis, servi par Bruno Le Merle de Chamarel. Un rhum qui fera parler de lui à coup sûr s’il sort dans l’état ; car nous ne sommes en effet jamais à l’abri d’une dilution trop importante (et imposante) pour s’accommoder aux palais plus classiques des consommateurs, et qui dénaturerait à coup sur le produit fini. A suivre donc, mais une très belle surprise qui je l’espère pourra être prochainement partagée avec le plus grand nombre…si Monsieur Le Merle pouvait m’entendre ou me lire… 😉

Passons rapidement quelques stands qui n’ont pas attiré suffisamment ma curiosité mais qui ont dû rencontrer un certain succès : les rhums Caney, pas mauvais mais que je connais déjà, St James, Dillon et…Caraïbos, puis au milieu une autre table (La belle Cabresse, Isautier, Dormoy) où j’ai enfin pu goûter du Reimonenq : on commence doucement avec leur « réserve spéciale », plutôt sympathique avec un bel équilibre douceur/puissance. On passe au niveau supérieur avec leur hors d’âge de 9 ans : une autre belle découverte, une bouche moelleuse et très expressive/aromatique, fruité et boisé, bien fondu. Un autre futur achat même si j’aurais aimé goûter à leur 11 ou 12 ans mais il n’était pas présent en ce jour, bien dommage.

photo de Gregory Stradivarius Noël

Vient l’îlot central, centre de toutes les attentions des dégustateurs avertis : la sélection de LMDW (La Maison du Whisky). Ne me demandez pas pourquoi mais nos amis amateurs de whisky (et là je parle de généralité) ont de très bons goûts en matières de rhums, ils exigent souvent le meilleur (forcément, le whisky a des règles strictes et un certain sérieux comparé au rhum) et c’est tant mieux pour nous.

autour du stand LMDW des trucs douteux quand même : Atlantico (j’ai déjà donné) et  Pink Pigeon en tête (l’odeur suffit). Et des champions du monde : Velier et ses Demeraras, Calirins, Caroni et RhumRhum ; Plantation et sa gamme qui s’étoffe de jour en jour, l’italien Rum Nation, Pusser’s, New Grove, Savanna, Karukera,… De quoi passer une bonne après-midi en quelques mètres carrés (ce qui facilite le déplacement dans l’espace, déjà mis à rude épreuve).

Une déception : être passé à côté de Bank’s qui avait des trucs sympas à proposer, mais je n’ai su qu’après…

j’ai zappé ceux que je connaissais déjà : Rum Nation (du très bon voire de l’excellent dans leur ‘large’ gamme), Dictador (on aime ou on déteste), Plantation (du choix et de la qualité, facile d’accès et passe partout), Karukera (du tempérament mais dans le bon sens du terme), Pusser’s (le 15 ans en tête pour découvrir l’alambic mythique Port Mourant), les Fair Rum (facile et accessible mais pas assez fort).

photo de Vincent Bidault de Villiers


Bizarrement je n’ai pas zappé la table de Velier, poussé au crime par Jean Claude (encore lui). Je devais tout de même goûter ce blend Papalin (la légèreté des rhums cubains+ la rondeur des rhums solera du venezuala+la patate des caroni) : il fait plutôt bien son boulot pour un rhum à 40€ la bouteille. agréable en bouche et plutôt assez épais et franc. Pas évident de décortiquer la bête et de trouver les visages des différents rhums, à essayer plus tard (au repos et au calme). J’ai aussi pu approfondir sur les Clairins qui sont de réels ovnis gustatifs ; il manquait le Vaval mais était présent le Casimir et Sajous : unique en leur genre, végétal, herbacé, médicinal, iodé, frais (mentholé), capiteux, il faut goûter au moins une fois. J’ai souvent entendu lors du salon des gens demander ce qu’il y avait dedans, pensant systématiquement être devant une sorte de rhum blanc arrangé. En bouche c’est net, suave et délicat, sans réelle comparaison avec d’autres choses…déstabilisant et revigorant ! 🙂

Caroni était représenté par les deux blends : le 12 et 15 ans, et le nouvel embouteillage (en version heavy et fullprrof) de 17 ans : du Caroni net et franc, lourd et goudronné mais légèrement trop tannique comparé à d’autres. Puis les Demeraras… je vais essayer de passer vite dessus ou alors on va me reprocher de toucher des royalties ou quelque chose dans le genre 😀 .Ces rhums sont uniques et voués à une disparition certaine, profitez-en, éclatez-vous les papilles, carpe diem à haute valeur qualitative… c’était court non ? ah !

Mention spéciale -tout de même- au Port Mourant 97. Il m’a fait oublier mes déceptions du 93 (trop puissant pour moi), là on ressent le travail de l’alambic et son côté bois humide si séduisant. Enmore 95 et son côté si lourd et épais qui vous assommera à la première goutte est extraordinaire. Le Diamond 81 qui m’avait laissé quelques petites déceptions est très bien passé (ma note est déjà prête depuis un bail mais mon appréciation change). Le tout une fois de plus partagé avec l’ami Jean Claude. Grand absent parmi les bouteilles, le UF30E, épuisé depuis quelques temps maintenant mais qui reviendra (info de Luca Gargano himself). Lui aussi aurait fait un tabac dans l’audience.

photo de Gregory Stradivarius Noël

Ensuite direction les rhums Savanna à quelques mètres de là : 2 bouteilles attirent mon attention, 2 single cask de 7 ans, le premier agricole, le deuxième à base de mélasse. Le rhum agricole est vieilli en fût de cognac et affiné 1 an en fût de moscatel: la bouche est assez puissante et riche, vanillée et épicée (cannelle), légèrement amère. Le rhum de mélasse a le même âge, vieilli intégralement en fût de rhum, et affiche un impressionnant 64,5°: moelleux et assez facile pour 64° (à consommer tranquillement), bien épais en bouche et expressif, bel équilibre entre bois et épices, du fruité léger et un final très long et savoureux… Très sympa et à revoir d’urgence!

Juste à coté se trouvent les rhums New Grove de l’ile Maurice. J’en ai entendu beaucoup de bien avant le salon mais je n’avais pas encore goûté… une bonne occasion de rattraper le temps perdu avec un bon et surprenant Millésime 2004. un autre single barrel (fût unique) qui affiche un 49,9° mais qui en fait beaucoup moins : bien épicé et fruité, très suave, vraiment orienté épices et agrumes (muscade, clou de girofle, poivre, citron) ; soyeux en bouche et toujours fruité (fruit à chair blanche, pêche, abricot, et exotique) et un final tout aussi gourmand et charnelle…

 


 

Vient le dernier Pavillon : JUNGLE FEVER

C’est ici qu’ont lieu les animations (podium et petit espace masterclass, bar à cocktails/mixologie et restauration). Et quelques stands pour terminer la visite en beauté :

photo de Vincent Bidault de Villiers

Le premier propose les rhums Mezan et Doorly/Fourquare : beau choix, très complet dans les origines. Mezan propose de nouveaux embouteillages assez sympa dont un bon Jamaica XO assez marqué (végétal et fruité (banane/raisin), très frais). Je me laisse aussi tenter par un SixtySix de 12 ans (barbades), un cousin du Doorly (et de la même maison) plus expressif et puissant en bouche (sur les épices) ; une comparaison des deux en face à face serait assez intéressante.

La table d’à côté regroupe les « Rhums de Demain » avec comme digne représentant les liqueurs des iles Zwazo et son créateur Benoit Bail (le papa de La Confrérie du Rhum, accompagné de sa compagne pour l’occasion) ; Le moment parfait pour goûter les nouvelles macérations : mangue et ananas. Préférant la dégustation de ces breuvages plutôt fraichement, la recette avec de l’ananas était tout de même très concluante (malgré la chaleur du lieu c’est un exploit). Malgré les autres bouteilles présentées sur le stand, Zwazo éclipse la concurrence avec de la couleur et de belles bouteilles, un délice autant pour les yeux que pour les papilles.

Un autre stand zappé (peut être mal placé devrais-je dire pour me trouver des excuses) : le stand Longueteau… Il y avait pourtant de quoi faire mais la foule était TRÈS présente autour des quelques stands de ce Pavillon, impressionnant… je n’ai donc pas eu le privilège de goûter leur fameux XO, mais je ne désespère pas…

Il était donc plutôt difficile d’approcher leur voisin les Ti Rhums de Ced, que je m’étais pourtant promis d’essayer ; le stand était de toute beauté et les produits sûrement très bons. En tout cas, ça donnait envie, mais pas qu’à moi à priori 🙂

 

photo de Vincent Bidault de Villiers

Idem pour les rhums de la gamme L’Esprit, embouteillé par le caviste rennais Whisky & Rhum. Un succès mérité car il faut de l’audace pour se faire une place parmi les embouteilleurs indépendants (et Bristol juste à côté). Trois nouveaux rhums que j’ai déjà eu l’occasion de déguster et tous très bons. Avec toujours cette merveilleuse idée de proposer chacun de leur rhum en deux versions: à 46° et Brut de fû, l’occasion rêver (et unique) de pouvoir comparer le même nectar, mais de deux angles différents.

Bristol justement, à quelques mètres de là avec mister John Barrett en place pour l’occasion. Je ne me suis pas arrêté et pour cause : je connais déjà la gamme et je ne crois pas que des nouveautés étaient à l’ordre du jour. Mais une autre valeur sûre pour qui veut essayer des rhums différents (comme ceux du premier pavillon par exemple…).

HSE est l’avant-dernier stand de ce salon, bizarrement étriqué mais déjà présent dans un autre endroit du salon (vous vous souvenez le mr pas commode qui rechigne à servir?). Et là beaucoup de nouveautés forcément, avec des finitions à n’en plus finir et de la créativité (non sans rappeler l’indépendant écossais Renegade), et une très belle surprise : la finition Sauterne. Même si je dois avouer avoir profité de la présence de Jerry Gitany (de la boutique Christian de Montaguère à Paris), sans qui je n’aurais pas pu y goûter : une bouche très concentrée et ronde, sur fond de miel, de fruits secs, d’exotisme et d’agrumes légers et bercée par cette finition Sauterne qui arrondit considérablement le rhum pour lui donner une sorte de ligne flottante et réconfortante. Un très beau produit. La finition Islay est elle aussi intéressante, savant -et surprenant- mélange de notes fumées et fruitées, toujours avec cette rondeur en bouche et un final marqué par un boisé fumé/tourbé et épicé. J’ai dû ensuite laisser ma place car la foule était toujours très présente à cet endroit. A essayer plus tard : la finition Highland dont la description m’a plutôt mise l’eau à la bouche (menthe, amande et fruits exotiques).

photo de Vincent Bidault de Villiers

Et nous terminons ce tour d’horizon des stands avec Nine Leaves…

Un rhum en provenance du Japon ; Ce n’est pas le premier du genre mais celui ci est très surprenant, très plaisant et tellement onctueux/crémeux au nez comme au palais, d’une richesse aromatique impressionnante.

Une longue fermentation (4jours), une double distillation, et surtout une production confidentielle avec quelques milliers de litres produits par an. Voilà le travail d’un homme passionné qui sera à suivre ces prochaines années. Il existe un rhum blanc (Clear) et deux versions vieillies en fûts de chêne américain et français: le Nine Leaves Gold âgé entre 6 mois et 2 ans, et le Dark plus de 2 ans.

 


 

MASTER CLASSES / ANIMATIONS

 

Au delà des stands déjà nombreux, le salon Rhum Fest était aussi l’occasion de découvrir les autres facettes du rhums : la mixologie avec la présence de Tiki Bar et d’animations autour de cocktails et de différents sujets, et des master-classes avec quelques grands noms, venus pour l’occasion présenter leur marque en faisant déguster leur produits au public.

N’étant pas amateur de mixologie je ne peux pas en parler, mais le spectacle était en tout cas bien présent dans la salle.
Les animations sur un podium prévu pour l’occasion étaient sûrement intéressantes mais le brouhaha ambiant était assez désagréable (même si normal) et handicapant pour suivre le fil des discussions, surtout quand celles-ci étaient en anglais… dommage. Une salle à l’écart aurait été plus pertinente et sympathique, pour le public mais aussi pour les intervenants.

Les master-classes, elles, avaient lieu au fond de la salle dans une petite pièce d’une 20aine de places, toujours dans ce même brouhaha car tout juste séparé de claustras des autres stands et animations (qui avaient lieu au même moment). Mais la bonne idée réside dans la présence de casques audio pour permettre de suivre les débats plus sereinement : très agréable si ce n’est pour l’intervenant.

 


 

MASTER CLASS LUCA GARGANO

 

L’occasion pour moi de participer à l’intervention de Luca Gargano. Rencontré une demi-heure avant, il m’avouait n’avoir rien préparé et ignorer la nature de son intervention. Mais c’est sans compter sur le sens de l’improvisation et le franc parler du bonhomme! Et l’occasion pour la petite dizaine de personnes présentes de goûter à quelques bouteilles d’exception :

RhumRhum Blanc (56°), résultat de la coopération de Luca Gargano et Gian Capovilla : une très longue fermentation, une double distillation dans de petits alambics en cuivre en bain marie, des fûts de vieillissement de grands vins…un résultat époustouflant toujours agréable à (re)découvrir.

Vient le tour de la version vieillie du rhum précédent : le Liberation 2012 (59,8°), qui bluffe tout le monde et qui n’a pourtant que 4 ans et demi… Mr Gargano insiste sur la différence qu’apporte le vieillissement tropical des rhums et rappelle que pour lui l’âge idéal d’un rhum est de 6 ans.

Nous dégustons ensuite le Caroni 12 ans, l’occasion d’entendre l’histoire de la découverte de la distillerie abandonnée à l’époque, cachée dans les herbes hautes et dans un décors apocalyptique. Ce sont d’ailleurs les photos qui illustrent les bouteilles de Caroni. Et pour la petite histoire (et il y en a beaucoup avec ce grand monsieur), c’est Velier qui a déposé la marque Caroni qui était jusqu’alors disponible.

Luca demande alors à son assistante d’aller chercher une bouteille de Caroni 17 ans (63°) pour nous montrer la différence… Une puissance impressionnante et un vrai décalage avec le blend de 12 ans goûté juste avant.

Vient le moment des rhums Demerara en commençant par Enmore 1995 dont je ne peux dire que du bien (voir ma note sur ce site), le dernier rhum sorti de la distillerie Enmore avant le déménagement des alambics à Diamond. le Port Mourant 1997 suit de près, ça s’enchaine car le timing est serré et Luca veut faire découvrir tous ses rhums… le nez du PM est exceptionnel. Une note viendra sur celui-ci (et tant d’autres).

Et c’est le tour des Clairins -de vrais ovnis dans le monde du rhum- avec la dégustation croisée des bouteilles Casimir et Sajous. Luca revient sur le nombre impressionnant de distilleries à Haïti (plus de 500) où les villageois viennent remplir leur bidons directement à la source.

Un rhum artisanal par excellence sans un gramme de chimie, une fermentation naturelle de 8 jours et une distillation en colonne de 3, 4 plateaux où le rhum sort à 55°… « le sperme de la canne à sucre » comme il l’appelle (vous imaginez le fou rire général qui suit). Il nous raconte son projet de créer une AOC pour les Clairins, pour faire valoir le côté qualitatif du produit… une fierté pour les Haïtiens qui sont toujours bluffés de voir leur production mise en bouteille et vendue à l’internationale.

L’heure de cette master-class est déjà bien entamée et il faut faire place. Merci à Luca Gargano pour avoir une nouvelle fois su partager sa passion avec autant de coeur. Déguster autant de grands rhums en si peu de temps est un réel exploit et une chance inouïe (en plus d’être un challenge vu le degré des bouteilles). Une chance partagée par une petite dizaine de spectateurs, tant pis (et dommage) pour les autres, l’occasion était trop belle…

 


 

LE BILAN, TADAMMM…

 

[ Si vous lisez toujours ce compte rendu c’est que vous avez un sacré courage, merci et bravo! ]
Pour terminer, je souhaitai remercier les organisateurs et chaque petite main derrière ce salon Rhum Fest 2014. Ce n’est que le troisième salon du genre et il atteint déjà la perfection. On trouvera toujours à pinailler sur certains points mais le nombre d’exposants est phénoménal sans compter le nombre de produits proposé à la dégustation (quasiment tous). C’est à noter et à saluer, les exposants ont joué le jeu et de bien belle manière ; la famille des rhums étaient bien représentée et chacun aura pu déguster un beau panel pour une somme plus que correcte (25€ l’entrée).

Les master classes, comme autant de moments privilégiés entre les producteurs et les amateurs, étaient toutes gratuites et ouvertes au public, alors qu’elles sont très souvent payantes dans de nombreux autres salons de spiritueux… Espérons donc un salon Rhum Fest 2015 aussi bien et complet que celui-ci, et souhaitons lui encore plus de succès à l’avenir. Je ne me fais personnellement aucun souci là-dessus, et invite tout ceux qui ne connaitraient pas encore à venir l’année prochaine.

 

 

Comments
14 Responses to “Rhum Fest 2014, le bilan”
  1. jerry dit :

    Cyril, tout le plaisir était pour moi, j’aurais dû aussi te faire goûter la finition higland qui est aussi une réussite !

  2. RhumsTeq dit :

    La lecture de ton compte-rendu me rassure, je ne suis pas le seul à avoir zappé tel ou tel pavillon ! J’ai quand même réussi l’exploit de ne pas aller voir le pavillon de LMDW et du coup je cherche encore où l’on pouvait bien trouver les rhums Velier, Rhum Rhum et Plantation … Grrrr !
    Je me suis vengé en achetant une bouteille de Libération 2010 (la seule bouteille Rhum Rhum qui restait disponible). Je n’ai pas encore eu l’occasion d’y goûter, mais je reviendrais te dire ce que j’en pense.
    J’ai goûté par curiosité le rhum Don Papa et tu fais bien de parler de liqueur ! J’allongerais un peu de Pisang Ambon avec du rhum, pas sûr que quiconque y verrait une grande différence (j’exagère, mais …).
    Par contre j’ai pu goûter les rhums Demerara, appréciant particulièrement le Port Mourant 1997. Il y avait également de belles surprises chez Mezan.
    Ce fut également pour moi l’occasion de goûter enfin l’El Dorado 21 ans d’âge : Les conditions n’étaient peut-être pas les bonnes (en fin de salon) mais je dois dire qu’à priori je lui préfère son petit frère le 15 ans d’âge qui reste pour moi MON El Dorado 😉

    • cyril dit :

      Merci pour ton compte rendu 😉
      LMDW, Il fallait pas le manquer celui la, dommage. Beaucoup de trucs très sympas en peu de place.

      Le El Dorado 21 aurait surement été meilleur avec plus de repos, mais la ce n’est pas très compatible avec les salons… Et puis beaucoup lui préfère son 15ans 🙂

  3. Cyril dit :

    Merci pour ce compte-rendu qui fait particulièrement envie….Promis, le rhum, demain, j’arrête ! 😉
    Mais à cause de toi, maintenant, ça va être difficile de résister au Port Mourant 97, au Liberation 2012, au Dzama 15 ans (il vaut à ce point ses 200€ ?), j’en passe et des meilleurs ! 😉 Bon, allez, je me donne jusqu’à après-demain ! 😉

    • cyril dit :

      haha, il faut arrêter avant qu’il ne soit trop tard !
      le mieux reste encore de les gouter avant, mais là ta seule option est de trouver un caviste spécialisé qui propose des dégustations. Donc il faut passer par paris et les 2 énormes boutiques spécialisées…

      le Dzama, je re gouterai avant d’acheter, même si le prix peut paraitre assez cher c’est vrai (il doit s’agir d’une édition plutot limitée je pense)

  4. Cyril dit :

    Alors je crains qu’il ne soit trop tard 😉 Inutile de lutter 😉
    Sinon, à l’occasion d’un WE sur Paris, je suis effectivement passé en début d’année chez DuRhum et j’en suis bien évidemment sorti après quelques dégustations et quelques achats. Forcément. 😉
    En attendant je (on) compte sur ton abnégation (on sent bien qu’il a dû en falloir par exemple à ce Rhumfest 😉 pour nous guider…
    A ce propos, retrouve-t-on le côté goudronneux/bitumeux d’un Caroni (que perso je n’apprécie pas) chez le Port Mourant 97 et le Liberation 2012 ?
    Merci 😉

    • cyril dit :

      chez DuRhum ?! je ne suis pas une boutique 😉
      Christian de Montaguere et A’Rhum sont LES deux boutiques spécialisées

      Et pas de touches de goudron dans le Liberation 2012 ni le Port Mourant 97

  5. Cyril dit :

    Oui. A’Rhum. Tu vois, tu as une très mauvaise influence sur moi ! 😉
    Merci pr les précisions concernant le Liberation et le Port Mourant.

  6. Nicolas dit :

    Bravo Cyril pour cette balade dans le salon.

    Un vrai plaisir de te voir raconter tes découvertes et tes commentaires (les positifs ou les négatifs) sur certaines maisons!

    En tout cas ma curiosité est attisée pour beaucoup de rhums!!

  7. Thomas dit :

    Le UF30E va revenir en stock? Meilleure nouvelle de la journée!! J’étais dégouté de ne pas avoir pu en acheter…Il est maintenant introuvable.

    Merci pour ces superbes articles!

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